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En Bavière, un crucifix dans chaque bâtiment public 

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CP : @Pexels
Écrit par Adrien Filoche
Publié le 1 juin 2018, mis à jour le 18 octobre 2018

L’État de Bavière assume son ancrage conservateur. Sous la houlette de Markus Söder, son dirigeant, le Land impose depuis vendredi un crucifix dans les halls d'entrée de tous ses bâtiments publics. La mesure divise, jusqu’à l’intérieur des rangs catholiques. 

Une croix arborée sur tous les bâtiments publics de Bavière. La mesure, annoncée le 24 avril, avait fait un tollé général. Choix assumé par les conservateurs de la CSU qui dirigent cette région du sud de l'Allemagne, la décision est entrée en vigueur vendredi 1er juin. 

Installer des crucifix, c’est ‘’reconnaître une identité’’ et ‘’l’expression d’une empreinte historique et culturelle’’, justifie le ministre-président de Bavière, Markus Söder. Conservateur converti, le président de la région s'était déjà distingué il y a quelques semaines en déclarant que "l'islam ne faisait pas partie de l'Allemagne". À quelques mois des élections régionales en Bavière, programmées le 14 octobre prochain, et compte tenue de la poussée incessante de l’AfD (extrême droite allemande), la mesure apparaît plus comme un calcul politique qu’une injonction divine. 

 

Une décision qui agite même les catholiques

L’initiative heurte évidemment les laïques bavarois, qui voient ici une intrusion de la religion dans le domaine public. Mais plus étonnant -ou non- de nombreux catholiques, à l’instar de l'archevêque de Munich, Reinhard Marx, sont montés au créneau. Ce dernier accuse Markus Söder de "diviser, d'agiter et de monter les gens les uns contre les autres. Ce n'est pas à l'État de donner son interprétation des symboles religieux".

"Le symbole primordial du christianisme est instrumentalisé et abusé en tant que symbole d’exclusion", ont ajouté dans un communiqué commun les responsables de la Fédération de la jeunesse catholique allemande bavaroise (BDKJ) et de la Jeunesse évangélique de Bavière (EJB). 

Aiman Mazyek, président du conseil central des musulmans, prolonge les critiques. "Nous, les musulmans, n'avons aucun problème avec la croix" mais "la neutralité de l'État devrait toujours être respectée", (agence de presse DPA).

Une pétition lancée par les Jeunes libéraux de Bavière, mouvement de jeunesse du Parti libéral-démocrate, a d'ores et déjà rassemblé plus de 55.000 signataires, tandis qu’à Munich, on fait déjà savoir que personne ne contrôlera l'application de l'arrêté. ’’Ce décret ne correspond pas du tout à l’esprit de notre maison’’, a martelé la porte-parole du Musée des Cinq Continents de Munich. ‘’Nous ne voulons privilégier personne. Nous le faisons d’ailleurs déjà un peu : un bouddha accueille à l’entrée nos visiteurs depuis 1926’’, ironise-t-elle. 

 

Le principe de laïcité made in Germany 

La Loi fondamentale de 1949 (Grundgesetz) fait état de la neutralité des institutions étatiques, fédérales et régionales, mais confère aux Églises catholique et protestante, ainsi qu’à la communauté juive, un statut de ‘’corporation de bien public'‘. Autrement dit, il existe une sorte de partenariat entre l’État allemand et les Églises. C’est par exemple pour cela que la théologie est considérée comme une discipline à part entière dans les universités publiques allemandes et vise, entre autres, à former des enseignants. 

Par ailleurs, la constitution allemande ne parle pas directement et explicitement de séparation entre les Églises et l’État, même si l’article 140 ne laisse aucune incertitude : ‘’il n’y a pas d’Église d’État’’. Toujours est-il qu’outre-Rhin, le rapport à la laïcité est très différent en comparaison avec la vision française. Une divergence qui en étonne certains, et en rassure d’autres. 

 

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Publié le 1 juin 2018, mis à jour le 18 octobre 2018

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