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EVASION 7 – Une journée pour éveiller les consciences

Écrit par Lepetitjournal.com aux Philippines
Publié le 14 juin 2016, mis à jour le 12 juin 2016

Retour, une semaine après, sur la Journée Mondiale de l'Océan, le 8 juin dernier. L'occasion de rappeler à chaque terrien combien la sauvegarde de ce milieu est primordiale pour le devenir de notre planète toute entière.

En tant que plongeuse, je me sens particulièrement concernée par cet évènement, qui concerne une ressource dont nous observons malheureusement la dégradation progressive liée aux différents évènements climatologiques (comme le phénomène El Nino) mais aussi, et surtout, aux comportements humains, comme la pollution plastique.

"Océan sain, Planète saine"

Le thème 2016 de cette journée spéciale était simple : "Océan sain, Planète saine". Quoi de plus évident ? Et pourtant...

Le pays dans lequel nous vivons est, malheureusement, globalement peu sensibilisé à cette problématique. Manque de repères, méconnaissance environnementale, déficiences éducatives,  manque de volonté des pouvoirs publics ? Nombreux sont les éléments qui pourraient sans doute expliquer cette indéniable réalité : ce défaut de prise de conscience de la dégradation des océans et de la nécessité de leur sauvegarde.

Danao Beach (Panglao, Bohol) : mon océan à moi,  ma lutte quotidienne

Ce petit coin de plage, situé à 3 kilomètres de la fameuse station balnéaire d'Alona Beach, n'est pris en charge par aucun programme de sauvegarde. Nous ?uvrons donc à notre niveau, avec nos moyens, pour préserver ce petit paradis et sensibiliser, comme nous le pouvons, les populations locales.

Le 8 juin a ainsi été l'occasion d'une opération "Nettoyage de plage" avec les enfants du village. Objectif : océan sain, plage saine.

6h. Une vingtaine d'enfants répondent à l'appel. Ils viennent accompagnés pour certains d'un parent, l'occasion pour celui-ci de passer le temps et d'observer ce que fait l'étranger avec ses enfants. Rhea, notre aide-ménagère, a bien préparé son briefing à destination des petits. En visaya, elle leur explique le déroulement de la matinée : constitution d'équipes, choix d'un nom pour chacune d'elles, lancement de l'opération, ramassage, tri, ségrégation dans des sacs de riz.


Et chaque team de parcourir la plage ramassant ce qui leur parait être un déchet. Canettes en aluminium, mégots de cigarettes, couches culottes, bouteilles, sacs plastiques, emballages plastiques, boites en plastique, chaussettes, vieille tong oubliée, fil de pêche en nylon, plastique, plastique, pots de peinture et leurs vieux pinceaux rouillés, branches de palmiers, plastique, plastique, plastique...  Des sacs entiers de plastique et d'autres déchets. Des centaines de kilos ramassés en deux heures seulement.


9h. Retour "à la base". Chaque équipe est fière de sa collecte. Chacun déverse sur la plage le contenu de ses sacs de riz. Une montagne de déchets s'amoncèle en quelques instants.


Voici donc le moment venu pour Rhea d'expliquer aux enfants les conséquences catastrophiques de ces déchets sur les écosystèmes marins, en leur montrant notamment le temps de dégradation de chacun de ces morceaux d'ordures, essentiellement plastique.

Le schéma qu'elle leur présente est édifiant. Nous retrouvons sur celui-ci à peu près tous les déchets que nous avons ramassés. Canette en aluminium : 200 ans. Bouteille en plastique : 400 ans. Couche culotte : 450 ans. Simple mégot de cigarette : jusqu'à 5 ans. Sac plastique : jusqu'à 20 ans. Ligne de pêche, et donc l'ensemble de ces câbles en nylon ramassés en masse : 600 ans....


Le bilan est lourd. Autant en volume de déchets ramassés qu'en constat destructeur pour l'océan.
Ils semblent comprendre. Ils semblent....

