Sunú, le premier long-métrage de Teresa Camou Guerrero, raconte la richesse du maïs au Mexique mais aussi ses menaces. Du petit paysan à la production industrielle, en passant par les communautés indigènes, le documentaire présente trois types de production de la «pépite d'or» au Mexique. Ce sont 80 minutes d'images hautes en couleur et porteuses d'un message criant de vérité.
Au Mexique, il existe plus de 60 espèces différentes de maïs, une richesse culturelle et gastronomique menacée. (Photo tirée du documentaire Sunú)
Sunú signifie maïs en raramuri, langue des Pies ligeros, communauté indigène de Chihuahua. Teresa Camou Guerrero est une marionnettiste portant un vif intérêt au monde rural et à la protection du maïs au Mexique. Vivant pendant 12 ans parmi les communautés indigènes de Chihuahua, elle a ressenti la nécessité de faire un film sur le maïs.
L'équipe de production est constituée de trois personnes seulement : Teresa, la réalisatrice et productrice, Aldo Hernández, le directeur de la photographie et Ariana Rico Bustillos en charge du son. Très soudés, ils ont filmé pendant 16 mois dans 8 états différents du Mexique. «Je voulais filmer les cycles agricoles d'une famille indigène, d'une famille de paysans et d'un agriculteur industriel», explique Teresa.
Le film, censé être un court-métrage, dure finalement 80 minutes. Vue la quantité de choses à montrer, il a fallut faire un long-métrage. «De plus, il y a un soutien financier plus important pour les longs-métrages», ajoute Teresa. Le documentaire a obtenu une bourse de Foprocine, le Fonds pour la Production Cinématographique de Qualité, une aide qui a largement contribué au financement du documentaire.
Le Mexique est le centre d'origine et de diversification du maïs et il existe plus de 60 espèces différentes. Aliment de base des Mexicains, il est cultivé partout dans le pays et est à l'origine des plats les plus traditionnels de la gastronomie mexicaine. Le pays a besoin d'à peu près 21 millions de tonnes de maïs pour alimenter sa population. Pour Teresa, «le maïs est comme une pépite d'or» qu'il faut protéger.
14 millions de tonnes de maïs importées des États-Unis
La culture du maïs s'effectue selon différentes techniques. Pourtant, d'après Teresa, « malgré des objectifs et des techniques qui diffèrent, tous les producteurs sont dans le même bateau ». Ils connaissent les mêmes difficultés concernant les évolutions cette culture au Mexique. Tout d'abord, on assiste à une forte augmentation des importations. Le Mexique importe environ 14 millions de tonnes de maïs des États-Unis. «On dépend des importations, au lieu de créer des projets de soutien pour régénérer la terre et consommer local», soupire Teresa.
Teresa Camou Guerrero, la réalisatrice de Sunú. (Photo DR)
En réalisant ce documentaire, elle a pourtant relevé des solutions, même si celles-ci sont difficiles à réaliser. Teresa Camou Guerrero enjoint donc les paysans à continuer de planter leurs semences et uniquement les leurs. Il faudrait aussi mettre en place des politiques adaptées qui soutiennent le paysan et une agriculture durable. C'est pour elle le plus difficile à obtenir car «le gouvernement ne veut pas de paysans sinon de la main-d'?uvre».
Terminé depuis un mois et demi, le documentaire a été nominé au Prix Environnement du Festival de Sheffield qui s'est tenu le 9 juin dernier. Il va faire le tour des festivals pendant deux ans environ, avant d'être diffusé au Mexique. Teresa a également dans l'idée d'organiser des projections en milieu rural en s'appuyant sur le réseau de défense du maïs au Mexique. «J'espère que j'aurai aussi l'opportunité de le présenter en France», sourit-elle.
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Léa Bouhend (Lepetitjournal.com/mexico) Mercredi 15 juillet 2015