Dans un pays où le chômage vient à nouveau de battre des records historiques, la tentation de s'exiler pour travailler est de plus en plus grande. Destination qui recrute : l'Hexagone et ses 1,5 million de postes à pourvoir. L'assurance d'un avenir meilleur ?
(Photo AFP)
Plus longue est la chute, plus dur sera l'atterrissage. Bête noire de l'Espagne, le chômage ne cesse de grimper, enregistrant son plus mauvais niveau depuis 14 ans : 21,29% au premier trimestre de cette année, selon les chiffres officiels publiés le 29 avril. Avec près d'un actif sur cinq sans emploi, la Péninsule s'affirme comme le pire élève de la zone euro. Et elle ne semble pas prête à toucher terre. D'après un récent rapport de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), la reprise de l'emploi ne pourra se faire avant deux ans. Trop long et sans garantie. Avec de pareilles perspectives, nombreux sont donc ceux qui lorgnent désormais sur ce qui se passe de l'autre côté des Pyrénées.
Un paradoxe favorable aux étrangers
Le plein emploi, la France ne le connaît pas. Loin de là. Ici, le chômage fait peur et c'est curieusement le manque d'expériences, de qualification ou de motivation des candidats qui pose problème. Les recruteurs tricolores sont d'ailleurs à la recherche de plus d'1,5 million de salariés pour les mois à venir. Serveur, cuisinier, agent d'entretien, aide ménagère ou à domicile, ces professions, très souvent en contrat à durée déterminée, requièrent peu de qualification. Décriés, ces métiers sont boudés des demandeurs d'emploi, notent dans une enquête le Pôle emploi et le Centre de recherches pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc). Résultat, les entreprises envisagent de se tourner hors frontières. Et pourquoi pas vers la Péninsule, qui, avec la Catalogne, constitue d'ores et déjà un partenaire commercial de poids.
La main d'?uvre s'équilibre
"En Espagne, ce ne sont pas seulement des personnes ayant la nationalité espagnole qui s'intéressent au marché du travail français", observe Claudia Bernardo du Pôle emploi international. "Il y a également et surtout des ressortissants d'Etats tiers, installés depuis quelques années en Espagne. Les secteurs dans lesquels ils sont recrutés sont assez variés : transports, bâtiment, hôtellerie-restauration, agriculture ..."
Une répartition loin d'être anodine puisque dans la Péninsule, la construction et l'immobilier, sinistrés par la crise économique, constituent aussi ceux qui ont laissé le plus de monde sur le carreau.
Mathilde BAZIN (www.lepetitjournal.com ? Espagne) mercredi 4 mai 2011
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