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L’ACTU DU WEEK-END – Retour sur la saga Berlusconi et l’avenir du gouvernement

Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 1 décembre 2013, mis à jour le 2 décembre 2013

"Berlusconi, leader déchu" titrait jeudi La Repubblica. La déchéance du Cavaliere était sur toutes les lèvres mais aussi dans tous les journaux italiens. Il Giornale, journal appartenant à la famille de Berlusconi titrait "Sénat, 17h42 : coup d'Etat. Vengeance dans les urnes". La carrière politique de celui que l'Italie adule ou hait semble s'achever après 20 ans de passion. La justice aura eu raison de lui. Le Sénat votait sa déchéance quelques heures après avoir accordé sa confiance au gouvernement. La scission du PdL n'était peut-être pas la meilleure chose qui puisse lui arriver, les dissidents ayant voté en faveur du gouvernement, mais contre sa déchéance, histoire de garder une marge de man?uvre. Retour sur une semaine que certains qualifient d'historique

Silvio Berlusconi déchu
La sentence est tombée mercredi 27 novembre un peu avant 18 heures. Silvio Berlusconi a été déchu de son mandat de sénateur après le vote de la chambre Haute réunie en séance plénière pour l'occasion. 191 sénateurs ont donc voté en faveur de son éviction et 113 contre. Le vote fait suite à sa condamnation définitive dans l'affaire Mediaset à 4 ans de prison dont 3 sous couvert d'une amnistie. Une loi de 2012 prévoyant que toute personne condamnée à deux ans de prison soit inéligible pendant 6 ans, le Sénat a donc décidé de son renvoi.

La déchéance du Cavaliere est liée à la décision de justice du 1er août dernier. La Cour de cassation avait alors confirmé le verdict rendu en mai, dans lequel il avait été jugé coupable de fraude fiscale. Il aurait mis en place un système de caisses noires et de montages illégaux au sein de son empire médiatique. Une fraude qui aurait coûté plus de 7 millions d'euros de perte à l'Etat.

"C'est un jour amer, un jour de deuil pour le droit et la démocratie" a déclaré Silvio Berlusconi, la main sur le c?ur, sorti de sa résidence romaine saluer des milliers de partisans qui s'étaient réunis pour le soutenir. Et d'ajouter, remerciant la foule : "Aujourd'hui, en vous regardant dans les yeux, je vois que l'émotion n'est pas seulement le mienne mais aussi la vôtre". Alors qu'il avait annoncé qu'il serait présent dans l'hémicycle du Sénat afin d'y énoncer un "discours historique", le Cavaliere a suivi les conseils de ses avocats qui l'avaient dissuadé de s'y rendre afin d'éviter une expulsion manu militari humiliante. Lot de consolation : il touchera une indemnité de 180.000 euros et une retraite parlementaire de 8.000 euros par mois.

La fin du Cavaliere ?


Au sens propre du terme, le Cavaliere n'est plus. Ce surnom vient du titre de Chevalier de l'ordre du travail qu'il avait reçu à l'époque où il ne faisait pas encore de politique. Titre qu'il vient de perdre en même temps que son siège de sénateur. Politiquement parlant, Silvio Berlusconi n'a plus aucun poste au sein des institutions italiennes. Il est désormais inéligible et ne pourra prétendre à aucun mandat public pendant 6 ans. En raison du jugement, son passeport lui a été retiré et il est limité dans ses déplacements et ses contacts.

Mais, celui que l'on surnomme aussi le Caïman a plus d'une corde à son arc. Il l'a prouvé tout au long de ses 20 ans de vie politique, rebondissant à chaque mésaventure. Il affirme lui-même qu'il restera à la tête de son parti Forza Italia, coûte que coûte. Il est d'ailleurs encore très populaire auprès d'une partie de la population. Aux dernières élections législatives de février 2013, il avait récolté, avec son parti d'alors, le PdL 10 millions de voix. Sans son accord, le gouvernement de grande coalition gauche-droite au pouvoir n'aurait pas pu voir le jour.

Cependant, cette première condamnation définitive et son éviction du Sénat valent à Silvio Berlusconi la perte de son immunité parlementaire. Condamné en 1997 pour "faux en écriture", il avait été blanchi en appel. Depuis son entrée en politique, il a toujours réussi à échapper aux sentences de ses nombreux procès, soit par prescription des faits, soit par blanchiment en appel, ou encore grâce à des lois qu'il a fait voter alors qu'il était au pouvoir.

Berlusconi devra cependant affronter ses nombreux procès en cours. Le 11 février, il doit comparaitre pour corruption de sénateur. Il est accusé d'avoir acheté un sénateur de gauche à l'époque où la droite cherchait à faire tomber le gouvernement de Romano Prodi. Il y a aussi le procès pour prostitution de mineure et abus de pouvoir, communément appelé le Rubygate. Condamné à 7 ans de prison et interdit de mandat à vie, il a fait appel. Un nouveau procès doit se tenir courant 2014. Il risque aussi une condamnation dans plusieurs affaires ; violation de l'instruction, incitation à déclaration mensongère devant la justice, publication illégale, etc.

Le gouvernement de coalition en danger ?
Dans la nuit du mardi 26 au mercredi 27 novembre, soit quelques heures avant le vote concernant la déchéance de Silvio Berlusconi, le Sénat votait la confiance au gouvernement dirigé par Enrico Letta, à l'occasion de l'examen du projet de budget 2014, dit "loi de stabilité". Forza Italia, le parti ressuscité du Cavaliere quittait alors officiellement la coalition en votant contre. En revanche, les sénateurs du Nuovo Centro destra, dirigé par son poulain Alfano, ont accordé leur confiance au gouvernement, montrant ainsi que la scission d'avec le parti du Cavaliere devenait effective.

Le parti Forza Italia étant sorti de la majorité, le gouvernement fait désormais face à deux oppositions avec celle du MoviMento 5 Stelle du populiste Beppe Grillo. Une situation qui pourrait compliquer la marge man?uvre d'Enrico Letta. Mais au vu du résultat du vote de confiance au Sénat, ce dernier sort plutôt renforcé, pour le moment, des derniers événements.

Vendredi 29 novembre, Enrico Letta annonçait qu'il allait soumettre une nouvelle fois son gouvernement de coalition à un vote de confiance au Parlement pour conforter son programme de réformes. "Le vote de confiance va nous permettre de passer de la défense à l'attaque" lançait le chef du gouvernement en marge du sommet de l'Union européenne à Vilnius, en Lituanie.

Dès jeudi soir, soit moins de deux jours après le passage du parti de Berlusconi dans l'opposition, le porte-parole de la présidence italienne indiquait que Giorgio Napolitano avait demandé à Enrico Letta de se présenter devant le Parlement "pour bien marquer le passage du gouvernement de grande coalition formé en avril à celui qui a obtenu la confiance". La date n'a, pour l'heure pas encore été fixée mais Enrico Letta a précisé que le vote interviendra après l'élection du nouveau chef du Parti démocrate, dont il est issu. La confiance ne sera donc pas demandée au Parlement avant le 8 décembre prochain.

Aurélien Bureau (Lepetitjournal.com de Milan) - lundi 2 décembre 2013

Crédits photos : captures d'écran euronews, Youtube

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