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La SANTA MERTE - La reine des damnés et des bandits

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 14 août 2006, mis à jour le 21 novembre 2012

Adorée par les criminels, les traficants de drogue, les prostituées et les exclus, la Santa Muerte connaît un engouement croissant au Mexique. Demain, malgré l'opposition de l'église catholique à ce culte jugé païen, des milliers d'aficionados lui rendront hommage, pour la fête de la Santa Muerte Negra

Un squelette, un capuce, une faux et une mappemonde : voici la Santa Muerte !

De toutes les figures religieuses adorées au Mexique, la Santa Muerte est sans conteste la plus morbide et la plus atypique

Les prisonniers, dans leur cellule, la dessinent sur les murs. Les caïds et les rebelles se la font tatouer sur l'épaule ou dans le dos. Les trafiquants de drogue, mais aussi les prostituées et les enfants des rues, lui vouent un culte obscur, sur des autels à vous donner la chair de poule...
Sainte patronne des damnés et des criminels, cette "sainte" un poil patriculière est apparue, sous sa forme actuelle, au cours des années 50 et 60. Selon certains les spécialistes, elle aurait toutefois des origines bien plus anciennes, héritées de la culture préhispanique: elle serait ainsi une figure inspirée des dieu et déesse Mictecancuhtli et Mictecacihuatl, héros mythiques de l'inframonde, invoqués par ceux qui désiraient posséder le pouvoir de la mort.

Selon Silvia Mancini, historienne et anthropologue à l'Université de Lausanne, aujourd'hui les adeptes de la Santa Muerte ne sont plus pour autant tous des criminels. Il s'agit surtout des populations les plus déshéritées et les plus marginalisées de la mégalopole. On retrouve donc parmi les adeptes un grand nombre d'immigrés récents (de ces 20 ou 30 dernières années) qui arrivant de province, ont connu un dépaysement très fort, des petits marchands de rue vivant à la journée, des hommes et des femmes issus du monde ouvrier et paysan, etc. La personnification de la mort pour des populations qui vivent les risques au quotidien renvoie à la nécessité de pouvoir négocier tous les jours avec la mort. La Santa Muerte n'est pas une incarnation de la fin de la vie, elle n'incarne pas non plus l'allusion à la fragilité de la condition humaine comme on pourrait philosophiquement l'interpréter. Au contraire, la Santa Muerte représente la vie.  C'est à elle que l'on s'adresse pour obtenir succès dans la vie amoureuse, dans le commerce, ou bien, pour dénouer des situations juridiques compliquées, ou encore, pour accomplir une opération délictueuse. Par exemple, avant de faire un coup, les voleurs demandent protection à la Santa Muerte. Les prisonniers s'adressent à la Santa Muerte afin d'obtenir une réduction de peine.

Une sainte maléfique!
Représentée par un squelette revêtu d'un capuce, portant dans sa main droite une faux et dans sa main gauche une mappemonde, la Santa Muerte possède un certain nombre d'autels à son effigie dans le Distrito Federal. Mais c'est au c?ur du quartier de Tepito que se trouve son lieu de culte le plus fameux. Plus précisément, au 35 de la rue Bravo, dans l'ancienne paroisse de la Misericordia... devenu le "QG" des adorateurs de la reine des bandits.
Demain, dans cette petite église, des centaines de fidèles lui rendront hommage, à l'occasion du jour de la Santa Muerte Negra (qui coïncide avec l'Assomption, pour les catholiques...) Et dans les rues de Tepito, comme dans d'autres rues du Mexique ou d'Amérique, où le culte s'est exporté, des aficionados chanteront, danseront et lui apporteront des offrandes (roses, bougies et tequila!) afin d'obtenir sa protection pour l'année à venir.

Un culte condamnépar l'église 
Précision notable: le culte de la Santa Muerte, s'il a lieu à ciel ouvert, n'est pas reconnu par le clergé catholique, qui y voit une pratique superstitieuse et païenne. Depuis quelques années, il se trouve également dans le collimateur du gouvernement, qui assimile ses fidèles (regroupés au sein de l'Iglesia Católica Tradicionalista México-Estados Unidos) à une secte. Et qui s'inquiète, surtout, de l'engouement que la Santa Muerte connaît dans le pays. 
"Le rejet du Vatican ne nous rend pas plus ou moins catholiques", assure toutefois David Romo, "curé" de la paroisse Misericordia ? et archevêque autoproclaméde cette "église" atypique ? en rejetant les accusations dont son groupe fait l'objet. "Adorer la mort nous invite au renoncement et à la réflexion, à laisser de côté la rancoeur, l'aigreur, le désir de revanche, précise-t-il. Il y a un dicton qui dit: loin de Rome mais près de Dieu; notre choix c'est d'être aux cotés de Dieu, et ainsi éloignés du Pape." A bon entendeur...

Valentin BONTEMPS et Alonso MARTIN (/mexicowww.lepetitjournal.com) 14 août 2006

Pour en savoir plus
- Se rendre au marché de Sonora: Av. Fray Servando Teresa De Mier, Colonia Merced Balbuena, Delegación Venustiano Carranza.
- Santuario Nacional de la Santa Muerte, Calle de Bravo 35, Colonia Morelos, Delegación Venustiano Carranza

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 14 août 2006, mis à jour le 21 novembre 2012

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