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IMPRESSIONS DE MANILLE – Un printemps à Manille

Écrit par Lepetitjournal.com aux Philippines
Publié le 6 mars 2016, mis à jour le 12 mars 2016

J'interrogeais dans ma précédente chronique "l'absence de ce glissement des saisons et l'impassible égalité des jours" à Manille. Et voilà qu'on nous annonce ouvert, en cette semaine du 7 mars 2016, le 18ème "Printemps des poètes" !...

Le "retour de la poésie dans l'espace public"

"Le Printemps des poètes"  est une manifestation qui vise à faire connaître la poésie et à la partager le plus largement possible, chaque année, durant deux semaines, au mois de mars. A l'initiative de de Jack Lang et d'Emmanuel Hoog, cette action est portée par une association du même nom, soutenue par les ministères de la Culture et de l'Education nationale.


"Au Printemps des Poètes, nous savons bien que la poésie n'a pas de saison. Si la preuve est faite que la manifestation de mars contribue de façon déterminante au retour de la poésie dans l'espace public, nous sommes décidés plus que jamais à l'inscrire dans une action au long cours. Informer, conseiller, former, accompagner des projets, mettre en relation, promouvoir le travail des auteurs vivants, des éditeurs, des artistes, telles sont les tâches auxquelles nous nous dédions toute l'année.", déclare Jean-Pierre SIMEON, poète et directeur artistique du "Printemps des poètes".

Le "Grand 20ème"

Chaque année, le "Printemps des poètes" choisit un thème autour duquel s'organise l'ensemble de ses actions. Il met cette année à l'honneur "le Grand 20ème" : les différentes écritures qui, à travers le siècle passé, "d'Apollinaire à Bonnefoy", ont fondé notre modernité, ont accompagné de leurs lumières et de leurs questionnements les différentes étapes et mutations d'une période riche, trouble, complexe.

Ce thème nous invite à nous souvenir de ces textes qui nous ont construits et continuent de porter les jeunes générations et à goûter une nouvelle fois ensemble la saveur de leurs images et de leurs musiques : sublimes chants d'amour inaugurés dans l'extase surréaliste lorsque "la courbe de tes yeux fait le tour de mon c?ur" (Paul ELUARD, Capitale de la douleur, 1926), cris de révolte face à la boucherie de la guerre, à l'occupation et à toutes les injustices de ceux qui ont "aimé farouchement [leurs] semblables [?], bien au-delà du sacrifice" (René CHAR, Feuillets d'Hypnos, 1946) "car ces c?urs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, / du jour et de la nuit" (Robert DESNOS, 1943), vastes éclats de rire, méditations rêveuses?

Dans un poème fondateur, "Zone" (Alcools, 1913) Guillaume APOLLINAIRE écrit :

 "Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux"

Il affirme ainsi que la poésie est partout, que ses images et ses musiques ouvrent au c?ur de la cité un espace d'enchantement à qui veut bien s'y rendre disponible. La poésie ainsi nous aide à porter un nouveau regard sur le monde qui nous entoure et ses évolutions parfois déroutantes, à l'interroger et à l'habiter différemment.

Quel printemps pour Manille ?

Le Lycée français de Manille, l'Alliance française de Manille et l'Ambassade de France aux Philippines portent haut, en ce printemps, les couleurs de la poésie française.

Ces trois institutions profitent de la concomitance de cette manifestation avec la "Semaine de la francophonie" du 14 au 20 mars prochain pour programmer spectacles, concerts, expositions, lectures rencontres? Un prochain article vous présentera les enjeux de cette semaine et son déroulé précis.


Lepetitjournal.com/manille participe à cette programmation en proposant, chaque matin de cette semaine, dans ses brèves, le "poème du jour". Découvrez ou redécouvrez quelques vers célèbres de ce "Grand 20ème"? à lire seul, en famille, entre amis, pour bien commencer la journée, faire une pause ou tourner la page vers une douce nuit !

Ces poètes qui nous parlent de nous?

Henry BAUCHAU, poète belge de langue française (1913-2012) n'ouvre-t-il pas, avec cet extrait des "Poèmes pendant la Guerre du Golfe" (Heureux les déliants, 1995), une fenêtre dans le ciel de Manille ?

"C'était un rêve d'aujourd'hui. Visages pâles / Mégapole, banlieues / Avec de longs trajets / Jusqu'à la fin de la journée obéissante / Où l'on attendait de nouveau / Le nouveau qui n'arrivait pas.

Soudain dans les forêts perdues, inexistantes / La bonté élevait l'arbre à venir / L'océan de feuilles toujours vertes. / Les enfants s'endormaient sous son ciel et s'éveillaient rieurs. / L'esprit riait aussi, ardent, vigueur, rigueur / Faisant la traversée sur les ailes de l'ange / Mathématique du futur.

On s'éveillait voyant / On était regardé dans les yeux par le jour. "

François COUDRAY (www.lepetitjournal.com/manille) lundi 7 mars 2016

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Publié le 6 mars 2016, mis à jour le 12 mars 2016

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