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PALENQUE – Quand la nature reprend ses droits

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 6 décembre 2015, mis à jour le 6 janvier 2018

Située dans l'Etat du Chiapas, l'ancienne cité pré-hispanique de Palenque est aujourd'hui considérée comme l'un des sites archéologiques les plus importants de Meso-Amérique. Palenque fait le plaisir des visiteurs et est appréciée pour son architecture et pour l'environnement qui l'entoure. Sur des édifices encore très bien conservés, la jungle a en effet repris ses droits.

 Vue d'ensemble du site depuis le Templo de la Cruz (Margot Cariou)

Selon les archéologues, elle fût probablement occupée dès le premier siècle avant notre ère mais ne devait alors être autre qu'une petite région agricole. C'est en effet durant la période classique (entre 300 et 600 après Jésus-Christ) que la ville se serait développée jusqu'à devenir le centre dirigeant d'une vaste région s'étendant sur les États du Chiapas et du Tabasco actuels.

El Templo de la Cruz. (Margot Cariou) Construit par Serpent-Jaguar, cet édifice est l'un des plus hauts du site et offre ainsi une vue imprenable sur la cité maya. Dédié à son créateur, on peut y voir un bas relief représentant l'ascension au trône de Serpent-Jaguar et le Dieu L fumant du tabac à ses côtés. Ce temple doit son nom à un bas relief en forme de croix que l'on a retrouvé à l'intérieur. Il s'agirait d'une représentation symbolique de l'arbre de la vie, la ceiba, dont l'original peut être admiré au Musée National d'Anthropologie de Mexico. 

Quelqu'en soit l'histoire, aujourd'hui Palenque fait le plaisir des visiteurs et si elle est tant appréciée c'est autant pour son architecture que pour l'environnement qui l'entoure. Sur des édifices encore très bien conservés, la jungle a en effet repris ses droits. Un magnifique tableau symbolisant la rarissime symbiose entre nature et civilisation. A cause du manque d'argent dédié aux fouilles archéologiques, de nombreuses ruines sont d'ailleurs encore enfouies sous la végétation tropicale et la partie du site actuellement dégagée ne représente en réalité qu'une petite fraction de l'ensemble de la zone archéologique qui s'étend probablement sur une largeur de 6 à 8 kilomètres. 

Une histoire marquée par le règne d'un père et d'un fils 

Par rapport à d'autres cités mayas, Palenque connait un développement tardif, entre 300 et 600 après Jésus Christ. Cependant, ce n'est qu'entre 600 et 700, sous le règne du Roi Pacal, que la ville atteint son apogée. Durant son long règne, le gouvernant fit en effet construire les édifices les plus importants du site et notamment la pyramide du Templo de las Inscripciones qui abrite aujourd'hui sa crypte funéraire. Lorsqu'il mourut, à l'âge de 100 ans, son fils, Chan-Bahlum ou « Jaguar-Serpent » poursuivit son ?uvre. C'est à sa mort que la cité entra dans sa phase de déclin. L'histoire de Palenque est ainsi marquée par le règne de ces deux souverains avant-gardistes et vénérés. Sur la plupart des monuments, on peut d'ailleurs admirer de nombreux bas-reliefs réalisés en leur honneur.

Une cité abandonnée, découverte tardivement 

El Palacio et sa fameuse tour, dédiée à l'observation du soleil et des astres. Bien que sa dénomination « Palais » porte à confusion, il s'agissait du siège du pouvoir politique de Palenque. Il accueillait ainsi toutes les activités auxquelles participaient le gouvernant, sa famille et la cour : des cérémonies religieuses aux festivités royales en passant par les jugements ou encore la levée de l'impôt. 

Pour des raisons encore inconnues, la civilisation de Palenque s'éteignit ainsi à la fin du Xème siècle. Durant près de huit siècles, elle fût alors oubliée du reste du monde et littéralement engloutie par la végétation tropicale du Chiapas. Ce n'est en effet qu'au milieu du XIXème siècle, qu'on redécouvrit cette cité abandonnée. A l'époque, cette civilisation maya si lointaine culturellement, géographiquement et temporellement, fût toutefois l'objet de toutes sortes de fantasmes en Europe. Le baron Jean-Frédéric Waldeck, un grognard napoléonien qui y séjourna de 1834 à 1836, pris par exemple l'effigie d'un Dieu pour un éléphant et dota les personnages mayas de bonnets phrygiens ! D'autres, encore, y virent l'Atlantide, un avatar de la civilisation égyptienne et même une civilisation avant-gardiste, d'ores et déjà dotée d'un réseau télégraphique. Quoiqu'il en soit, pour notre plus grand bonheur, le site fût finalement révélé aux yeux du monde et les premiers travaux d'entretien des monuments purent ainsi commencer au milieu du XXème siècle.  

Un site décisif dans la compréhension de la culture maya

Outre le plaisir qu'il procure à tous ses visiteurs, le site de Palenque et, notamment, le « Templo de las inscripciones », fût capital dans la compréhension de la civilisation maya par les archéologues. Avec près de 617 glyphes, contant notamment la vie et la mort du grand Roi Pacal, le temple abrite en effet l'un des textes les plus longs du monde maya. Par ailleurs, en 1949, les archéologues y firent par ailleurs une découverte éclairante sur la raison d'être des pyramides mayas. Jusque là, on pensait en effet qu'il s'agissait simplement de socles pour supporter des sanctuaires. Cependant, en y découvrant la fameuse crypte funéraire de Pacal, on comprit qu'il s'agissait plus que de simples supports. La pyramide abritait en effet un sarcophage de 13 tonnes, d'innombrables bijoux en jade et un inestimable masque mortuaire. Un véritable trésor qu'on peut désormais admirer au Musée National d'Anthropologie à Mexico. 

El Templo de las Inscripciones (photo Margot Cariou)El Templo del Sol (photo Margot Cariou) fut construit à la fin du VIIème siècle. Situé sur une place comptant trois autres temples, il se distingue car il abrite un autel commémorant, entre autres, la naissance et l'ascension au trône de Serpent-Jaguar II, en 635 et 684 après Jésus-Christ. 

Margot Cariou (Lepetitjournal.com/mexico) Lundi 7 décembre 2015 

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 6 décembre 2015, mis à jour le 6 janvier 2018

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