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POLITIQUE – Thierry Mariani, député des Français de l’étranger

Écrit par Lepetitjournal.com aux Philippines
Publié le 18 janvier 2016, mis à jour le 4 juillet 2016

Mardi 24 novembre dernier, trois élèves journalistes du Lycée Français de Manille, Lila BUNOAN, Alban GAUTROT et Pablo MORSIA, ont eu l'opportunité de pouvoir interviewer Thierry MARIANI, député des Français de l'étranger de notre circonscription, de passage à Manille.

Retour sur son parcours et sa mission.

Lepetitjournal.com/Manille : Qu'est-ce qui vous a motivé à devenir député des Français de l'étranger ? Quelles expériences, dans votre parcours, permettent d'expliquer ce choix ?

Thierry MARIANI : J'ai été élu député en 1993 dans le Vaucluse. J'avais 34 ans et pendant 20 ans j'ai été député de cette circonscription, sauf pendant mon mandat de Ministre (des Transports, 2011-2012 ? note de la rédaction) et quand j'ai été Représentant spécial de la France pour l'Afghanistan et le Pakistan (2009-2010? note de la rédaction). Parallèlement, depuis l'an 2000, je me suis occupé, au sein de mon parti, des Français de l'étranger. Michèle ALLIOT-MARIE m'avait confié cette mission et je suis ainsi devenu, pour la droite, le spécialiste de la question des Français de l'étranger pendant 12 ans.

Lors de sa campagne présidentielle, Nicolas SARKOZY avait promis la création des députés des Français de l'étranger. Pour que, sur les recommandations du Conseil constitutionnel, les députés des Français de l'étranger aient la même représentativité que les députés des circonscriptions françaises (environ 150.000 citoyens), 11 postes ont été créés. Ces postes ne se sont pas surajoutés à ceux déjà existants. Il s'agissait d'un rééquilibrage. Le nombre équivalent de postes a été supprimé en France et le nombre de députés est ainsi resté de 577.

En fonction de la densité des populations françaises expatriées, les territoires de responsabilité de ces députés sont extrêmement variés : la Suisse et le Lichtenstein forment la plus petite circonscription ; la Belgique, le Luxembourg et les Pays Bas constituent une seconde circonscription très dense ; mais la zone Asie-Pacifique est extrêmement étendue car les communautés françaises y sont limitées. Cette 11ème circonscription s'étend de Kief au Vanuatu sur 11 fuseaux horaires et les problématiques des Français qui y vivent sont diverses : les problèmes auxquels sont confrontés les Français de Bombay et ceux d'Australie ne sont évidemment pas les mêmes.

Même si je n'ai jamais habité de manière fixe dans un pays étranger, j'étais alors à droite considéré comme le spécialiste des Français de l'étranger et donc le plus à même de prendre en charge cette zone complexe.

Quelles différences peut-on souligner entre les fonctions de député des Français de l'étranger et député d'une circonscription française ?

Lorsque vous êtes à Paris il n'y en a aucune puisque vous siégez de la même manière à l'Assemblée, avec les mêmes devoirs, les mêmes obligations, les mêmes moyens. Mais il est évident que vous suivez prioritairement quatre dossiers : le réseau éducatif et culturel à l'étranger (les établissements scolaires et les alliances françaises), le réseau diplomatique et consulaire (les ambassades et les consulats), le réseau économique (les chambres de commerces, les postes d'expansion économique, Business France?) et les problèmes individuels des personnes (impôts, retraites, assurance sociale?).

La vraie différence concerne les distances qui séparent Paris de ma circonscription. Il nous faut au minimum être deux à trois jours par semaine à Paris et je passe ainsi entre trois jours et demi et quatre jours par semaine en Asie. Je fais donc des navettes permanentes entre les deux. La semaine dernière par exemple, je suis allé à Shenzhen, à Canton, à Tokyo et à Damas. Mais les temps de transports sont à peine plus longs que lorsque j'étais député du Vaucluse : il n'y avait alors pas de TGV !

Comment les Français de l'étranger considèrent-ils votre travail législatif qui n'a pour part aucune répercussion sur leur vie d'expatriés ?

Très souvent il y a une confusion : nous n'avons pas de compétences locales et ne pouvons pas intervenir, par exemple, sur les problèmes de séjour des expatriés français à l'étranger, qui relèvent de la législation de leur pays d'accueil.

Il est par ailleurs vrai que certaines lois ont des répercussions sur les Français de l'étranger et d'autres non. Mais l'existence des députés des Français de l'étranger permet de se demander, pour chaque loi discutée, si elle a des impacts sur les Français de l'étranger et de prendre systématiquement en compte leurs problématiques spécifiques. Sur les 11 députés des Français de l'étranger, tous les partis politiques sont par ailleurs représentés (6 à gauche et 5 à droite).

Quels domaines représentent aujourd'hui pour vous des champs d'action prioritaires ?

L'emploi est actuellement le vrai problème de la France. Alors que la plupart de nos pays voisins européens se relèvent de la crise économique, la France continue de s'enfoncer. Il y a une vraie urgence dans ce domaine : réformer le droit de l'entreprise, réduire le train de vie de l'Etat?

La deuxième urgence concerne les frontières : tout pays doit pouvoir contrôler qui rentre sur ses frontières pour éviter les problèmes d'intégration et faire face aux problèmes du terrorisme.

Y a-t-il d'autres dossiers qui vous tiennent particulièrement à c?ur ?

En tant que député des Français de l'étranger je suis particulièrement sensible à la question de l'éducation, parce que, dans ce domaine, il n'y a pas d'alternative : seul l'état peut fournir ce service aux Français de l'étranger. Il faut être très vigilant au maintien de notre réseau. A l'échelle du budget de l'état, l'Agence pour l'Enseignement Français à l'Etranger ne représente pas un coût énorme. C'est aujourd'hui le dossier le plus crucial.

En tant que membre de la commission des affaires étrangères, je suis également très intéressé par les dossiers de politique étrangère. Aider des Organisations non gouvernementales dans des zones difficiles me tient à c?ur.

Pourquoi donc aujourd'hui cette visite à Manille ?

J'ai rencontré au mois de mai dernier l'abbé Matthieu DOCHEZ, qui consacre sa vie aux "enfants des rues" de Manille avec l'association Anak. Je lui avais promis de revenir.

Et cela me donnait l'opportunité de rencontrer la communauté française, à l'occasion des soirées Beaujolais nouveau de Manille et de Cebu.

Quel projet aux Philippines vous semble aujourd'hui particulièrement important ?

Le grand projet pour les années à venir concerne pour moi la pérénité  et le développement du Lycée Français de Manille, qui est exemplaire par son positionnement au sein de l'Eurocampus (associé à l'école allemande) et par son équipement.

J'essaie également de suivre et de développer la présence des entreprises françaises aux Philippines en partenariat avec la Chambre de Commerce. Je n'oublie évidemment pas le travail à mener avec l'Alliance française. Et suis d'accord avec le nouvel ambassadeur qui a décidé d'être particulièrement attentif aux jeunes volontaires internationaux et de mieux les accompagner.

Mais le principal projet reste le Lycée Français de Manille.

Lila BUNOAN, Alban GAUTROT et Pablo MORSIA (www.lepetitjournal.com/manille) mardi 19 janvier 2016

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Publié le 18 janvier 2016, mis à jour le 4 juillet 2016

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