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LES JOURS HEUREUX - Episode 10 : Les copains

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 23 décembre 2015, mis à jour le 16 septembre 2015

Le Petit Journal de Mexico vous propose un nouvel épisode de la série Les jours heureux, feuilleton en français et en espagnol. Gwenn-Aëlle Folange Téry, écrivain et peintre, y raconte l'histoire d'une jeune fille bretonne qui part à la découverte du Mexique, et de son indépendance. Aujourd'hui épisode 10 : Les copains

Episode 1 : Le départ / Episode 2 : Le voyage / Episode 3 : La traversée / Episode 4 : Les repas / Episode 5 : Acapulco / Episode 6 : Les mardis / Episode 7 : L'indifférence / Episode 8 : Yucatán / Episode 9 : Noël

Les jours passent, elle se sent de plus en plus chez elle dans cette ville, dans le pays aussi. 

Ils ont visité Tula, et devant les Atlantes, géants de pierre, elle s'est pris à penser aux géants de Chichén Itzá : la güerita se pose des questions, premier pas vers la recherche archéologique. Elle ne sait pas  qu'il y a plusieurs théories quant à la cohabitation de Toltèques et de Mayas, ou du moins quant à l'influence artistique des uns sur les autres, personne n'ayant de véritable preuve pour déterminer qui inventa quoi et qui imposa ses idées à l'autre. Elle se promet de lire, lire, lire et surtout de comprendre.

"Elle apprend à jouer de la guitare pour accompagner ses copains chanteurs." (Photo M. Williams)

Yani est facile à garder, il fait ses devoirs avec application, en tirant la langue des fois, mais il les fait. Les journées sont toutes bâties sur le même programme mais elle ne s'ennuie pas. Elle apprend à jouer de la guitare pour accompagner ses copains chanteurs, prend des bains de soleil sur le toit de la grande maison et sort les samedis avec sa famille de Suédois. Malgré les fermes résolutions prises avant de sortir, le parcours est invariablement le même : librairies, restaurant, cinéma. Par contre, le choix des librairies est aléatoire: il y a la librairie française, la librairie américaine et la librairie allemande. Les livres ne sont pas neufs mais ils sont en bon état et la bibliothèque continue de se remplir. Elle vient de voir "La belle au bois dormant" au cinéma et ne rêve que de fées et de robes roses et bleues.

Les Barcelonnettes

Pourquoi elle ne s'ennuie pas ? Parce que les samedis soir et les dimanches sont à elle : elle sort avec ses copains, la bande originale, ou encore avec des Français, des Barcelonnettes. Ils ne sont pas de Barcelone en Espagne, non, mais d'un village des Alpes françaises, Barcelonnette. Leurs familles vivent au Mexique depuis une centaine d'années pour certains mais ils restent farouchement français : école, paroisse, hôpital, foyer et même un cimetière, tout est en place pour leur permettre de réussir ce tour de force. Les noms se répètent de génération en génération, les familles Arnaud, Fortoul, Michel, Manuel et bien d'autres encore travaillent à consolider affaires et fortune. Le Palacio de Hierro, Le Puerto de Liverpool et les Chapeaux Tardan ne sont que quelques exemples de la réussite formidable de tous ces hommes et de ces femmes venus de si loin. 

Les sorties

Donc elle sort, parfois en espagnol, parfois en français.

Elle chante, fume, boit et part en week-end avec sa bande mexicaine, les Sorales, un nom qui lui parle de soleil sans qu'elle sache pourquoi. Elle chante et fume surtout, ce sont les autres qui boivent, pas elle. Le goût de l'alcool ne l'enthousiasme pas et elle n'aime pas du tout perdre le contrôle sur son corps ou sur ses pensées. Elle n'est pas prude, loin de là, juste assez sage pour ne pas se laisser aller, même pour une soirée. On pourrait la croire ingénue mais il n'en est rien, elle est juste réservée.

