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Casse-tête pour l’élection du nouveau président de RTVE

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CC BY 3.0 Xauxa Håkan Svensson
Écrit par Alexandra Pichard
Publié le 3 juillet 2018, mis à jour le 3 juillet 2018

Ces derniers jours, la désignation de la nouvelle présidence de RTVE (Radio Television Espagnole) s’est transformée en véritable crise politique que doit affronter Pedro Sánchez. Le 22 juin dernier, ce dernier a présenté un décret pour nommer un Conseil d’Administration provisoire de la chaîne médiatique, en attendant qu’une loi de 2017, qui attribue la présidence de RTVE sur concours public, entre en vigueur. 

 

Pedro Sánchez a agi en urgence pour que le conseil actuel, majoritairement occupé par le Parti Populaire et présidé par José Antonio Sánchez, ne renouvelle pas son mandat de 6 ans, qui se terminait il y a presque deux semaines, mais entend élire un conseil transitoire jusqu’à ce que le concours désigne les 10 membres définitifs. Pour cela, il s’est laissé un délai de deux semaines, c’est-à-dire jusqu’à vendredi. Ce sont le Congrès et le Sénat qui devront élire les candidats proposés par les partis. 

 

C’est la première négociation importante de la présidence de Pedro Sánchez, mais pas des moindres. L’élection du Conseil s’est transformée en un jeu d’alliances et d’affrontements entre les différents partis politiques. Le décret du président du gouvernement a en effet pour but de rompre le pacte qu’avaient conclu le PP et Ciudadanos pour obtenir la majorité au futur Conseil d’Administration. Or, pour obtenir le soutien politique de Podemos, Pedro Sánchez avait offert à Pablo Iglesias le soin de choisir le candidat à la présidence du conseil. Après plusieurs tentatives de désigner un nom ayant échoué, c’est Andrès Gil, rédacteur en chef de Politique du pure player de Gauche Eldiario.es, qu’a soutenu Podemos. Cependant, le PSOE s’est vu obligé de renoncer à présenter le journaliste, qui s’est lui-même retiré, car il ne bénéficiait pas du soutien des travailleurs et ne faisait pas consensus dans le milieu politique. En effet, les partis nationalistes et indépendantistes comme ERC, PNV ou Compromis ont déclaré qu’ils ne se joindraient à aucun accord qui ne compte pas avec le soutien des employés. Ces derniers, qui luttent depuis des années pour le renouvellement du Conseil, demandent un professionnel "indépendant", qui connaisse la chaîne, et que cette décision relève d’un consensus de tous les partis et non pas d’une "manœuvre" politique. Le parti PNV s’est d’ailleurs montré critique à cet égard, dénonçant le choix d’Andrès Gil sans avoir consulté les autres partis. 

 

Les employés luttent depuis des années pour le renouvellement du Conseil, demandent un professionnel "indépendant", qui connaisse la chaîne


Pour aller dans le sens des travailleurs, le PSOE a alors désigné un nouveau candidat, Tomás Fernando Flores, le directeur de Radio 3, qui représente une solution interne à RTVE. Cependant, ce lundi 2 juillet, le premier vote au Congrès, qui devait désigner 6 représentants sur les 10, n’a pas abouti sur l’élection d’un nouveau Conseil d’Administration. Deux listes ont été proposées : celle du PSOE, de Podemos et de PNV, avec notamment Fernando Flores en tant que président et Juan José Baños, proposé par le PNV ; et celle du PP, qui avait finalement présenté ses propres noms, dont l’actuel directeur de la chaîne. Aucune des deux propositions n’a obtenu la majorité nécessaire (deux tiers) pour ce premier vote, les six candidats proposés par l’alliance PSOE, Podemos, PNV obtenant 150 votes, et ceux proposés par le PP seulement 128 votes. Il y a eu 27 votes blancs et un vote nul. Ciudadanos, qui n’a pas proposé de liste car il est contre l’élection d’un nouveau conseil par décret, a abandonné le Congrès avant le vote. Le second vote, qui nécessitera seulement la majorité absolue et le soutien d’au moins quatre groupes politiques, aura lieu mercredi. 

 

ERC a posé une condition à son vote en faveur du nouveau conseil de RTVE, en sommant le Gouvernement d’ouvrir le dialogue avec la Catalogne


Pour être élue, la liste montée par Sánchez et Iglesias avait besoin du soutien du PNV et de ERC, parti indépendantiste catalan. Et s’ils ont réussi à se rallier au premier, le second parti a mis en péril l’élection. Tout d’abord parce que, comme les groupes Nueva Canarias, Coalición Canaria et PDeCAT, la gauche catalane estime avoir été exclue de la négociation. Mais également car le parti indépendantiste a posé une condition à son vote en faveur du nouveau conseil de RTVE, en sommant le Gouvernement d’ouvrir le dialogue avec la Catalogne, notamment à propos d’un référendum sur l’indépendance de la région autonome. Cette condition qui paraît irréalisable pourrait bien, si elle est maintenue, bloquer le renouvellement du conseil de la RTVE et la candidature de Flores à la présidence. Au Sénat, chargé d’élire lui aussi quatre représentants, le vote a également échoué ce mardi, et devra se répéter ce jeudi.