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MULTILINGUISME – Journée internationale de la langue maternelle

Écrit par Lepetitjournal Munich
Publié le 20 février 2017, mis à jour le 21 février 2017

 

Ce 21 février 2017 est la Journée Internationale de la langue maternelle. Le thème de cette année est "Vers des avenirs durables grâce à l'éducation multilingue".

Histoire

La Journée Internationale de la langue maternelle a été créée en 1999 par l'UNESCO. Cette journée prend place tous les 21 février.

Cette date n'a pas été choisie au hasard. Le 21 février 1952, cinq étudiants de l'université de Dhaka, au Bangladesh (ancien Pakistan Oriental), se faisaient tuer par la milice pakistanaise. Leur crime ? Vouloir faire reconnaître le Bengali comme langue officielle du Pakistan Oriental. A l'époque, le gouvernement pakistanais avait fait de l'ourdou la langue officielle alors que 95% de la population du Pakistan Oriental parlait le Bengali. Cette manifestation a été désignée comme le "Mouvement pour la Langue", précurseur de la révolte ayant mené à l'indépendance du Bangladesh vis-à-vis du Pakistan. Le Bengali a finalement été déclaré langue officielle en 1956.

Objectifs de cette journée

Cette journée est célébrée depuis l'an 2.000. La Journée Internationale de la langue maternelle a pour objectif de promouvoir le multilinguisme et le multiculturalisme. L'événement est également soutenu par l'ONU afin de sauvegarder les diversités linguistiques en tant que patrimoine de l'humanité.

Le multilinguisme, vecteur de disparités sociales ?

Chaque année, un thème spécifique associé à la langue est mis à l'honneur. Cette année, le thème intéressera particulièrement les expatriés dont les enfants sont immergés dans la langue de leur pays d'accueil. Le thème est "Vers des avenirs durables grâce à l'éducation multilingue".

Par "éducation multilingue", il est surtout envisagé de donner une place dans l'enseignement aux dialectes et langages minoritaires. Selon le rapport mondial sur le suivi sur l'éducation, l'enseignement dans une langue différente de la langue maternelle a un impact négatif sur l'apprentissage. "Dans la plupart des pays multilingues, beaucoup d'enfants reçoivent un enseignement et sont évalués dans une langue qu'ils ne parlent pas chez eux, ce qui les empêche d'acquérir rapidement les compétences alphabétiques requises."

Ces difficultés sont exacerbées dans les pays les plus pauvres connaissant une grande diversité linguistique en raison de l'existence de dialectes. Il s'agit notamment du Guatemala, Iran ou de la Côte d'Ivoire. Dans ces Etats, une langue dominante s'impose aux autres et creuse le fossé social.

Une politique d'enseignement bilingue (langue dominante-dialecte) a pour effet de favoriser l'apprentissage des bases fondamentales (lecture, calcul, écriture). C'est notamment le cas au Cambodge.

Les enjeux du multilinguisme face aux flux migratoires

Le rapport pose les bases des questions auxquelles les politiques nationales doivent ou devront faire face en raison des importants flux migratoires de ces dernières années.

Il met en exergue la marginalisation qu'une langue peut créer, menant à la création de minorité au sein d'un Etat. Selon le document de référence du rapport mondial de suivi sur l'éducation, "toute décision concernant la langue d'enseignement […]  est […] potentiellement un facteur de division politique" dans les pays ayant une importante diversité linguistique.

Recommandations

La connaissance d'une langue maternelle différente de la langue majoritaire est généralement vue comme une difficulté d'apprentissage par le corps enseignant et comme un frein à l'intégration par les autorités. Ce constat doit être modifié.

L'UNESCO plaide pour le développement du bilinguisme. Elle recommande que les enseignants soient formés de façon à prendre correctement en charge des classes multilingues. La mise en place de programmes de rattrapage accélérés, dispensés dans la langue maternelle de l'enfant, est une solution pour combler le retard d'apprentissage lié au bilinguisme.

De plus, il semble que l'option la plus efficace soit d'intégrer une seconde langue de façon progressive : "les politiques les plus efficaces en matière d'enseignement des langues sont celles qui préconisent d'utiliser la première langue de l'enfant […] au cours des premières années d'école et d'introduire parallèlement une deuxième langue."

En Allemagne et en Bavière

Le bureau fédéral pour la migration recommande aux familles non-germanophones d'inscrire leur enfant dans une crèche ou, à parti de trois ans, à la maternelle afin de favoriser l'apprentissage de la langue avant l'entrée à l'école à l'âge de six ans.

Un test de langue est organisé vers l'âge de quatre ans afin de déterminer les besoins spécifiques de chaque enfant. Il n'est malheureusement pas appliqué de la même façon dans tous les Lander. A Berlin, tous les enfants sont testés. En Rhénanie-Palatinat, seuls les enfants n'allant pas à l'école maternelle font l'objet de ce test.

En Bavière, sont testés exclusivement les enfants dont aucun des parents n'est germanophone. Le test a lieu au début de la dernière année de maternelle. En cas d'échec à ce test, les enfants auront alors des cours d'allemand qualifiés de « préparatoires » (Vorkurs) pendant la dernière année de maternelle.

Anne Beckers (Lepetitjournal.com/munich), mardi 21 février 2017

lepetitjournal.com munich
Publié le 20 février 2017, mis à jour le 21 février 2017

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