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Partir en expatriation avec ses enfants, oui…mais à quel âge ?

le déménagement d'un enfant en expatriation n'est pas anodin en fonction de son âgele déménagement d'un enfant en expatriation n'est pas anodin en fonction de son âge
Écrit par Capucine Canonne
Publié le 12 février 2023, mis à jour le 17 juillet 2023

 

L’opportunité de vivre à l’étranger… cela en fait rêver plus d’un. Mais, lorsque l’on a des enfants, quel est le meilleur moment pour l’envisager ? Lepetitjournal.com a creusé la question, à travers des témoignages de parents du monde entier, en prenant en compte les avantages et les difficultés de chaque tranche d’âge…

 

Au 1er janvier 2023, le nombre d’inscrits au Registre des Français établis hors de France s’élève à 1 683 915, selon le ministère des Affaires étrangères. Parmi eux, 25% ont moins de 18 ans. 421.000 bébés, enfants ou adolescents français vivent officiellement à l’étranger en 2023. Par ailleurs, en 2020 et 2021, un observatoire de l’expatriation a établi qu’environ deux tiers des Français de l’étranger ont des enfants. Si l’expatriation en famille semble être une tendance majoritaire, quel est le moment idéal pour la vivre ? 

 

Grossesse et 0 à 1 an : Vivre une expatriation tout en devenant parents 

Vous avez décidé de partir en expatriation et vous attendez un heureux évènement ? Vous tombez enceinte lors de votre expatriation ? Un changement au cours d’un autre…Toutes nos félicitations et bravo pour votre courage. N’oubliez pas de déclarer votre grossesse (à la Sécurité sociale ou la CFE). Passés les détails administratifs, la question posée ici est « est ce que l’expatriation est un bon moment pour avoir un enfant ? ». La variable du pays est importante car – on ne vous apprend rien – vivre une grossesse et un postpartum sereins est essentiel. Certaines conditions d’expatriation peuvent être (trop) difficiles, comme cela a été le cas d’Alice et son bébé. Une grossesse loin de chez soi, dans une langue et avec des pratiques médicales qui ne sont pas les nôtres, mérite forcément plus de réflexion et de conseils. Pas de secret donc, il faut se renseigner sur les conditions d’expatriation et de grossesse en lisant des témoignages, auprès des services de santé ou des expatriés qui ont déjà accouché sur place. A titre d’exemple, voici quelques recommandations pour vivre sa grossesse en Inde

 

une femme enceinte dessinée sur une feuille blanche

 

Alors, est-ce le bon moment pour vivre son expatriation pleinement ? Même si votre vie bascule à l’autre bout du monde, vivez l’expérience comme un moment merveilleux et une grande fierté. Voyez-y une occasion de renforcer la communication, à l’image de Nadia, une future maman en Corée du Sud qui nous confie que les liens avec sa maman se sont considérablement renforcés, à coups de facetime et de whatsapp. Autres avantages une fois rentrés chez vous avec bébé : de l’espace et de l’aide abordables que vous n’auriez peut-être pas eu en France… 

 

0 à 10 ans : L’expatriation avec des jeunes enfants 

Selon Caroline, maman expatriée depuis plusieurs années, le meilleur moment pour s’expatrier avec des enfants est lorsque ces derniers ont entre 0 et 6 ans : « c’est plus facile de leur faire changer de vie. Ils ne sont pas trop attachés à des copains, il n’y a pas encore d’enjeux au niveau de l’école, et ce qui compte le plus pour eux est d’être avec papa-maman. ». Marion, qui rentre en France après 12 ans de vie à l’étranger, confirme : « Nous sommes partis en expat à 2, nous avons eu nos 3 enfants. Les enfants s'imprègnent tellement, de la langue, des odeurs, des bruits, de la culture, des goûts et surtout des différences ! Ça reste en eux, de façon moins "intellectualisée" certes, mais cela reste, surtout si l'expatriation dure après 7 ans. ». L’âge de 7 ans d’ailleurs, attardons nous-y. Selon une étude menée par la sociologue Kate Mace, relayée par FemmExpatun enfant de cet âge découvre le monde qui l’entoure et les liens sociaux possibles. Il est plus sensible par la transformation de son cadre de vie, l’éloignement et la perte des personnes qui comptent pour lui. Le changer d’école, d’amis ou de langue peut s’avérer difficile. Si cela reste une théorie, il est important d’impliquer activement les enfants de 5 à 10 ans dans le projet d’expatriation.

