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Référendum en Italie: vers l’autonomie de la Lombardie et la Vénétie ?

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Écrit par Emmanuelle Révillion
Publié le 9 octobre 2017, mis à jour le 15 janvier 2018

Dimanche 22 octobre, à l’initiative du parti régionaliste la Ligue du Nord, se tiendra une consultation populaire sur l’autonomie de la Lombardie et de la Vénétie.

 

La contestation de l’État central et de son pouvoir, voilà une idée qui prolifère aux quatre-coins de l’Europe aujourd’hui. Le débat sur le référendum en Catalogne, au cœur de l’actualité, est en effet loin d’être le seul. C’est également en Italie, que le parti Ligue du Nord entraine un mouvement régionaliste avec l’organisation d’un référendum portant sur l’autonomie des régions lombardes et vénitiennes. 

À la différence des évènements espagnols, il n’est pas question pour ces dernières d’exiger une indépendance totale vis-à-vis de l’État mais plutôt d’augmenter leur pouvoir de décision : c’est ce que l’on appelle le « régionalisme différencié ». Leur requête principale réside dans le domaine fiscal : elles souhaiteraient qu’une plus grande part de leurs ressources soient conservées au niveau régional car ce sont elles qui participent chaque année le plus au budget italien en lui fournissant près de 70 milliards d’euros. Alors que de nombreuses régions du Sud, comme la Sicile, la Sardaigne ou encore la Calabre, coûtent plus à l’État qu’elles ne lui versent, comme l’indique une étude réalisée par l’association des artisans et petites entreprises de Mestre (Cgia Mestre). Roberto Maroni, président de la Lombardie, insiste également sur sa volonté d’augmenter les compétences de sa région en matière de sécurité, notamment en ce qui concerne la question des migrants et de leur accueil.

Autre point de divergence : le référendum en Catalogne est interdit par le gouvernement espagnol alors qu’ici la consultation respecte la Constitution. Depuis la révision constitutionnelle de 2001 et son article 116, la possibilité d’obtenir des conditions particulières d’autonomie est donnée aux régions italiennes. Ainsi, elles sont cinq à actuellement disposer de ce statut spécial : la Sicile, la Sardaigne, la Vallée d’Aoste, le Trentin-Haut-Adige et le Frioul-Vénétie julienne.

 

Une portée symbolique et politique

Le référendum du 22 octobre n’aura cependant aucune valeur contraignante pour l’État italien. À visée purement consultative, l’objectif est seulement, dans un premier temps, de demander l’avis des Lombards et des Vénètes sur le sujet. Cela pour pouvoir, dans un second temps, entamer les discussions avec Rome si le « Oui » l’emporte. Tous les citoyens italiens, résidents en Lombardie ou en Vénétie et inscrits sur les listes électorales pourront participer. Petite différence d’organisation entre les deux régions : la Lombardie a choisi de ne pas mettre en place de quorum, c'est-à-dire une nombre minimal d’électeurs devant se présenter aux urnes pour que la consultation soit validée. Au contraire, la Vénétie a décidé que la moitié des électeurs plus un devront être de la partie pour que le vote soit accepté.

Ce référendum présente, malgré sa fonction consultative, une valeur hautement symbolique pour les mouvements indépendantistes du Nord de l’Italie et, bien sûr, particulièrement pour la Ligue du Nord. Cette dernière étant fortement engagée depuis sa création pour une plus grande autonomie de ce qu’ils appellent la « Padanie », entité imaginaire regroupant les régions du Nord du pays.

L’enjeu politique est également de mise : avec l’approche des élections législatives qui devraient se dérouler début 2018, la consultation se transforme en une sorte de « test électoral » pour le parti.

La Ligue du Nord n’est néanmoins pas la seule à défendre ce projet, le Mouvement 5 étoiles (MS5) et Forza Italia se sont aussi prononcés en faveur du « Oui ». La leader du parti de droite Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni a toutefois invité ses lecteurs à s’abstenir.

 

Un coût exorbitant pour la Lombardie

Voilà qui risque cependant d’interroger les électeurs : l’organisation du référendum dans la région lombarde aurait un coût de 50 millions d’euros. Un montant en grande partie dû à la volonté d’expérimenter, pour la première fois en Italie, le vote électronique. L’achat de 24 mille tablettes coûtera ainsi à la région près de 22 millions d’euros. Une idée que justifie le président de la région en affirmant que l’ensemble des appareils seront ensuite redistribués aux écoles à des fins pédagogiques. S’ajoute à cet achat plus de 1,3 millions d’euros déboursés pour la campagne électorale.

Au contraire, la Vénétie a opté pour un budget plus restreint et un mode de vote classique, ce qui devrait occasionner un coût total de 15 millions d’euros, soit plus de 3 fois inférieur à celui de la Lombardie. 

Ces dépenses auraient pu être évitées : le référendum n’est pas un instrument obligatoire pour lancer les discussions avec l’État sur la question de l’autonomie. Aussi, il y a dizaine d’années, Roberto Formigoni, alors président de la région Lombardie, avait directement entamé une tractation avec Rome dans le but de donner plus de compétence à la région. Cette dernière n’avait néanmoins pas abouti avec la chute du gouvernement Prodi en janvier 2008.

Emmanuelle Révillion
Publié le 9 octobre 2017, mis à jour le 15 janvier 2018

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