La corrida  

Quand elle sort avec des Français, elle va au Caballo Bayo, restaurant chic situé au-delà de l'hippodrome ou encore aux corridas de taureaux. À une seule corrida pour être exact car elle trouve ce spectacle inhumain. Dés la première estocade, avant l'assassinat de la bête, elle sort complètement éc?urée de l'arène, parlant haut et fort de ces hommes armés qui affrontent à plusieurs un animal affolé, et dressant une liste infinie de qualificatifs honteux pour le public qui assiste à ce genre de spectacle. Il lui faudra plusieurs mois pour se remettre du choc.

Les tranches de savon

Avec tous, elle s'amuse. Son novio du moment est français, Barcelonnette justement. Elle aime se retrouver avec lui, parce qu'ils sont bien ensemble oui, mais aussi et surtout parce que la conversation en français la délasse de l'effort continuel de s'exprimer dans une autre langue que la sienne. Elle parle mieux l'espagnol et ne fait plus que quelques erreurs pas bien graves. Autour d'elle on rit souvent, surtout le jour où elle demande cinq tranches de savon au lieu de demander cinq tranches de jambon. Son accent et son regard la mettent à l'abri de toutes les moqueries et les vendeurs du marché la connaissent tous, elle a toujours un sourire pour chacun. Oui, la jeune fille des contes de fées revient dans l'histoire, sage, ingénue et souriante.

Pour Pâques, un petit voyage est prévu, elle part une semaine avec ceux qui chantent. Elle a même écrit à ses parents pour leur demander la permission de partir, même si elle sait parfaitement que la lettre arrivera bien après qu'elle soit revenue. Les lettres de sa famille sont rares, si rares qu'elle prend tous les prétextes qu'elle peut pour provoquer une réponse.

Elle n'a pas osé pourtant plaisanter sur le papier. Le nom de la première ville où ils vont, Cuernavaca, la fait mourir de rire, comme on rit à son âge : Corne de vache ? Vache à cornes ?? Elle ne peut faire un choix entre les deux interprétations, mais rit encore en s'endormant, pensant à ses parents qui ne sauront pas combien ils auraient pu rire aussi, s'ils savaient le faire.

DÍAS DE SOL : Los cuates 

Pasan los días, se siente más y más en casa en esta ciudad, en este país.

Visitaron Tula, y frente a los Atlantes, gigantes de piedra, pensó en los gigantes de Chichén Itzá: la güerita tiene muchas preguntas, primer paso hacia la investigación arqueológica. No sabe que hay varias teorías en cuanto a la cohabitación de toltecas y mayas, o por lo menos de la influenza artística de unos sobre otros, no teniendo nadie ninguna prueba para determinar quién inventó qué y quién le impuso sus ideas al otro. Promete en silencio leer, leer, leer y sobre todo  entender.

Cuidar a Yani es fácil, se aplica con la tarea, rengueando a veces, pero la hace. Todos los días siguen el mismo programa pero no se aburre. Aprende a tocar la guitarra para acompañar a sus cuates cantantes, sube al techo de la casona para tirarse al sol y sale todos los sábados con su familia de suecos. A pesar de las firmes resoluciones tomadas antes de salir, el recorrido es invariablemente el mismo: librerías, restaurante, cine. En cambio, la elección de la librería sí es aleatoria: están la librería francesa, la librería americana y la librería alemana. Los libros no son nuevos pero están en buen estado y la biblioteca se sigue llenando. Acaba de ver ?La bella durmiente? en el cine y no sueña más que con hadas y vestidos rosas y azules.

