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Dans les marchés de Londres, la gastronomie française est au menu

Borough Market - Jorge Franganillo - Flickr.com Borough Market - Jorge Franganillo - Flickr.com
Borough Market - Jorge Franganillo - Flickr.com
Écrit par Jean Reversat
Publié le 1 juillet 2022, mis à jour le 4 juillet 2022

Consommer français dans les marchés de Londres, c’est possible. Des emplettes tricolores avec, en prime, du contact et du soin, que demander de plus ?

 

Londres regorge de marchés : 162 approximativement. Et la cuisine française y est bien présente, cocorico. Nous sommes partis à la rencontre de quelques-uns des commerçants expatriés pour qu’ils nous racontent leur aventure gastronomique sur les étals d’outre-Manche.

Faire ses commissions à Borough Market comme en France

Borough Market est le plus vaste marché couvert de Londres. Située dans le quartier de Southwark, à dix minutes du London Bridge, cette institution existe depuis approximativement 1000 ans. De nombreuses denrées alimentaires y sont vendues, dont nos chers produits français. Pour faire la liaison entre le Green Market et la partie la plus vaste du marché, il faut traverser Bedale Street, puis rattraper l’allée traversant la grande halle. D’emblée, des effluves appétissantes vous envahissent les narines. Effectivement, quelqu’un prépare du risotto sur un wok géant.

Un peu plus loin, l’allée est divisée en deux par un étal surplombé de la pancarte « The French Comté ». Le ton est donné. En effet, une vitrine expose une large gamme de fromages français, agrémentés de pièces charcutières. La vendeuse, Martinese, répond avec une pointe de fierté à ma question - rhétorique – est-ce français ? « The French Comté vend du fromage et de la charcuterie française depuis 15 ans ! ». Elle n’est pas là depuis le début, mais m’assure que ces produits sont fraîchement importés de France, ou de producteurs locaux. Un concept qui, selon elle séduit de nombreuses personnes, de toutes cultures, sans s’attarder sur le consommateur français ; bon sang, où est-il ?

Pas besoin de traverser la halle pour vous retrouver nez-à-nez avec le Marché du Quartier. Aux allures d’épicerie franchouillarde, mon œil y est tout de suite interpellé par l’immense gamme de moutarde exposée sur le premier rayon. J’y retrouve ma très chère moutarde de Meaux, signée Pommery ; un vrai délice. Je laisse le vendeur, Tim, finir de sortir les étals chargés de lavande. Quelle est l’histoire de cette échoppe ? il sourit, « Cela fait 23 ans que notre patron a monté ce commerce familial. À la base, il faisait des aller-retours entre Londres et la Provence. Il emportait toujours ses denrées préférées, puis a commencé à les vendre. Voilà le résultat ! ». Je remarque quelques pièces de boucher. Tim s’en aperçoit, « Notre spécialité est le sandwich au confit de canard. Malheureusement, la grippe aviaire française a compromis nos livraisons … ». Croyez-moi, je serai votre premier client.

 

Photo du marché - Beth Macdonald - unsplash.com
Photo du marché - Beth Macdonald - unsplash.com

 

Sillonner les marchés pour trouver votre plat français préféré

La ‘street food’ est un moyen de promouvoir les cultures du monde entier, au cœur des marchés de Londres. Cette expression, « nourriture de rue », concerne tout plat vendu dans un espace public et non dans un établissement de restauration. À première vue, la gastronomie française – entonnée d’un air pédant – ne s’accorde pas avec ce moyen de distribution. Grave erreur.

Le marché de Barnes est organisé, chaque samedi, dans une charmante cour d’école. Près de l’entrée, une devanture orthographiée en français est facilement lisible : « Le Petit Moulin, traiteur ». De larges portions de plats – familiers – y sont proposés : gratin dauphinois, confit de canard et poulet à la provençale. De fait, ce commerce vend des plats typiquement français dans une dizaine de marchés londoniens, le samedi et le dimanche principalement.

J’ai pu accéder aux cuisines du Petit Moulin, situées en périphérie de la capitale. Andrius Bereckas m’explique – en épluchant ses légumes – qu'il l’a fondée en 2019. Le résultat d’une histoire touchante pour cet expatrié lituanien, arrivé à Londres au début des années 2000. Formé pendant 16 ans par le chef français Mark Gautier (anciennement basé à Harpenden), il s’est pris de passion pour la cuisine tricolore. Lorsque celui qu’il décrit comme son « deuxième père », décède tragiquement, Andrius décide de monter son propre établissement pour « continuer (sa) vie en marchant sur ses pas ».

Ici, tout est cuisiné sur place. Le chef Raymond Driver s’affaire autour des marmites. Lorsque je le questionne sur son attirance pour la cuisine française, il me répond sans hésiter : « c’est une cuisine classique, mais qualitative. Avec plus de trente ans d’expérience en restauration, je peux vous l’affirmer : Il n’y a pas d’équivalent ». J’hoche la tête, alléché par la sauce mijotant sous mes yeux. Quel plat conseillerez-vous ? « Le suprême de poulet farcis aux truffes », lance Andrius, « c’est le seul plat que nous ne pouvons pas retirer du menu hebdomadaire tant il est apprécié ».

 

Les marchés londoniens ne sont pas fâchés avec les produits de l’Hexagone. Les commerçants français seront même ravis d’échanger avec vous. