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CRUCIFIXION DE PAMPANGA – Une tradition… dérangeante ?

Écrit par Lepetitjournal.com aux Philippines
Publié le 13 avril 2017, mis à jour le 13 avril 2017

Les crucifixions du Vendredi saint à Pampanga, dans le centre de l'île de Luzon, déplacent de véritables foules et sont devenues, depuis quelques années, d'importants phénomènes touristiques. Les autorités locales semblent cependant aujourd'hui vouloir prendre quelques distances face à cette tradition.

La manifestation la plus connue a lieu depuis 1955 dans les barangays San Pedro, San Juan et Santa Lucia. Une autre se tient également à Porac Town et Angeles City.

Selon les chiffres officiels, plus de 25.000 personnes auraient participé à cet événement à San Pedro l'année dernière et davantage encore semblent être attendues cette année.

Depuis quelques années, plusieurs agences "vendent" cet événement aux touristes étrangers en n'hésitant pas à faire circuler de fausses informations, prétendant par exemple que des crucifixions réelles auraient lieu durant ces festivités, auxquelles les touristes pourraient activement participer.

Ching Pangilinan, président de l'office du tourisme de San Fernando le dément formellement. Il admet que de telles pratiques ont eu lieu dans le passé et que des "pénitents" ont bien essayé de développer à nouveau ces pratiques, notamment à des fins commerciales, mais que les autorités ne soutiennent ni n'encouragent ce type d'initiatives privées.

A la suite de divers incidents, les étrangers ne sont plus autorisés à participer à cette manifestation qu'en tant que spectateurs.

Les crucifixions du Vendredi saint à Pampanga ne sont plus maintenant qu'une reconstitution théâtralisée, grandeur nature, du calvaire et de la crucifixion, mise en ?uvre par une congrégation de "pénitents".

Elles ne sont néanmoins pas pour autant considérées comme un simple spectacle mais bien comme un rituel, un véritable acte de foi.

Et les risques pris par les "acteurs pénitents" restent eux-aussi bien réels : flagellations, efforts physiques intenses (portage de la croix), exposition prolongée au soleil et à la chaleur, reconstitution des crucifixions (quand bien même elles sont très strictement encadrées, notamment par une limitation du temps d'exposition sur la croix).

C'est l' "acteur pénitent" Ruben Enage qui sera cette année encore attachée à la croix, dans le rôle du Christ pour la 31ème fois. Melchior Montoya et Bob Velez, 70 ans, le plus âgé des pénitents, l'accompagneront dans le rôle des deux larrons.

Ces "pénitents" sont considérés comme de véritables héros par une foule en liesse.

Si les autorités locales prennent aujourd'hui quelques distances face à ces manifestations, c'est que les enjeux de sécurité sur le site de l'événement deviennent véritablement problématiques. Malgré les efforts importants entrepris (vidéo surveillance, renfort de services d'ordre et de services de soins d'urgence, inscription obligatoire pour les touristes étrangers, nombreuses opérations de prévention contre les vols? ) la gestion de cette foule en liesse reste une mission fort délicate.

Si les autorités locales prennent quelques distances face à ces manifestations, c'est également que l'Eglise romaine et son relais dans l'archipel, la conférence des évêques catholiques des Philippines, continuent de condamner ces pratiques de flagellations et de crucifixions durant la Semaine sainte et appelle les fidèles à d'autres formes de prières pour la rémission de leurs péchés.

Une importante campagne de communication a ainsi été lancée par les autorités locales de Pampanga pour attirer l'attention des étrangers sur d'autres centres d'intérêt touristique dans cette région, y compris dans une démarche de tourisme religieux : églises, sites patrimoniaux, événements divers?

François COUDRAY (www.lepetitjournal.com/manille) vendredi 14 avril 2017

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Publié le 13 avril 2017, mis à jour le 13 avril 2017

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