Jeudi 17 novembre, en partenariat avec la chambre de commerce franco-philippine, Adélaïde Lefèvre, psychologue et chroniqueuse pour lepetitjournal.com/manille, est intervenue, auprès de professionnels français et philippins, autour de la question "Travailler dans un contexte multiculturel : comment réussir ?":. Elle nous livre ici la retranscription de son intervention.
A l'évocation du contexte multiculturel dans lequel vous travaillez, quels sont les premiers mots qui vous viennent à l'esprit ?
Challenge ? Excitation ? Agonie ?
Commençons par une histoire personnelle.
Il y a 15 ans, je débutais ma carrière de jeune psychologue dans un hôpital psychiatrique au Vietnam. J'arrivais avec mon sac à dos rempli de motivation, d'attentes, de ma culture, de mes valeurs et de ma représentation de mon métier et de ce qu'est un "bon" psychologue. Le psychiatre du service me proposait très rapidement de participer à une consultation avec un patient. Quelle belle opportunité pour une jeune psychologue !
Ce que j'allais découvrir sur la manière de mener cette consultation allait me choquer profondément ! La consultation du patient se passait à l'extérieur de la cour du service de l'hôpital, au milieu de tout le monde : autres patients, personnel soignant, famille. C'était en réalité une consultation de groupe dans laquelle chacun exprimait son avis, ses remarques et parlaient du patient qui quant à lui s'exprimait très peu !
J'avais appris à l'université que le psychologue devait s'intéresser au patient dans son individualité et son unicité. J'étais révoltée par cette manière de procéder aux antipodes de ma conception. J'ai ressenti alors beaucoup de frustration, de colère, de déception. J'ai commencé à juger cette culture si différente de la mienne. J'étais prisonnière de ma perception du monde, de la vie.
Après quelques semaines d'inconfort, j'ai fini par comprendre que je devais changer, au lieu de vouloir changer les autres ! J'ai réalisé qu'il fallait que j'ouvre mon univers et que ma culture n'avait pas le monopole de la vérité et qu'il n'y avait ni bonne, ni mauvaise culture. J'ai compris qu'au Vietnam, l'harmonie du groupe prime sur l'équilibre individuel.
Si vous regardez cette image, que percevez-vous en premier ?
Nous pouvons y voir des visages ou un vase.
Ces deux perceptions sont vraies, aucune n'est fausse et pourtant il y en a une pour laquelle vous êtes moins à l'aise. Prendre conscience de ces différentes perceptions est le point de départ du travail entre plusieurs cultures.
Je voudrais partager avec vous 3 outils qui pourront vous accompagner tout au long de votre parcours professionnel.
A SUIVRE dans notre édition du mercredi 23 novembre 2016
Adélaïde LEFEVRE (www.lepetitjournal.com/manille) mardi 22 novembre 2016