 

des dessins d'enfants dans le monde

 

Ingrid, maman expatriée au Canada, pense que le meilleur âge est celui juste avant le secondaire, à 9 ou 10 ans : « Encore enthousiastes, ils ne sont pas encore engagés dans un programme scolaire particulier donc c’est plus simple pour les équivalences. Ils se souviendront de tout et cela va modifier leurs perceptions du monde pour toujours. »

Existe-t-il des régions ou des pays plus propices pour des jeunes enfants ? Difficile de répondre à cette question mais il est important de prendre particulièrement en compte les conditions de santé (pollution, hygiène, accès aux soins…), de sécurité et les solutions de garde (prix, places disponibles…).

 

10 à 17 ans : S’expatrier avec des adolescents qui se découvrent

En lisant les témoignages que nous avons reçus, s’expatrier au moment de l’adolescence semble une question mitigée. Pour Marie, dont les enfants sont passés par tous les âges en expatriation, « des adolescents peuvent apprendre beaucoup d'une expérience d'expat. Ils apprennent notamment à s'adapter à s'ouvrir aux autres, au moment où bien souvent leur monde se ferme… tout cela s'ils sont bien accompagnés. ». La variable du pays rentre en compte, comme l'explique Catherine, maman expatriée puis une vingtaine d’années : « certaines destinations conviennent mieux à certains âges. Par exemple, Chypre était parfait avec de jeunes enfants mais les adolescents s’ennuyaient, avec des effectifs réduits à l’école. Au Viêt Nam en revanche, j'ai trouvé que la destination se prêtait mieux à des enfants plus grands, avec lesquels nous pouvions voyager et qui pouvaient apprécier ces découvertes culturelles. ». 

 

Un adolescent expatrié réalise un dessin sur le sol

 

Mais l’adolescence reste une période de la vie sensible. Le corps change et le travail hormonal s’intensifie. Les interrogations d’identité et d’estime de soi se multiplient. Le rapport aux autres change aussi. Alors, lorsque l’adolescent de 13 ans (un âge pivot important, selon l’étude relayée par Magdalena, psychologue-coach), qui cherche à se détacher de ses parents doit, au contraire, être dépendant de ces derniers au début d’une expatriation…c’est compliqué. Joan, déjà en expatriation au moment où ses enfants sont entrés dans l’adolescence observe aussi « qu’ils manifestent moins d’intérêt pour les aventures et les découvertes en famille. Les enjeux scolaires commencent à se profiler. Bref ça se complique… ». Soyez prévenus et attentifs. 

 

17 et 18 ans : L’enfant expatrié s’émancipe et se responsabilise

Vous avez l' opportunité de vous expatrier alors que votre enfant est sur le point de commencer ses études, ou vous êtes expatrié et votre enfant termine le lycée. La poursuite de la scolarité va entraîner une séparation à caractère international. On parle même d’une « émancipation précoce » à 17 ou 18 ans. Cette étape de vie concerne aussi bien le jeune que les parents. Premier cas de figure, vous commencez votre expatriation avec votre enfant qui, un ou deux ans plus tard, poursuivra ses études ailleurs. La situation permet de se préparer doucement et en famille à cette émancipation : discuter de l’organisation, de l’indépendance, de la distance, des besoins et des envies. Il faut être particulièrement vigilant sur la notion de responsabilité à laquelle le jeune va faire face. Autre cas de figure, vous êtes expatriés depuis plusieurs années et le moment est venu pour votre enfant de poursuivre ses études en France ou dans un autre pays. Immense avantage : son bagage culturel (on parle souvent d”enfant de la troisième culture”), mais aussi ses apprentissages, son ouverture d’esprit et sa tolérance qu’il a appris tout au long de son et ses différentes expatriations. Une préparation à la séparation et aux nouvelles responsabilités est tout aussi nécessaire, tout comme prendre conscience que votre progéniture veut aller de l’avant. Catherine témoigne qu’après une quinzaine d'années à changer de pays tous les 3 ans en moyenne, ses enfants “aspiraient à pouvoir construire des amitiés sur la durée. ». 

 

un étudiant expatrié s'apprête à faire ses études à l'étranger

 

Alors, y a-t-il un âge idéal des enfants pour s’expatrier ? Même si, avec toute la bonne volonté du monde, les parents ne pourront pas satisfaire tout le monde (surtout si la famille est nombreuse et les caractères très différents), s’expatrier avec des enfants est une expérience familiale enrichissante.

 

Et finalement, comme le précise Loe Lima, ancienne expatriée aux Etats-Unis et en Inde : « quand on est vraiment motivés et prêts, avec un couple solide (si couple il y a), l’âge des enfants n'est pas le facteur déterminant de la réussite d'une expatriation ».