Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

MEXICAINS EN FRANCE – Arturo Muñoz: "Avec une autre langue on devient acteur de soi-même"

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 9 avril 2012, mis à jour le 5 janvier 2018

Arturo Muñoz, la quarantaine, se dit aujourd'hui tant français que mexicain. La France? Il s'y est installé il y a plus de dix ans, comme jeune assistant en langue. Depuis, il a été certifié comme professeur d'espagnol et enseigne à Nantes. Il nous parle de cette double identité qu'il s'est peu à peu forgée et des apports et bizarreries de l'une et l'autre culture

 

Arturo Muñoz dans la région nantaise (Photo Courtoisie Arturo)

Des anecdotes et des réflexions à faire partager sur la vie française Arturo Muñoz en a à la pelle!
Après plus de dix années d'expatriation, il connaît le sujet. D'autant que, il le souligne, "comme enseignant, [il] peut prendre la température de tout un pays dans les classes." Ce panorama de la vie française à travers la réalité scolaire, il y a eu accès depuis les bancs des collèges de Montreuil, en région parisienne, où il avait été envoyé comme assistant d'espagnol après une première carrière comme enseignant d'anglais et de philosophie dans la ville de Mexico. Première surprise: le "melting pot", comme il le nomme. Loin des "soirées de l'ambassadeur" à Mexico, où il avait été convié faisant partie de la première génération d'assistants mexicains à être nommés en France, il rencontre des français qui ne sont "pas les mêmes que dans l'imaginaire d'un Mexicain." Des poètes déclamant des vers au bord de la Seine (le "cliché par excellence" selon Arturo Muñoz) il n'en verra pas non plus, et l'on se moque de lui lorsqu'il utilise le passé simple.
Mais malgré tout, c'est une vraie "renaissance" qu'il dit avoir vécue grâce à la langue française, au cours de ses trois années d'études en Lettres modernes à la Sorbonne. Véritable choc culturel que cette inscription à l'université! Il y découvre une autre manière d'apprendre, de travailler et d'enseigner, et une rigueur intellectuelle qu'il s'empresse de faire sienne. Voilà l'un des legs culturels français qu'il valorise particulièrement aujourd'hui, au côté de cet attachement aux arts et à la culture ainsi qu'au "bien manger".

Les Français heureux de vivre
S'il pouvait toutefois modifier quelques traits de caractère ou habitudes bien françaises, alors Arturo Muñoz n'hésiterait sûrement pas à insuffler à ses nouveaux compatriotes un peu de la spontanéité et de la simple "joie de vivre" qu'il aime retrouver lors de vacances au Mexique. Difficile de ne pas acquiescer lorsqu'il s'étonne de voir les français consacrer autant "de temps, d'organisation et d'énergie" aux démarches administratives. Les lettres de résiliations, de motivation, recommandées finissent par remplir ce qui devient une "deuxième journée, administrative, pleine de papiers" selon Arturo. Quant à comprendre d'où vient aux Français cette "atroce capacité à se plaindre tout le temps et tous les jours", Arturo avance une hypothèse: "Si les mexicains sont très fatalistes - il faut accepter la réalité telle qu'elle est et on ne peut rien changer - en France c'est le contraire: si on peut tout changer alors il faut tout signaler tout de suite!"

Aujourd'hui en poste à Nantes dont il apprécie la qualité de vie, il estime son mode de vie confortable, pouvant jouir de temps libre. "Un luxe", dans son pays d'origine estime-t-il, car il n'y voit pas de réelle amélioration des conditions de vie. Mais bien plus qu'une "bonne situation", ce que l'expatriation a offert à cet enseignant relève d'un profond enrichissement identitaire. Car si tomber amoureux d'une personne d'un autre pays équivaut à une forte "révolution", selon son analyse, maîtriser parfaitement une autre langue et tout ce qu'elle charrie de valeurs et de points de vue nouveaux, permet de devenir "acteur de soi-même", par les choix pleinement conscients qu'il est alors possible de faire, nous explique Arturo.

Magdalena Le Prévost (www.lepetitjournal.com/mexico) lundi 9 avril 2012

Lire aussi:
FRANÇAIS AU MEXIQUE ? Coline: "Ici, tout prend un temps fou"
FRANÇAISE AU MEXIQUE ? Gwenaëlle, jeune entrepreneuse au Mexique
FRANÇAIS AU MEXIQUE ? Grégori Dorée : Le Mexique sur un air de jazz
FRANÇAIS AU MEXIQUE ? Frederic ou "la passion du Mexique" 

RETROUVEZ TOUS NOS ARTICLES ET PORTRAITS DANS LA SECTION "COMMUNAUTÉ"

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 9 avril 2012, mis à jour le 5 janvier 2018

Flash infos