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OIF : La francophonie est une vision du monde et des solutions

Patricia Herdt, représentante permanente adjointe de l'Organisation Internationale de la Francophonie auprès des Nations UniesPatricia Herdt, représentante permanente adjointe de l'Organisation Internationale de la Francophonie auprès des Nations Unies
Patricia Herdt
Écrit par Julie Sicot
Publié le 17 mars 2021, mis à jour le 7 avril 2021

Depuis plus de 50 ans, l'Organisation Internationale de la Francophonie participe à la promotion de la langue française mais défend aussi la paix, l'éducation et la diversité auprès de l'ONU. Patricia Herdt, représentante permanente adjointe de l'organisation auprès des Nations Unies, a répondu aux questions de lepetitjournal.com.

 

Lepetitjournal.com New York : Pouvez-vous nous rappeler tout d'abord ce qu'est la francophonie ?

Patricia Herdt : C'est une idée reçue de croire que ce n'est que la langue, même si on considère évidemment que la langue fait le lien entre tous les pays. A l'OIF, nous avons 4 missions principales : la promotion du français tout d'abord. Mais aussi une mission politique, de défense de la paix, de la démocratie et des droits de l'homme. Nous travaillons aussi sur l'éducation, la formation, la recherche. Et puis nous nous intéressons également au développement durable.

 

Quand a été créée l'OIF ?

L’OIF est née en mars 1970. On pense que l'OIF a été créée par la France, mais c'est faux, les pères fondateurs sont africains et cambodgiens. Il s'agit de Léopold Sédar Senghor du Sénégal, Hamani Diori du Niger, Habib Bourguiba de la Tunisie et du Prince Norodom Sihanouk du Cambodge. Ils ont créé ce qui était d'abord une agence de coopération culturelle et technique au Niger en 1970. Après la colonisation, ils ont vu dans cette langue commune, un formidable vecteur de coopération et de solidarité entre les États. De 21 pays en 1970, nous sommes passés à 88 aujourd'hui. Il y a toujours de nouveaux candidats qui postulent pour intégrer l'OIF. Lors du dernier sommet en Arménie en 2018, nous avons intégré pour la première fois un état fédéré américain : la Louisiane.

 

Il y aurait 300 millions de locuteurs dans le monde

 

Combien de francophones y a-t-il dans le monde ?

Notre bureau à Paris a mis en place un observatoire. Tous les ans, il mesure le nombre de locuteurs, et celui-ci est en constante augmentation. Il y aurait 300 millions de locuteurs dans le monde, et selon les prévisions démographiques, cela devrait augmenter. La plus grosse partie des locuteurs se trouve en Afrique. Aux Etats-Unis, il y a aussi un bassin de francophones, et plus précisément à New York où ils seraient environ 100 000 locuteurs.

 

C'est un vrai enjeu pour la démocratie internationale que de favoriser le multilinguisme

 

Comment la francophonie est perçue à l'ONU ?

Le français fait partie des six langues officielles des Nations Unies et des deux langues de travail avec l'anglais. Mais nous ressentons aujourd'hui une érosion du multilinguisme. Les Nations Unies ont tendance à penser en anglais. Et la langue, ce n'est pas seulement un outil de communication, c'est aussi une vision du monde et surtout des solutions. Les recrutements au sein des Nations Unies sont souvent faits en anglais, il faudrait intégrer plus de diversité dans les langues. Aujourd'hui, la tendance est de produire beaucoup et toujours en anglais. C'est un peu choisir la facilité. C'est un vrai enjeu pour la démocratie internationale que de favoriser le multilinguisme.

 

Y'a-t-il des dangers à cette tendance ?

Moins l'ONU sera représentative de toute sa richesse en termes de diversité culturelle et linguistique, moins elle sera pertinente et plus les États vont se désengager. Pour revitaliser le multilatéralisme, il faut revitaliser le respect de la diversité linguistique dans le fonctionnement de l'organisation. Le secrétaire général de l'ONU actuel, Antonio Guterres, a lancé une réforme institutionnelle. Le moment est propice pour remettre sur la table ces enjeux de diversité linguistique notamment. On est en plein travail avec les Nations Unies pour produire des recommandations et mobiliser les Etats membres parce que rien ne changera sans leur volonté. Aujourd'hui, nous plaidons pour le multilinguisme et pas seulement pour le français.

 

Faites-vous vivre aussi la francophonie à New York ?

Ce n'est pas notre mission principale, mais nous menons des projets culturels. Nous soutenons le festival des Cinq Continents, qui fait se rencontrer des auteurs francophones. On essaie d'attirer un public américain à ces évènements. Nous travaillons aussi avec le barreau de New York et nous allons présenter notre travail dans les écoles. Et les américains ont bien compris l'intérêt pour leurs enfants d'apprendre une autre langue.

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