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B. Piccard, explorateur des temps modernes au chevet de la planète

Bertrand Piccard avion solaire Solar ImpulseBertrand Piccard avion solaire Solar Impulse
Bertrand Piccard lors du tour du monde de Solar Impulse © melissabel sur flickr
Écrit par Justine Hugues
Publié le 27 novembre 2018, mis à jour le 3 décembre 2020

A l’heure où Larousse publie un livre illustré sur son tour du monde à bord d’un avion solaire, Bertrand Piccard part en quête de 1.000 solutions rentables pour un développement durable. 

 

43.041 km parcourus, 559 heures de vol, 17 étapes et pas une seule goutte de carburant. C’est le pari un peu fou qu’ont réussi Bertrand Piccard et André Borschberg en faisant le premier tour du globe à bord d’un avion solaire. A l’occasion de la sortie du livre illustré « L’avion qui vole avec le soleil –L’extraordinaire tour du monde de SOLAR IMPULSE »  dans la collection Larousse Jeunesse, Bertrand Piccard était le 24 novembre au siège de l’UNESCO à Paris,  encourageant plusieurs centaines de jeunes à suivre leurs rêves de changer le monde. Pour Michèle Piccard, auteure de l’ouvrage, « ce livre doit permettre aux enfants de comprendre ce qu’on a vécu, pourquoi on l’a fait et en quoi il est aujourd’hui possible de fonctionner autrement, avec moins d’impacts négatifs sur la planète ». 

 

Le médecin psychiatre suisse a muri son goût de l’aventure depuis le berceau. Enfant, il fait la rencontre d’astronautes américains et décide de devenir explorateur. Du deltaplane au ballon dirigeable, Bertrand voulait voler. « J’ai réalisé  très tôt qu’il n’y avait pas de différence entre le rêve et la réalité, si on se donne les moyens de réussir, avec beaucoup de persévérance, de travail et de préparation » confie-t-il. Une découverte qui ne se fait pas sans son lot de déconvenues. « Quand j’ai décidé de faire le tour du monde en ballon, au bout de 6h, j’étais en train de flotter dans la Méditerranée. J’avais complètement raté mon coup », dit-il en riant. 

 

 

Quand un rêve d’explorateur en herbe devient un modèle écologique

 

Alors que l’industrie aéronautique et les banques lui ferment la porte au nez, Bertrand Piccard continue de croire à son projet d’avion alimenté uniquement à l’énergie solaire. « Il y aura toujours des gens pour vous dire que c’est impossible.  Impossible, c’est quand on n’a pas encore trouvé la solution pour faire les choses », analyse cet optimiste à toute épreuve. Il finit par convaincre une équipe pour concevoir et produire l’objet de ses rêves. Commencent alors 15 années de travail acharné. « J’ai eu beaucoup de doutes. Je me disais que si c’était facile, quelqu’un l’aurait fait avant moi », se souvient-il. 

 

En 2015, l’avion le plus léger et le plus efficient jamais construit pour sa taille (72 mètres d’envergure), décolle d’Abou Dhabi. Mascate, Varanasi, Nagoya, Hawai, Dayton, Séville : Bertrand Piccard et André Borscherg, les deux pilotes de l’extrême passeront par 17 étapes pour une durée totale de 23 jours de vol. Au delà de l’exploit technique et physique – le livre détaille par exemple comment vivre dans un cockpit de 3,8 m2 non pressurisé -  l’aventure de Solar Impulse veut être un message d’espoir pour les générations futures.   

 

Bertrand Piccard avion solaire

 

 

« Les gens qui ne parlent pas des solutions dépriment tout le monde »

 

« L’idée du livre ce n’est évidemment pas seulement de montrer la beauté de l’aventure, mais ce qu’on peut en faire. Aujourd’hui, les gens qui ne parlent pas des solutions dépriment tout le monde », analyse Bertrand Piccard. Pour le scientifique, être explorateur en 2018, ce n’est plus tant partir à la découverte d’endroits, mais de solutions pour préserver notre planète. 

 

Son engagement n’est pas pour autant empreint de naïveté. « Tant les batteries électriques que les panneaux photovoltaïques requièrent beaucoup d’extraction minière. Si celle-ci n’est pas encadrée, on empoisonne toutes les populations autour », déplore-t-il. Sans condamner toute la filière, il appelle à un encadrement systématique de la production d’énergies propres par les gouvernements.  

 

Chez Bertrand Piccard, un projet en chasse un autre. Aux côtés d’Akuo Energy, premier producteur indépendant d’énergie renouvelable en France, il travaille actuellement à recueillir 1000 solutions qui pourraient contribuer à protéger l’environnement de façon rentable. Purification de l’eau, recyclage, processus industriels, productions agricoles, mobilités urbaines : les initiatives concerneront de nombreux domaines. « Ensuite, nous irons rencontrer les chefs d’Etat pour leur montrer que c’est possible mais aussi comment faire », s’enthousiasme-t-il.  

Justine Hugues
Publié le 27 novembre 2018, mis à jour le 3 décembre 2020