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ELECTIONS – la famille en question…

Écrit par Lepetitjournal.com aux Philippines
Publié le 24 avril 2016, mis à jour le 20 avril 2016

Les droits des femmes et des minorités concernent et impliquent l'ensemble de la société civile sur laquelle ils ont d'importantes répercussions. Rapide panorama des prises des positions des candidats à la présidentielle sur les délicates questions des politiques familiales, de l'avortement, du divorce et des droits des LGBT (Lesbian, gay, bisexual, and transgender).

Planning familial et avortement
 
A l'exception du vice-président Jejomar Binay, qui reste flou sur la question, tous les candidats se sont positionnés en faveur de la loi de planning familial. Mais l'avortement reste presque unanimement condamné, dans un pays encore très catholique.

Dès 2011, le Philippine Daily Inquirer expliquait le positionnement ambivalent de Jejomar Binay, défendant tout à la fois la vie et la possibilité du choix, et prétendant alors n'avoir aucun problème avec l'utilisation de préservatifs.
Mais alors qu'il reste silencieux sur la question du planning familial, ses filles exposent haut et fort des points de vue beaucoup plus tranchés, notamment lors du débat qui a précédé la décision prise en 2014 par la Cour suprême, déclarant constitutionnelle la loi de planning familial.
La sénatrice Nancy Binay avait alors expliqué : "Si je m'oppose aux politiques de planning familial, c'est parce qu'il m'est difficile de promouvoir des techniques dont je n'ai aucun usage. J'ai espacé les naissances de mes enfants sans avoir recours à aucun artifice technique." (interview accordée en  2013 à la télévision ANC)
Et Abigail Binay, élue du 2ème district de Makati, de lui rétorquer : "Nous avons avec mon père des échanges houleux et intimidants. Je dois évidemment prendre en considération son point de vue et réussir à le faire dialoguer avec ma position personnelle." (entretien accordé en 2013 à Rappler).
A la suite de la décision de la Cour suprême, Jejomar Binay a considéré que le débat n'avait plus cours : "Je suis confiant dans le fait que nous laisserons tous nos divisions derrière nous."
Il partageait alors le point de vue de la Conférence des évêques philippins qui engageait ses fidèles à "passer à autre chose", ajoutant que l'Eglise devait "continuer à enseigner ce qu'il était juste et moral de faire."

Tous les autres candidats à la présidentielle, Rodrigo Duterte, Grace Poe, Mar Roxas et Miriam Defensor Santiago ont donc défendu la loi de planning familial.

La sénatrice Miriam Defensor Santiago en a d'ailleurs été le chantre, déclarant dès 2012 qu'il s'agissait de son combat le plus important comme élue et comme femme : "L'absence de cette loi est particulièrement cruelle pour les pauvres. ", précise-t-elle alors.
Elle ne relâche d'ailleurs pas son attention et condamne fermement, en janvier dernier, les coupes "immorales" dans le budget du planning familial. Elle défend comme l'un des points de son programme pour la présidentielle l'application intégrale de la loi de planning familial.
 
La position de Rodrigo Duterte est quant à elle pleine de contradictions : alors qu'il expose sans retenu son goût pour les femmes et que plusieurs de ses déclarations sur ce sujet ont récemment fait l'objet de scandales, il est dans le même temps un ardent défenseur du planning familial. Dès 2005, il mettait en place des incitations financières pour l'utilisation des moyens chirurgicaux de contraception et, avant même le débat en question, la ville de Davao distribuait des contraceptifs.

Miriam Defensor Santiago et Rodrigo Duterte ont cependant toujours clairement distingué les questions du planning familial et de l'avortement, qu'ils condamnent tous deux.

Il en va de même pour Grace Poe qui déclare que la loi de planning familial est un "véritable progrès dans notre combat contre les incidents mortels qui touchent encore de trop nombreuses mères lors de l'accouchement." Elle a même défendu, en 2013, l'idée d'un "soutien financier aux couples en difficulté pour concevoir un enfant".

Mar Roxas a lui aussi fait montre d'une position très ferme lors du débat sur la loi de planning familial.

Divorce

Le divorce est, comme l'avortement, unanimement condamné par les candidats à la présidentielle. Miriam Defensor Santiago une nouvelle fois se démarque et prend une position d'autant plus courageuse qu'elle est isolée.

Lire à ce sujet, notre article du 23 mars dernier.

Droits des LGBT : lutte contre les discriminations et mariage entre personnes de même sexe

Les positionnements de candidats sur ces questions sont souvent plus ambivalents.
Si tous les candidats, à l'exception de Jejomar Binay, déclarent soutenir la communauté LGBT et luttent, à différents niveaux, contre les discriminations, ils restent encore très divisés quant au mariage entre personnes de même sexe.
Si Rodrigo Duterte laisse entendre qu'il y ait favorable, Grace Poe est la seule à le défendre clairement contre tous les autres candidats, qui s'y opposent.

Les Philippines ne disposent à ce jour d'aucune loi protégeant les minorités des discriminations dont elles peuvent être l'objet. Certains élus locaux ont cependant fait voter leurs propres ordonnances.

Ainsi la ville de Davao, décidément très engagée sur l'ensemble de ces questions, dispose d'un arrêté protégeant les femmes et les LGBT de toutes les formes de discrimination. Son maire, Rodrigo Duterte, affiche à ce sujet les mêmes contradictions que celles relevées à propos du planning familial : un discours souvent provocateur, objet de nombreux scandales et une action de terrain solidaire et engagée. En 2015, le candidat, invité au Vice Ganda show, avait même clairement pris position pour le mariage entre personnes de même sexe. Il a cependant déclaré cette année à Rappler que, s'il est "ouvert" sur la question, il n'a pas encore tranché son positionnement définitif.

Lorsqu'elle s'est déclarée candidate pour les élections présidentielles, en septembre 2015, Grace Poe a elle immédiatement affirmé son soutien à la communauté LGBT. Grace Poe faisait partie des sénateurs qui ont déposé un projet de loi anti-discrimination en 2014. Elle prend également clairement position pour le mariage entre personnes de même sexe, soutenant le "droit de deux personnes consentantes de contracter un mariage civil, indépendamment de leurs sexes". (entretien accordé à InterAksyon). Elle ajoute : "Nos lois ne peuvent pas discriminer des personnes à cause de leur orientation sexuelle ou de leur genre." Sa position a ainsi nettement évolué depuis 2013, lorsqu'elle déclarait n'être pas favorable à un mariage entre personnes de même sexe mais à un "pacte civil".

Miriam Defensor Santiago a, quant à elle, été la première sénatrice à défendre le projet de loi anti-discrimination déposé au congrès il y a plus de dix ans, et qui ne parvient pas à aboutir. Mais elle a dans le même temps déposé une loi pour interdire les mariages entre personnes de même sexe : "Le mariage est une union fondée sur la différence des sexes.", a-t-elle affirmé.

Le positionnement de Mar Roxas est analogue : tout en s'opposant au mariage entre personnes de même sexe, il affirme aimer ses compatriotes LGBT. Sa femme, Korina Sanchez, a d'ailleurs organisé, en août 2015 un ?Congrès Gay? en soutien à la communauté LGBT, permettant à son époux d'afficher son positionnement.

Seul Jejomar Binay, qui relaie clairement la posisiton de l'Eglise catholique sur la question, s'oppose à la fois au mariage entre personnes de même sexe et à toutes les propositions législatives en soutien aux droits des LGBT.

François COUDRAY (www.lepetitjournal.com/manille) lundi 25 avril 2016

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Publié le 24 avril 2016, mis à jour le 20 avril 2016

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