Nouvelle chronique poétique cédée aux élèves de 2de de l'option Littérature et Société du Lycée français de Manille. En écho au travail d'exploration et d'analyse géographiques du quartier de Betterliving à Parañaque, ils se sont emparés des outils du poète pour interroger le défilé du paysage urbain au rythme chaotique du tricycle. Traverser et vivre différemment cet environnement a priori si familier.
Grillages ? Klaxon ? Accélération
Les portails qui défilent
Les arbustes bordant la route
L'eau coulant dans les bouches d'égout
Ça cogne
L'air souffle dans mes cheveux
La chaleur m'envahit
Grillages ? Klaxon ? Accélération
Les grincements des vélos rouillés
La peinture des façades écaillée
Une bouffée d'air chaud
Difficile de regarder la route
Que de dos d'ânes !
Grillages ? Klaxon ? Accélération
Une odeur d'essence
De nouvelles constructions
De la poussière partout
La fumée aveuglante d'un camion
On arrive au marché
Des stands de fruits
L'odeur des beignets
Grillages ? Klaxon ? Accélération
La route déformée
On s'arrête
On laisse passer les voitures
Des odeurs de gaz
L'air est chaud
Le vent frappe la figure
Des motos nous doublent
Grillages ? Klaxon ? Accélération
Des portails en ciment
Comme ceux des prisons
Que de secousses !
Un terrain vague
Le moteur rouillé
Puisant dans ses dernières réserves
On arrive, enfin !
Salomé IFF
Le véhicule avance d'une manière troublante, ambiguë, sans suivre les règles qui nous sont familières : virant à droit, à gauche, slalomant entre les autres voitures, les tricycles, les jeepneys. On perçoit diverses couleurs : le vert des palmiers, le jaune des fruits, le rouge des véhicules. On traverse ce paysage exotique et tropical. Dans la vitesse on ressent à la fois la fraicheur du vent et l'empoisonnement de la pollution dans nos narines.
Jérémy DIONE
Vroom... Vroom...
Le tricycle est arrivé
On s'y installe
Et commence la journée.
Clic ? Clac
Des bruits partout,
On passe les maisons,
A côté de nous.
Vroom... Vroom...
On accélère encore,
Les couleurs des maisons
Se troublent.
Clic ? Clac
On s'approche du marché
Partout des personnes
En train d'acheter...
Des légumes,
Des fruits,
Des viandes diverses, chair, gibier, barbaque, bidoche,
Aux odeurs dégoûtantes.
Jennifer BAROIN
Sous la chaleur omniprésente
Le bitume s'expose
Et défile sous mes yeux
Je le salue : ?adieu !?
Les couleurs rayonnent
Le rouge, le bleu et le vert
Sous la canicule les taules s'animent
L'odeur du carburant cogne
La population s'active
A gauche, à droite
Et elle s'esquive
Dans une utopie maladroite
Pablo MORSIA
Keanu FAYNO
L'irrégularité de la route me fait sauter
Devant moi les maisons filent et n'arrêtent pas de défiler
La chaleur se bat contre le vent
Dans cet instant
Je vois
Je prends
Des images qui flashent et qui passent
On continue mais jamais dans une impasse
Les roues tournent, on avance
Dans le bruit du moteur qui brise le silence
Ici c'est calme mais plein de caractère
Je vois devant moi la voiture que conduisait ma mère
On commence à ralentir
Et bientôt on devra sortir
De ce beau véhicule qui nous a emmené
Et qui nous ramènera à la réalité
Yawen CLAUDIO
Ça pétarade BEAUCOUP, ça pue, et ça part
VROOOOOOOOOOM
Arbres, terrain de basket, fumée, ça pue
BAM ? dos d'âne. Ça m'énerve.
Soudain une accélération de malade
Des couleurs flous de beige, noir, gris
BAM ? dos d'âne. Ça cogne et ça m'énerve
Des maisons, une voiture grise, des arbres
Une route pourrie ? oh non
BAM
BAM
BAM ? mais **** alors !
On reprend la route mais une auto la bloque. On s'arrête. Le temps semble ne plus défiler. Je vois soudain tout nettement : les maisons jaunes avec des grillages pointus, le chat qui se balade sur la rue, le linge de quelqu'un qui sèche sous le soleil, les arb?
VROOOM
On vire et double l'auto immobile.
Carrefour, chantier, fumée (beurk !)
BAM ? dos d'âne et je glisse de mon siège
Ça accélère ça freine, ça m'énerve.
On tourne
On est arrivé au marché. Le tricycle ralentit.
Les bruits de gens qui crient sonnent dans les oreilles. Les odeurs de poisson remplissent les narines. Le chaos de voitures, tricycles et vélos qui n'obéissent jamais aux règles?
Et soudain on fait un U-turn et on repart vers l'école.
Ça pétarade, ça pue le carburant.
Sous le soleil torride, le vent souffle gentiment sur mon visage. Ça me rafraichit. J'aime bien ça et je me perds dans mes pensées. Je ne vois, ne sens et n'entends plus rien.
On est arrivé.
Isabelle NOUVELOT
Chaleur du Soleil et chaleur du métal, avec la rapidité, tout passe, ça brule, ça hurle, ça chauffe et c'est moche. Je sautille à cause de ces rebondissements agaçants. Bleu, marron, vert, jaune ROUGE, les arbres, les buissons et les maisons défilent. Les ordures puantes et toxiques infectent mes narines.
Gabriel DELAMARRE
Les élèves de Littérature et Société (2de ? LFM) (www.lepetitjournal.com/manille) mercredi 28 juin 2017