¿Y cómo es que no se aburre?  Es porque los sábados y domingos le pertenecen: sale con sus amigos, la banda original, o a veces con unos franceses, del grupo de los barcelonnettes. No son de Barcelona en España, no, son de un pueblo de los Alpes franceses, Barcelonnette, sin ?s? al final. Algunas de sus familias viven en México desde hace más de cien años pero siguen siendo condenadamente franceses: escuela, parroquia, hospital, asilo y hasta cementerio, todo está dispuesto para llevar a bien esa proeza. Los apellidos se repiten de generación en generación, las familias Arnaud, Fortoul, Michel, Manuel y muchas más trabajan en la consolidación de negocios y fortunas. El Palacio de Hierro, El Puerto de Liverpool y los Sombreros Tardan no son más que algunos ejemplos del éxito impactante de todos esos hombres y mujeres venidos de tan lejos.

Y ella sale a pasear siempre que puede, unas veces en español y otras en francés. 

Canta, fuma, bebe y sale de fin de semana con sus amigos mexicanos, los Sorales, nombre que evoca para ella sol y llano, así, sin obvia justificación. Bueno canta y fuma, porque ella no toma, toman los demás. El sabor del alcohol no la entusiasma y no le gusta nada perder el control sobre su cuerpo o sobre sus ideas. No es mojigata, en absoluto, sólo es lo suficientemente bien portada como para no dejarse llevar, aunque sea sólo por una noche. Podría parecer ingenua pero no es el caso, sólo es reservada.

Cuando sale con franceses, va al Caballo Bayo, restaurante elegante situado más allá del hipódromo o también a las corridas de toros. A una sola corrida para ser exactos, porque el espectáculo le parece absolutamente inhumano. En cuanto sueltan la primera estocada, antes del asesinato del animal, sale de la arena, absolutamente asqueada, gritando casi, buscando dónde denunciar a esos hombres armados que atacan en grupo a un animal solo y asustado, y listando también un sinnúmero de calificativos vergonzosos para el público de tal espectáculo. Necesitará varios meses para reponerse de la impresión.

Se divierte mucho, con todos. De momento tiene novio francés, barcelonnette justamente. Le gusta estar con él, porque se llevan bien claro, pero también porque la plática en francés le permite descansar del esfuerzo continuo que hace al expresarse en un idioma que no es el suyo. Ya habla mejor español y no comete más que algunos errorcillos, muy pequeños. A su alrededor, la gente se ríe muy seguido, sobre todo cuando pide cinco rebanadas de jabón en lugar de pedir cinco rebanadas de jamón. Su acento y su mirada la mantienen a salvo de las burlas mal habidas y los vendedores del mercado la conocen todos, ella siempre le sonríe a cada uno de ellos. Sí, la muchachita de los cuentos de hadas sigue presente, bien portada, ingenua y sonriente.

Para Semana Santa, se está organizando un viajecito, se va una semana con los que cantan. Inclusive mandó una carta a Francia para pedir permiso a sus padres, aunque sabe perfectamente que su carta llegará mucho después de que haya regresado del viaje. Las cartas de su familia son escasas, tan escasas que ella hace uso de cualquier pretexto para provocar una respuesta.

Claro que no se atrevió a bromear en la carta. El nombre de la primera ciudad a la que van, Cuernavaca, la tiene doblada en dos, muerta de la risa, una risa joven: ¿Cuerno de vaca? ¿Vaca con cuernos? No logra decidirse entre las dos interpretaciones, pero sigue riendo a la hora de dormir, pensando en sus padres  que no sabrán nunca cuanto se pudieron haber reído, si lo supieran hacer.

 Capítulo 1 : La partida - Capítulo 2 : El viaje -
Capitulo 3 - 
La travesía -Capitulo 4 - La comida -Capitulo 5 - Acapulco -Capitulo 6 - Los martes -Capitulo 7 - La indiferencia - Capitulo 8 - Yucatán -Capitulo 9 - Navidad

Gwenn-Aëlle Folange Téry pour (Lepetitjournal.com/mexico) Mercredi 23 décembre 2015 (Republication)

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Publié le 23 décembre 2015, mis à jour le 16 septembre 2015

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