Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

DEBAT – La France après les élections vue par E. Letta et M. Lazar

conference-institut-français-milanconference-institut-français-milan
Écrit par Sophie Her
Publié le 11 juillet 2017, mis à jour le 15 janvier 2018


Deux mois après les élections présidentielles qui ont porté Emmanuel Macron au pouvoir, l'ex-président du Conseil des ministres italien, Enrico Letta et le politologue Marc Lazar ont partagé vendredi 7 juillet dernier à Milan leurs analyses et réflexions sur cette nouvelle page de l'histoire de la politique française. Un débat animé par Jérôme Gautheret, correspondant du quotidien Le Monde à Rome.

Deux mois exactement après les élections présidentielles, la CCI France Italie organisait vendredi dernier à l'Institut Français Milano un débat entre Enrico Letta - ancien président du Conseil des ministres italien et actuel Doyen de l'Ecole des Affaires Internationales de Sciences Po à Paris et Président de l'Institut Jacques Delors - et Marc Lazar, Professeur d'histoire et de sociologie politique à Sciences Po. Deux invités de marque pour ce nouveau format d'échange, porté par Le Cercle, le Club d'affaires de la Chambre.

7 mai 2017. Emmanuel Macron, 39 ans, devient le 8ème président de la Ve République. Un mois plus tard, le 18 juin, avec 53% des voix, son tout jeune parti La République en Marche ! remporte les élections législatives, et obtient avec son allié le MoDem, la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Avec la fin des partis politiques traditionnels, ces résultats font de 2017 une année électorale majeure pour la France. Un scenario totalement inattendu qui fait émerger un nouveau modèle politique, né rappelons-le, d'un leader sans parti.

Comme en 1958, lorsque le général de Gaulle est élu après avoir fait adopter le referendum en vue d'une nouvelle Constitution, la France se retrouve face à l'inconnu observe Marc Lazar qui voit en Emmanuel Macron et son rapport aux institutions, la tradition mitterrandienne d'une conception régalienne du pouvoir. Une position d'ailleurs également adoptée par son Premier ministre Édouard Philippe la semaine dernière à Versailles à l'occasion de son discours de politique générale.

Mais si le nouveau président de la République française bénéficie du soutien de l'Assemblée nationale - ce qui devrait faciliter évidemment son programme de réforme, notamment en matière de travail et de fiscalité, la partie n'est pas encore gagnée.
Elu avec une abstention record (25.8% au 2ème tour  des présidentielles et 57.4% au 2ème tour des législatives), le président Macron devra faire face à deux forces d'opposition - le Front National et la France Insoumise - mais aussi aux électeurs qui ont voté contre lui du fait de ses positions européennes engagées. Selon Marc Lazar, tout se jouera très rapidement autour de sa réforme du travail car « Il ne faudrait pas qu'il néglige cette France en colère et dans l'exaspération sociale. » Par ailleurs, il faudrait aussi que Macron soit capable de prendre ses décisions très rapidement, précise Enrico Letta : « Désormais, il faut presque réagir en temps réel. »

 

Quelles perspectives pour l'Europe ?

Emmanuel Macron est un européen convaincu qui l'affiche. Souvenez-vous la mise en scène solennelle le soir du 2ème tour des présidentielles où on le voit marcher sur « L'Ode à la joie », l'hymne européen, puis s'exprimant devant les drapeaux français et européen.
Pour Enrico Letta, lui-même grand défenseur de la cause européenne, « J'espère juste qu'il ne reproduira pas la même attitude régalienne de François Mitterrand qui avait bloqué l'avancée de la défense européenne » sous prétexte d'avoir déjà lâché en matière monétaire.
Mais la vraie question d'après lui, sera pour Emmanuel Macron textuellement « d'européiser l'axe européen » en associant à la fois le reste de l'Europe, mais aussi les institutions. Une tâche particulièrement difficile. « Les dernières évolutions de l'Europe, notamment le Brexit, doivent permettre à la France de rééquilibrer avec l'Allemagne de façon inédite, mais l'Allemagne ne pourra l'accepter que si ce rééquilibrage vient de la France et pas des institutions elles-mêmes. »
Avec les élections allemandes prévues en septembre, Emmanuel Macron n'a plus que quelques mois devant lui. Il devra aussi attendre les élections dans la Péninsule, d'autant que « L'Italie est peut-être le seul pays où il y a encore une rancune, une haine européenne. » Mais les relations France Italie sont bien plus dynamiques côté économique que côté politique conclut Enrico Letta. Et Olivier Brochet, Consul général de France à Milan, de conclure plus largement sur les bonnes relations entre les deux pays, aussi bien au niveau politique, qu'économique, éducatif et culturel.
 

Photo : Enrico Letta (ancien président du Conseil italien), Jérôme Gautheret (correspondant du journal Le Monde en Italie), Marc Lazar (politologue) et Olivier Brochet (Consul général de France à Milan) ©CCI France Italie

Sophie Her
Publié le 11 juillet 2017, mis à jour le 15 janvier 2018

Sujets du moment

Flash infos