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CINÉMA - « Manille me tient, je ne tiens pas Manille 

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Écrit par François COUDRAY
Publié le 17 mai 2018, mis à jour le 17 mai 2018

Réalisé en 1981 à Manille, « Cinq et la peau » est le deuxième et dernier long métrage du réalisateur français Pierre Rissient. Une version restaurée de ce film exceptionnel vient d’être reprogrammée au festival de Cannes, dans la catégorie « Un certain regard », en hommage à cet artiste hors du commun, récemment disparu. L’occasion sans doute pour beaucoup de découvrir cette œuvre unique.

 

Une vie au service du cinéma…

 

Assistant de Jean-Luc Godard pour A bout de souffle, puis de Michel Deville, avant d’être le « compagnon cinématographe » de Raoul Walsh et de Clint Eastwood, Pierre Rissient est aujourd’hui célébré comme « un cinéaste rare ».

 

Conseiller artistique du festival de Cannes pendant plus de quarante ans, il a été tout à la fois un grand admirateur du cinéma américain (de Joseph Losey et de Jules Dassin notamment) et le passeur et le défenseur d’un cinéma asiatique alors encore largement méconnu en Europe.

 

C’est à lui qu’on doit, par exemple, la découverte des films de Lino Brocka, réalisateur philippin dont il deviendra un ami.

 

Une vie au service du cinéma ?  Une vie au service des cinémas : français, américain et asiatique.

 

Un français à Manille…

 

« Cinq dans la peau » retrace les errances et les rencontres d’un écrivain, Ivan, de retour à Manille à la recherche de son passé et du sens de son existence.

 

en quête de quoi ? et pourquoi ici plutôt qu’ailleurs ?

 

« Manille, sud-est asiatique hétéroclite fait pour accueillir l’errant, Manille pittoresque faite pour celui que le pittoresque peut distraire de lui, en quête de quoi ? et pourquoi ici plutôt qu’ailleurs ? » C’est ainsi que la voix off qui accompagnera le cheminement du personnage durant tout le film introduit ses premiers pas.

 

Et de préciser : « Dans une ville étrangère, une ville au présent opaque, tenter de faire face à sa singularité, à travers des itinéraires mentaux, émotionnels, passionnels, affectifs, sexuels ; être à la recherche de son intégrité. »

 

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« Et la chanson d’amour toujours recommence. »

 

S’il livre de superbes images des différents visages de la mégalopole manillaise, de ses grands boulevards et de ses bidonvilles, de son faste et de sa misère, « Cinq dans la peau » est aussi un grand film d’amour, porté notamment par le trio d’acteurs que forment le Français Fédor Atkine, la Japonaise Eiko Matsuda (L’Empire des sens) et la Philippine Gloria Diaz

 

 Car « c’était à croire que les filles de Manille s’étaient donné le mot pour vouloir m’accaparer »…

 

Un film d’amour complexe, d’un érotisme raffiné et puissant.

 

Un cinéma poétique

 

Poétique, le cinéma de Pierre Rissient l’est par le propos lui-même, par l’image, la musique… et par les mots, omniprésents, justes et forts.

 

Le comédien et metteur en scène Roger Blin prête en effet sa voix aux mots que le poète Eugène Guillevic et sa compagne Lucie Albertini, autre grand écrivain voyageur, ont aidé Pierre Rissient et Alain Archambault à trouver dans le cours de la réalisation du film.

 

Et ce sont les poèmes de Fernando Pessoa, grand écrivain portugais du début du 20ème siècle, qui ont été le support de l'écriture du scénario.

 

Roger Blin, Eugène Guillevic et Lucie Albertini, trois présences excptionnelles auprès de Pierre Rissient pour chanter cette errance manillaise, en écho au vers de Pessoa.

 

Une œuvre à découvrir…

 

Et pour se mettre en bouche :

  • la bande-annonce du film : ICI
  • une récente interview du réalisateur sur son film : ICI
François COUDRAY
Publié le 17 mai 2018, mis à jour le 17 mai 2018

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