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Le casse-tête de la coparentalité en expatriation

La coparentalité en expatriation est parfois difficile La coparentalité en expatriation est parfois difficile
Écrit par Capucine Canonne
Publié le 15 janvier 2023, mis à jour le 16 janvier 2023

 

Sans être une généralité, la coparentalité - c’est-à-dire le partage des droits et des responsabilités des parents auprès des enfants - en expatriation peut être un véritable casse-tête, à l’image de la situation d’Anne*. Mais comment vivre cette situation le mieux possible ?  

 

Anne vit actuellement dans un pays d’Europe*. Elle est séparée de son conjoint qui vit, lui, en France. Mais surtout, elle est séparée de son petit garçon Eric* depuis plusieurs semaines maintenant. « Un cauchemar » répond-t-elle lorsque nous lui demandons de nous parler de sa coparentalité… Après une séparation houleuse, Anne vit une garde alternée compliquée en France pendant deux ans. En acceptant un emploi en Europe centrale, elle est loin d’imaginer ce qui l’attend…

 

Une coparentalité impossible au-delà des frontières 

« J’étais persuadée que mon ex-conjoint allait me laisser partir avec notre fils, d’abord parce que la vie à l’étranger est une belle opportunité, et parce que la garde alternée était une contrainte pour lui » se souvient Anne lorsqu’elle se voit proposer un emploi en Europe, à 2h d’avion de France. Mais la discussion est difficile. Elle propose une médiation, qu’il accepte. « Il cherchait à gagner du temps en réalité. Nous ne sommes pas parvenus à un accord, et il s’est mis dans une position de combat. » 

 

cassure de lla coparentalité

 

Ayant obtenu la garde, Anne s’installe en Europe centrale avec Eric. Le jeune garçon se plaît « ”je ne veux pas partir d'ici maman” Ça ne s’invente pas à cet âge-là… » raconte la maman. Elle accompagne son fils en France pour passer les vacances scolaires  avec son père. Un jour, lors d’un weekend de visite en Europe centrale, son ex-conjoint ne lui ramène pas Eric. Anne n’arrive pas à les joindre, appelle la police. Son ex-conjoint décroche enfin : « Où êtes-vous ? » « En France. ». 

 

Envisager d’abandonner l'expatriation

La procédure se relance. Anne attend que leur situation de coparentalité soit réévaluée. Le jugement sera rendu cet été : Qui aura la garde ? Où vivra Eric ? Quels seront les droits de chacun ? Aujourd’hui, Anne vit loin de son petit garçon qui a été re-scolarisé en France. L’appel téléphonique est presque son seul lien. Elle possède un droit de visite d’un weekend sur deux mais le voyage coûte trop cher et le temps passé avec son fils trop court… Alors elle profite de lui pendant toutes les vacances : « J’ai demandé à mon fils s’il souhaitait que je rentre en France, il m’a dit qu’il voulait qu’on garde la maison à l’étranger. J’ai espoir qu’il revienne vivre avec moi. Je ne pense pas trouver une solution avec mon ex. Il y a eu une cassure. Seul un juge peut débloquer notre coparentalité. »

 

décision du juge des familles de la coparentalité

 

Le conseil qu’Anne aurait aimé avoir : réaliser un plan de coparentalité

Lorsque nous demandons à Anne si elle a un conseil sur la coparentalité au-delà des frontières, elle répond presque immédiatement : « le plan de coparentalité ! J’aurais aimé qu’on m’en parle au moment de notre séparation… ». Encore peu évoqué, le plan de coparentalité est un contrat co-écrit par les parents, pourquoi pas à l’aide d’un médiateur. Le but est de définir le plus précisément possible la manière dont ces derniers souhaitent que les enfants soient éduqués dans chacun des nouveaux foyers. Dans le cas d’une expatriation en cours ou à venir, cet accord permet de poser un cadre sécurisé pour assurer le bien-être des enfants et permettre une communication solide à distance. Le prisme de l’expatriation accentue l'importance d’une telle démarche, dans la mesure où le lieu de résidence des enfants peut être à l’étranger.  

Les règles à y établir concernent l’éducation, mais pas seulement : les soins des enfants, le rôle des personnes extérieures, les activités, les loisirs, les conditions de voyage et les cas d’urgence doivent être spécifiés. Avec son expérience personnelle, Anne suggère même d’aller encore plus loin : « Je me rends compte qu’il faut aller dans le moindre détail si on réalise un plan de coparentalité : les conditions de la garde alternée, les trajets entre les logements, les lieux de rencontre, les conditions des coups de téléphone… Et tout cela, au moment de la séparation, pas quand le conflit est installé ! » regrette-t-elle.

 

le contrat de coparentalité est très important

 

Des solutions pour résoudre une coparentalité difficile 

Pour résoudre une situation comme celle que vit Anne, deux approches pourraient s’envisager : 

  • La solution juridique, où un juge des affaires familiales règle les questions de l’intérêt de l’enfant et de la coparentalité, en s’appuyant sur des expertises psychologiques et les lois.
  • La solution de la médiation familiale, où un médiateur va mettre en place des outils concrets de communication et de prise de conscience des intérêts de l’enfant et des coparents. 

Aujourd’hui, Anne refuse la médiation car, pour elle, il est trop tard. Elle choisit de prendre du recul pour se préserver, sans pour autant mettre son fils de côté et profiter au maximum des moments avec lui. En attendant la (dernière ?) décision du juge des affaires familiales…

 

* les prénoms ont été changés et le pays d’expatriation n’est volontairement pas mentionné