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La française Julia Rajacic, ouvre sa première galerie d’art à Milan

portrait de Julia Rajacic portrait de Julia Rajacic
Julia Rajacic dans sa galerie Jardino
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 13 mai 2021, mis à jour le 14 mai 2021

Commissaire d’exposition et critique d’art, Julia Rajacic inaugure sa galerie et son exposition ce samedi 15 mai. La franco-serbe a choisi Milan pour créer ce projet : un cocon de nature où règne la sérénité, destiné à décupler l’expérience esthétique.

 

En tant que commissaire d’exposition et critique d’art, quelles sont les raisons qui vous ont conduit à quitter Paris pour venir vous installer à Milan ?

Je suis franco-serbe, sans origine italienne donc, mais j’entretiens une passion pour l’Italie depuis mon enfance. Mon attrait pour ce pays résulte peut-être de ma double culture. Lorsque l’on a une double origine, on se sent toujours un peu « entre-deux ». L’Italie est finalement devenue ma troisième nation, un lieu neutre sans aucune comparaison, où je me sens simplement bien. Le pays est en outre parfaitement située géographiquement, entre la France et la Serbie !
J’ai commencé par poser mes valises progressivement il y a cinq ans, puis de manière stable en 2018. J’étais alors commissaire d’exposition indépendante, et donc flexible quant à mes déplacements. Je profitais de la dolce vita italienne tout en menant mes projets en France et en Serbie où je travaillais notamment avec le réseau de la diplomatie culturel local (l’Institut français et l’Istituto delle culture italiano).

 

Pourquoi avoir fait le choix de Milan ?

C’était d’abord lié à mes contacts personnels sur place. Je rêvais d’Italie, pas forcément de Milan. Je ne pensais d’ailleurs pas y rester, mais la ville m’a séduite dans son ensemble. J’habitais à Paris, j’ai aussi vécu à New York, des villes qui imposent d’être en extase permanente, notamment devant la beauté de l’architecture. Milan donne une pause. Elle n’offre pas une beauté évidente, et cela me permet de prendre du temps pour développer plus de choses intérieurement. Au-delà de cette caractéristique subjective, j’apprécie le côté international de Milan, sans compter la qualité de vie qu’elle offre grâce à sa situation géographique exceptionnelle, à proximité des Alpes, des lacs et des villes d’art.

 

Et c’est aussi à Milan que vous avez choisi d’ouvrir votre première galerie d’art !

La volonté de changer ma manière de travailler me titillait. Jusqu’à hier, je collaborais avec une institution, je montais l’exposition, puis je repartais. Je souhaitais m’intégrer dans un territoire, au niveau local. Le Covid m’a aidé à me poser les bonnes questions, et les périodes de confinement à maturer mon projet.

 

Vous avez appelé votre galerie « Jardino ». Pouvez-vous nous raconter cet espace ?

Je ne sais pas exactement comment le définir, même si la galerie est sûrement ce qui s’en rapproche le plus. Comme en témoigne le nom, Jardino, l’idée est d’allier art, nature et convivialité. Et le lieu s’y prête parfaitement. Situé dans le quartier Adriano près du canal de la Martesana, il s’agit de l’endroit le plus bucolique de Milan, un quartier en transition avec de formidables nouveaux lieux de vie. La galerie est installée à l’intérieur d’un ancien complexe industriel qui a fait l’objet d’un important projet de requalification post-industriel. Aussi, l’architecture est telle, qu’elle recrée une sorte de jardin suspendu, un véritable cocon de nature.
Je suis convaincue que la sérénité offerte par le contact avec la nature permet de décupler l’expérience esthétique. C’est aussi un endroit où on peut prendre le temps de s’assoir. Je veux que ce soit un lieu d’échanges entre artistes, amateurs d’art et collectionneurs, car les discussions sont fondamentales dans le monde de l’art. Au final, j’ai voulu créer la galerie où j’aimerais être invitée !

 

Photographie d'art contemporain
Photographie d'Alessandra e Francesca Oro _Io sono noi

 

Intĭm ~ us, verso nuove vie di connessione, est la première exposition qui inaugure votre galerie d’art. Racontez-nous.

Le projet est né il y a un peu plus d’un an, sûrement en réaction au contexte sanitaire. Il s’agit d’une exposition collective avec une sélection de 21 artistes issus de 10 pays, et représentant les 5 continents (France, Italie, Serbie, Colombie, Russie, Chine…)
Tous se sont interrogés sur ces nouveaux modes de connexion dans un contexte de distanciation physique. Comment témoigner l’affect à ses grands-parents alors qu’on ne peut pas les prendre dans les bras ? Comment échanger avec son nouvel amant alors que l’on est coincé à 10.000 km ? Comment garder vivantes ces relations particulières avec les êtres privilégiés ? On y découvre des peintures, de la photographie, de la sculpture, de l’art textile et une installation. Il y a aussi une partie vidéo pour laquelle je souhaite organiser un mini festival dans un lieu à part, qui sera bientôt défini…

 

L’exposition se déroule du 15 mai au 5 juin 2021. Avez-vous déjà un projet à suivre ?

La design week ayant été confirmée en septembre, j’aimerais présenter une artiste, française, qui est à la frontière entre l’art et le bijou. J’ai découvert Ambre Cardinal très récemment, dans la cadre de cette exposition justement. Actuellement elle est présente avec une pièce, mais pour la design week, tout l’espace lui sera dédié.

En tant que spécialiste des pratiques artistiques contemporaines, quel est votre lieu dédié à l’art contemporain préféré à Milan ?
Sans aucun doute, le Hangar Bicocca. D’abord car j’adore l’artiste Anselm Kiefer et son installation Les sept tours qui y est exposée, ainsi que la programmation. La formule qu’ils ont trouvée pour permettre une entrée accessible à tous, est aussi très intéressante. C’est d’ailleurs l’une des particularités de l’ingénierie culturelle à Milan : combiner ces savants partenaires, répartis entre des institutions artistiques, les privés, les industriels et les artistes. Milan réussit très bien dans ce domaine grâce à son fort héritage industriel, et l’Italie de manière plus générale dès lors que l’art coule dans les veines de tous.
Dans un tout autre genre, j’aime beaucoup Après-coup dans le quartier de Porta Romana, un lieu hybride entre théâtre, salle d’exposition et restaurant, où on ne s’ennuie jamais !

Jardino
Via privata cascia 6 Milano 20128
Mardi-Samedi : 14h30-19h30
https://www.jardino.it/
Intĭm ~ us, verso nuove vie di connessione : A voir du 15 mai au 5 juin.

 

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