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LES JOURS HEUREUX - Episode 3 : La traversée

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 4 novembre 2015, mis à jour le 4 novembre 2015

Le Petit Journal de Mexico republie ce feuilleton en français et en espagnol : Les Jours heureux. Gwenn-Aëlle Folange Téry, écrivain et peintre, y raconte l'histoire d'une jeune fille bretonne qui part à la découverte du Mexique, et de son indépendance Aujourd'hui épisode 3 : La traversée.

Episode 1 : Le départ / Episode 2 : Le voyage

"Sur un billet gris, un énorme soleil, dont elle apprendra qu'il est un calendrier, aztèque." (Photo Gwenn-Aëlle Folange)

Après une longue attente, elle se décide. Elle n'est pas venue de si loin pour rien.

Devant le bureau d'Air France, elle demande un taxi.

Dans la rue, elle a un mouvement de recul. Il fait beau, le ciel est bleu, le soleil brille et elle se sent flouée, ou trop naïve. Dans sa tête, altitude égale haut dans le ciel, et haut dans le ciel égal pas de lumière, nuit noire presque. La ville de Mexico devrait être plongée dans les ténèbres. Et puis, autour d'elle, les gens sont juste ça, des gens. Pas de grands chapeaux, ni de moustaches à la Pancho Villa, -elle ne sait pas qui est Zapata, heureusement, elle serait encore plus surprise-, pas de femmes à longues tresses, pas de cactus, pas de désert? Il y a des voitures, grandes, genre américain, comme dans les films, mais le dépaysement semble s'arrêter là.

Dans le taxi, le chauffeur semble apprécier la compagnie, et parle, parle, parle? Elle sourit, gentiment, hoche la tête de temps en temps. Si son anglais est pauvre, son espagnol est, lui, inexistant. Elle saisit vaguement le mot cocodrilo mais voit mal pourquoi cet homme lui parlerait de crocodiles : ils sont en pleine ville, au Mexique, pas dans les marécages de la Louisiane.

Elle a chaud : au départ de Paris, l'hiver arrivait et elle porte son manteau, celui qui tient chaud, et un foulard sur la tête. Ici, elle le voit bien, les gens se promènent en manches de chemises, sandales, et cheveux au vent. Il fait chaud, même si la nuit tombe, et même si au Mexique c'est aussi novembre.

Elle ouvre grand les yeux, regarde les constructions colorées, les façades jaunes, roses, vertes, étonnée de tant de couleurs. Innocemment elle compare, et les maisons en granit de sa Bretagne aimée lui semblent moins belles tout à coup. Elle ne voit ni la poussière, ni la pauvreté, elle en connaît de pires, elle n'a pas vécu cachée dans des grottes en Tunisie pendant la guerre pour rien. Ici au moins, tout le monde semble vivre de manière plus légère, personne ne guette le ciel, la peur au ventre.

Le taxi file entre les voitures, la mène vers les beaux quartiers, sur une avenue plantée de palmiers. Elle les regarde, ébahie, se sentant sous les tropiques et attendant, oui, ce fameux crocodile dont lui parlait le chauffeur. A moins, à moins qu'il ne se soit présenté et que son nom ait des consonances reptiliennes, elle n'en sait rien.

L'avenue change, s'élargit encore, prend toute la place sous la lune qui brille. La maison qu'elle cherche, l'adresse est notée dans son petit carnet, est aux Lomas, quartier élégant où les rues les plus étroites pourraient être des boulevards si l'on prenait la peine de les rebaptiser.

Dans son porte-monnaie, elle a de l'argent français, américain et mexicain. Son employeur y a pensé, quitte à oublier la date de son arrivée. Sur un billet gris, un énorme soleil, dont elle apprendra qu'il est un calendrier, aztèque.

Elle paye, sourit au monsieur Crocodile, ferme la portière et se tourne vers la porte d'entrée.

DÍAS DE SOL : La travesía

 

Después de una larga espera, se decide. No ha viajado tan lejos para quedarse con los brazos cruzados.

Frente a las oficinas de Air France, pide un taxi.

Al salir a la calle, se para en seco. El día está hermoso, el cielo azul, el sol brilla y se siente engañada, o demasiado ingenua. Dentro de su cabeza, altitud es igual a muy alto en el cielo, y muy alto en el cielo es igual a nada de luz, noche profunda casi. La ciudad de México debería de estar sumida en las tinieblas. Y además, alrededor de ella, la gente es sólo eso, gente. No hay sombreros de charro, ni bigotes estilo Pancho Villa, - no sabe quién es Zapata, menos mal, que la sorpresa sería mayor-, no hay mujeres de largas trenzas, no hay cactus, no hay desierto? Hay coches, grandes, estilo americano, como en las películas, pero el exotismo del destierro parece muy limitado.

Ya en el taxi, el chofer parece apreciar su compañía, y habla, habla y habla? Ella sonríe, amablemente, asiente con la cabeza de vez en cuando. Si su inglés demostró ser pobre, su español es completamente inexistente. Pesca al vuelo la palabra ?cocodrilo? pero no entiende bien a bien porque aquel hombre estaría hablando de cocodrilos: están a media ciudad, en México, no en los pantanos de Luisiana.

Tiene calor: al salir de París, el invierno ya amenazaba y trae puesto su gabán, el más abrigador, y una mascada sobre la cabeza. Aquí, ya se dio cuenta, la gente se pasea en mangas de camisa, sandalias, y cabello al viento. Hace calor, aunque la noche esté cayendo, y aunque también en México sea ya noviembre.

Con los ojos muy abiertos, mira las construcciones coloridas, las fachadas amarillas, rosas, verdes, sorprendida por tanto color. Inocentemente compara, y las casas de granito de su Bretaña amada le parecen de repente menos hermosas. No ve ni el polvo, ni la pobreza, ha visto peores, no vivió escondida en las cuevas de Túnez durante la guerra en balde. Aquí por lo menos, todo mundo parece vivir de manera más ligera, nadie voltea al cielo, el vientre retorcido de angustia al menor ruido.

El taxi atraviesa la ciudad, la lleva hacía colonias residenciales, por una avenida adornada con palmeras. Ella las mira, asombrada, sintiéndose en el trópico y esperando sí, al famoso cocodrilo de la plática anterior. A menos, a menos que el chofer se hay presentado y que su nombre tenga alguna consonancia reptiliana, la verdad no tiene idea.

La avenida cambia, fluye al crecer, ocupa todo el lugar bajo la luna que brilla. La casa que busca, con la dirección anotada en su libretita, está en las Lomas, colonia elegante en donde las calles más estrechas podrían ser bulevares si alguien se tomara la pena de rebautizarlas.

En su monedero lleva dinero francés, americano y mexicano. Su patrón pensó en todo, menos claro en recordar la fecha de su llegada. Sobre un billete gris, un enorme sol, en el cual reconocerá un día a un calendario,  azteca.

Paga, le sonríe al señor Cocodrilo, cierra la portezuela y voltea hacia la puerta de entrada.

Capítulo 1 : La partida - Capítulo 2 : El viaje 

 

Lire également notre article : Gwenn-Aëlle : "Un roman pour faire ouvrir les yeux aux femmes"

Gwenn-Aëlle Folange Téry pour (Lepetitjournal.com/mexico) Mercredi 04 novembre 2015 (republication)

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Publié le 4 novembre 2015, mis à jour le 4 novembre 2015

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