Chacun est d'accord pour faire attention, chaque enfant s'engage à venir une fois par semaine sur la plage pour y ramasser son petit lot de déchets. Si l'on fait tous un peu, souvent, on peut faire beaucoup pour l'océan. Ils sont d'accord.
Et encore plus d'accord pour participer aux jeux organisés en remerciements : coloriages, dessins sur le thème de l'océan, jeux de société et goûter final? sans plastiques !

Et après ?

Les enfants ne reviendront pas. Enfin si, ils reviendront quelques jours après pour profiter de l'océan, sauter des bateaux en stationnement dans cette mer qui, peu à peu, se remplit à nouveau de plastiques. Encore. Et encore.

Ils ne les voient pas. Sans doute que si. Mais cela ne les interpelle pas. Cette pollution ne semble pas les toucher. Pas encore.

Pourtant cette mer est la leur. Et tous ceux qui ont un parent pêcheur subissent directement l'impact de la pollution plastique : la qualité des pêches et des ventes s'en ressent fortement.

Un "septième continent" plastique : une pollution meurtrière

La pollution due au plastique est en effet une menace extrêmement sérieuse car celui-ci se dégrade très lentement. On estime que chaque seconde, 100 tonnes de déchets (sur les 4 milliards produits annuellement) finissent en mer, dont une grande partie est constituée de matières plastiques. Certains n'hésitent pas à parler de "septième continent". Objets flottants ou microparticules, ces déchets plastiques se dispersent en mer, se déposent sur les plages ou sur les fonds marins.

Certains effets sont évidents comme la beauté des plages paradisiaques entachée de plastiques. Mais certains le sont moins, quoique souvent plus sévères. Les filets de pêche abandonnés ou perdus accidentellement, très résistants, sont une cause de mortalité importante chez les animaux marins : certaines associations estiment à 100.000 le nombre de mammifères marins et à 1.000.000 celui des oiseaux morts par étranglement ou étouffement  dans ces pièges à travers le monde chaque année.

L'ingestion de déchets plastiques est une autre cause de mortalité qui affecte environ 660 espèces. Les oiseaux de mer piquent les morceaux de plastique flottants et les tortues les confondent avec des méduses."Ce sont les espèces les plus sensibles aux déchets, explique François Galgani, océanographe et chercheur spécialiste des déchets à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, Les études ont montré qu'un tiers de certaines espèces de tortues échouées avaient ingéré des plastiques."  


Un autre risque entraîné par les polymères, moins connu mais néanmoins inquiétant, réside dans la prolifération de certaines espèces invasives. "Les fragments deviennent des supports pour certaines espèces qui sont ainsi transportées, avec les courants, dans des zones où elles ne se seraient pas développées et reproduites sinon, précise François Galgani. Ces espèces prennent alors la place d'autres, ce qui risque de créer des déséquilibres des écosystèmes marins."

Tous éco-acteurs de la préservation de l'océan

Plongeur, nageur, amateur de nature et de belles plages, touriste ou résident des Philippines, jeune, ancien, sensibilisateur ou sensibilisé, optimiste ou pessimiste quant à l'environnement, enfant, association, individuel, parent... chacun est aujourd'hui un éco-acteur dans la préservation de l'environnement et dans la construction du futur de nos océans.

Chaque jour, je bannis le plastique, emballage meurtrier et souvent inutile, facilement supprimable ou remplaçable.

Chaque jour, j'invite les enfants du village à venir avec moi marcher quelques mètres et repérer sur notre plage plastiques, canettes, déchets... L'éducation environnementale est essentielle.
 
J'ai confiance en demain et en cette jeunesse. Je tente de lui insuffler, au quotidien l'envie d'être, à son tour, un éco-acteur.

Carol LE ROUX (www.lepetitjournal.com/manille) mercredi 15 juin 2016
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carol@equation.asia

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Publié le 14 juin 2016, mis à jour le 12 juin 2016

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