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ECO – Espagne, sortie de crise en vue

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 21 octobre 2013, mis à jour le 22 octobre 2013

Des signes encourageants pour l'économie espagnole. Voilà la conclusion que l'on pouvait tirer du discours annuel sur l'état de l'Espagne, présenté en mai dernier, par Luis Linde, le gouverneur de la Banque Centrale Espagnole. Plusieurs indicateurs macroéconomiques, dont les chiffres du commerce extérieur, montraient ainsi des signes d'une santé retrouvée. Mais avec un taux de chômage avoisinant toujours les 25%, et un niveau d'endettement public élevé, il est toujours difficile pour de nombreux Espagnols de partager ce même optimisme.

(Photo Creative Commons zigazou76)

L'année 2012 a marqué un tournant. Des solutions à la crise économique ont commencé à porter leurs fruits, que se soit pour l'Espagne, ou plus largement pour l'Union européenne. La signature du pacte de stabilité et de croissance qui vise à consolider l'économie des pays les plus fragiles de la zone euro a été un premier pas. Mais c'est parce que le parcours du combattant  vers l'union bancaire s'est achevé par un accord en décembre dernier (avec la création d'un superviseur unique des banques européennes géré par la BCE), que la confiance se restaure progressivement et que l'UE renoue doucement avec la croissance.

Lueur d'espoir pour l'économie espagnole
Et comme l'UE -son principal partenaire commercial- se refait une santé, l'Espagne aussi fait le ménage chez elle. Un important effort d'assainissement de son propre système bancaire et des ses finances publiques a ainsi été réalisé. Le bail-out et la recapitalisation concédée au système bancaire en 2012 a été accompagné de strictes conditions, qui doivent à terme mener à une consolidation et un nettoyage en profondeur des instituts financiers du pays, sous la houlette de la Banque Centrale Espagnole. Le pari ? Redonner la confiance aux investisseurs pour les attirer de nouveau de l'autre côté des Pyrénées.
Autre point de réjouissance, les mesures du gouvernement de Mariano Rajoy au cours de la période 2012-2013, pour réformer le marché du travail et endiguer le chômage endémique, commenceraient à porter leurs fruits. Des mesures qui passent notamment par une réduction du salaire, un encadrement des CDD, une facilitation des procédures d'embauche et de licenciement.
Le gouverneur de la Banque Centrale espagnole en a vanté les mérites, soulignant surtout que la réforme du gouvernement, adoptée par décret-loi en février 2012 dynamisait les exportations, et accentuait la compétitivité du pays. Ces mêmes exportations devraient ainsi croître de 5% cette année, améliorant nettement la balance commerciale du pays. En ce qui concerne la compétitivité, la réforme du marché du travail a conféré plus de flexibilité aux entreprises espagnoles, réduisant les coûts de ces dernières. Un chiffre significatif : les salaires n'augmenteront cette année au maximum que de 1,3% contre, 2,44% en 2011. Une marge de man?uvre plus grande pour les entreprises, pour les encourager sur le long terme à créer plus d'emplois.

Les trois fléaux espagnols : faible croissance, endettement et chômage
Car au fond, la question n'est pas tant de savoir si l'économie espagnole se porte mieux aujourd'hui, mais si elle va dépasser ses problèmes structurels et être solide sur les années à venir.
Le chômage reste, avec le niveau élevé de la dette, le fléau principal de l'Espagne. Il pénalise une croissance qui n'atteint pas encore les 1%, chiffre pourtant nécessaire pour initier une création d'emplois. Le chômage s'élève ainsi 24,8 % , selon les chiffres les plus récents de l'Institut National Espagnol de statistiques (INE). Cet indicateur masque en outre des réalités très diverses, avec des régions dynamiques comme le Pays Basque (15,4% de chômeurs) face à des régions paralysées par la crise comme l'Andalousie (35% de chômeurs). Et surtout il ne reflète pas le plus grand problème : les différences marquées de niveau de chômage entre jeunes et moins jeunes, et entre diplômés et non diplômés. Et la réforme impulsée par le gouvernement espagnol ne propose pas de solution à ce problème, alors que de nombreux jeunes Espagnols continuent à sortir du système scolaire sans diplôme.
Enfin, signe qu'en terme d'emploi l'Espagne n'est pas encore sortie de la crise, le marché espagnol reste caractérisé par une très forte dualité, entre les emplois précaires en CDD et les emplois en CDI, plus stables. La réforme de 2012 n'a que modérément réussi à s'attaquer à ce problème structurel, la baisse de l'emploi en CDD s'expliquant davantage par une destruction d'emplois que par la transformation de ceux-ci en CDI. On devra donc encore attendre avant de voir un vrai retour de l'emploi dans le pays.

Réformes de fond et retour de la confiance
D'autres réformes seraient nécessaires pour soutenir l'effort engagé au cours des de l'année écoulée. Comme en France, de nombreuses voix s'élèvent dans les milieux économiques, notamment pour déclarer l'urgence de conduire une réforme du système des retraites. Les prévisions voient le nombre de retraités augmenter de 6 millions en Espagne, d'ici 2050. D'autre part, la baisse des crédits accordés à la recherche et à l'éducation est sur le long terme insoutenable pour un gouvernement qui souhaite faire de l'emploi des jeunes une priorité. La sortie de la crise ne devrait pas se faire sans un travail de fond sur ces questions. Or, 2014 est une année électorale, avec le renouvèlement du parlement européen. Une période peu propice à amener des réels changements donc.
Depuis 2012, les signes de reprises sont encourageants. Pour les concrétiser, pour avoir un réel impact sur le quotidien des Espagnols, l'Espagne doit, selon la plupart des économistes, continuer sur la route des réformes et du rétablissement de la confiance auprès des investisseurs.

Léa SURUGUE (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Mardi 22 octobre 2013
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