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RUGBY- Le pari des investisseurs australiens

Écrit par Lepetitjournal Melbourne
Publié le 2 avril 2013, mis à jour le 8 février 2018

Le rugby français attire les investisseurs australiens, rencontre avec David Gibson, PDG de FG Management, actionnaire majoritaire du Racing Club de Narbonne Méditerannée - RC Narbonneclub prometteur actuellement en pro D2.

Lepetitjournal.com - Pourquoi avoir investi à Narbonne, un club de pro D2 ?
David Gibson :
 Mon associé Bob Dwyer, ancien entraîneur de rugby gagnant d'une Coupe du Monde, Rocky Elsom, ancien Wallabies et moi-même, nous nous sommes réunis et avons mis noir sur blanc ce à quoi nous étions bons et nous sommes arrivés à la conclusion : manager une équipe de rugby. Comme en Australie, les équipes sont sous la coupe de la Rugby Union et qu'il y a très peu de franchises, nous nous sommes demandés où nous pourrions être propriétaires d'un club de rugby et nous avons pensé à la France car nous aimons tous beaucoup la France. Bob a d'ailleurs été entraîneur du Racing club à Paris et donc nous sommes allés en France. D'abord, nous nous sommes intéressés à Nice, à Bayonne puis Narbonne.

Un ami de Bob, Anthony Hill, un australien, qui est parti jouer en France il y a 17 ans, est très impliqué à Narbonne, il connaît tout le monde et tout le monde le connaît. Et ce soutien de la mairie est très important pour nous car nous parlons tous peu le Français et donc nous avons besoin d'aide. Il connaît les dessous et où sont les intérêts de tous. L'histoire de Narbonne avec plus de 100 ans de présence en première division nous a aussi séduit. 

Narbonne nous offrait tout ce qu'on pouvait souhaiter : le soutien du gouvernement qui avait besoin d'aide, un ancien club très fier et le soutien de la ville. Donc on a choisi Narbonne.

Quelle est votre approche de gestion ?
En France on a la possibilité de gérer le club comme une société, contrôler notre budget  et de mettre en place notre modèle de gestion qui est avant tout du développement durable. Nous sommes très différents des autres clubs qui ont souvent comme propriétaires des millionnaires qui peuvent s'acheter des joueurs, notre modèle est avant tout du développement durable c'est à dire que chaque sou gagné est réinvesti dans le club. A l'heure actuelle nous ne faisons aucun profit. Notre objectif est de revenir en top 14 et de vendre ou non le club à ce moment-là. Ce genre de modèle ne peut pas être mis en place ici à cause de la structure du jeu.

Cela nous plaît tellement que nous cherchons à investir dans un autre club. Pourquoi pas Lyon, que Narbonne a battu dernièrement ? Un club en deuxième division, la deuxième plus grande ville de France avec un budget de près de 50 millions d'euros alors que Narbonne est à 4 millions.

Pour qu'un club marche il faut de bons joueurs, quelle est votre politique de recrutement ?
Même si nous avons de très bons joueurs en Australie, nous ne voulons pas faire un club australien à Narbonne. Notre modèle, à l'encontre de ce qui se fait, n'est pas de regarder quel est le meilleur joueur international d'abord et après regarder les locaux. Nous faisons le contraire, d'abord des locaux, puis des français de renommée internationale et après nous remplissons avec un joueur international. Notre modèle de gestion est de dépenser ce que nous avons et non comme la plupart des clubs qui dépensent plus que ce qu'ils ont, ce qui n'est pas soutenable à long terme.

Quelle était la situation à Narbonne?
Narbonne est un investissement à long terme. Quand nous avons repris le club, ce dernier avait près de 1,5 million de dettes. En un an on a réussi à réduire de moitié la dette et cette année on ne devrait plus voir aucune dette. Pas mal en 3 saisons. Nous sommes propriétaires à 95 % depuis décembre 2012. La ville de Narbonne a les 5 % restants.

Comment êtes-vous perçus dans la région et la ville ?
Bien. Je pense que nos expériences communes, celles de Bob, de Anthony et moi-même rassurent les locaux qui semblent nous suivre.

Le soutien des supporters est important dans le monde du sport, avez vous des relations différentes avec les supporters du club ?
Ce que je préfère c'est l'esprit tribal de ce jeu à Narbonne. A défaut du footy dans le Victoria qui a cet esprit de tribu, à Sydney où le rugby est prédominant cet esprit n'existe pas. En France et à Narbonne spécialement, nous sommes le cœur de la ville et j'adore ce tribalisme. En moyenne, à chacun de nos matchs - et nous sommes en pro D2 -  nous avons 5.000 supporters pour une ville de 50.0000 habitants, ce qui est pas mal. Nous avons eu 4 victoires depuis le début de la saison et je peux vous dire que le match contre Béziers en avril sera à guichet fermé.

Combien de joueurs australiens y a-t-il dans l'équipe ?
Quatre qui sont arrières ou demis de mêlée. Mais notre but n'est pas de faire un club australien. Il faut des joueurs français car ils comprennent le jeu, qui est différent, plus dur et serré. On a en ce moment un wallabies, Julian Huxley, qui a joué en coupe du monde en 2007 et avec les Melbourne Rebels dans le super 15 l'année dernière et il a eu du mal à s'adapter car il y a plus de confrontations.

Quelle est votre marque en tant que manager ?
Notre impact en tant que manager de l'équipe réside plus dans des petites choses, la façon dont l'entrainement se passe, comment on gère le quotidien du club. Mais aussi l'approche des sponsors. Traditionnellement, les sponsors en D2 sont des sociétés locales, et nous avons reçu un soutien extraordinaire. Mais il nous faut des sponsors internationaux. C'est ce sur quoi je travaille avec la chambre de commerce et d'industrie et Bruno Gutton – Président national de la chambre française de commerce en Australie. Nous voulons monter en top 14 et là il nous faudra des sponsors qui puissent nous suivre. Mais notre histoire est intéressante et différente et nous avons de bons retours.

Nous entraînons aussi des joueurs australiens à Narbonne et même si ce n'est pas toujours facile car les saisons française et australienne se chevauchent, c'est une bonne formation pour les jeunes joueurs de se confronter au jeu français.

Quel est le budget d'une équipe comme la vôtre ?
Comme je vous le disais Lyon c'est 50 millions d'euros par an, Narbonne c'est 4 millions. Ca peut en gros vous coûter autant que vous voulez dépenser. La plus grande dépense étant les joueurs. Même si cela a la taille d'une petite à moyenne entreprise vous gérez une équipe de rugby et vous ne pouvez pas faire de compromis avec l'équipe d'entraîneurs et l'équipe médicale.

Quel est le challenge pour FG management à Narbonne ?
D'accroître notre revenu en dehors de Narbonne. Avec des sponsors derrière nous, nous pourrions soit acheter des joueurs ou plutôt investir dans la formation et l'entraînement de jeunes joueurs. Pour ça Bob est parfait car il sait quels sont les joueurs avec du potentiel et ceux qui peuvent aller en top 14. A l'heure actuelle, 50% de notre équipe a les capacités d'aller en top 14. La saison prochaine on veut avoir 75% de notre équipe capable d'aller en top 14. Car une fois qu'on sera au top 14 on veut y rester.

Propos recueillis par Sophie Short (www.leptitjournal.com/melbourne) mercredi 3 Avril 2013

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Publié le 2 avril 2013, mis à jour le 8 février 2018

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