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CONCOMBRES - Peur bleue, colère noire

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 2 juin 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

La Commission européenne a levé hier son alerte sur les cucurbitacées ibériques. Une semaine après le début de l'alerte, pour la filière andalouse, les pertes commencent à peser lourd. Agacés par l'attitude allemande, les Espagnols en ont gros sur la patate

(Photo Lepetitjournal.com)

"Le problème ne vient pas d'Espagne". Hier, Alfredo Perez Rubalcaba, en déplacement dans la province d'Almeria, s'est lavé les mains de la grave crise sanitaire que traverse l'Allemagne, concentrant son énergie à rassurer producteurs et consommateurs espagnols. En une semaine, ce sont en effet 200 millions d'euros de pertes qui ont été chiffrées par la Fepex, la Fédération Espagnole de Producteurs et Exportateurs de Fruits & Légumes. Dans un communiqué datant d'hier, la fédération enfonce le clou : "Les accusations ont causé de graves dommages économiques, paralysant la quasi-totalité des exportations espagnoles vers le reste de l'Europe". Et l'enjeu est effectivement lourd : 9,4 millions de tonnes de fruits et légumes exportées en 2010, dont plus de 2 millions à destination de l'Allemagne, premier importateur de la production ibère. Respectivement 8,6 et 2 millions d'euros en jeu. Et 70.000 emplois en péril, selon l'organisation des coopératives agroalimentaires (Organización Cooperativas Agroalimentarias).

Pas chauds pour le gazpacho
Si dans le reste de l'Europe, la psychose a fait son trou, la ménagère espagnole n'est pas en reste. Les primeurs ne l'admettent pas de bon coeur, mais ils sont bien forcés d'avouer : "Les ventes ont baissé un peu", confirme-t-on en sortie de caisse, "mais c'est peut être à cause du refroidissement des températures". A moins de 50 centimes le kilo, le prix de gros était en début de semaine à la baisse. Les prix au détail quant à eux sont restés stables, à un peu moins d'1? le kilo. "On peut continuer à les mettre dans le gazpacho sans crainte", affirmait hier le journal Público. José Antonio Griñán, président de la région andalouse affirmait quant à lui : "Nos citoyens peuvent être sûrs qu'ils peuvent absolument manger ce qu'ils veulent".

"La Merkel" en prend pour son grade
Suite aux intoxications mortelles dans le nord de l'Allemagne, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) avait dès vendredi pointé du doigt l'Espagne. Si des traces de bactérie Eceh étaient effectivement détectées sur les cucurbitacées andalouses, les analyses menées ces derniers jours sur les patients infectés ont permis de déterminer qu'ils n'auraient pas été affectés par la même souche. "Nous n'excluons pas de prendre des mesures contre les autorités de Hambourg qui ont mis en doute la qualité de nos produits", s'est exclamé hier Alfredo Perez Rubalcaba. Il faut dire que depuis quelques jours, les Espagnols en ont gros sur la patate. A leur goût, dans cette affaire, l'Allemagne a désespérément cherché des coupables. C'est la chancelière allemande Angela Merkel, qui fait les frais de ce ras-le-bol. Après ses critiques sur le temps de travail des Espagnols le mois dernier, sa position très dure au cours de la crise du concombre en fait la cible favorite des réseaux sociaux de la Péninsule. Et tandis que "la Merkel" en prend pour son grade, d'autres appellent déjà au boycott de la saucisse allemande.

Antoine TESSON (www.lepetitjournal.com - Espagne) Jeudi 2 juin 2011

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Publié le 2 juin 2011, mis à jour le 14 novembre 2012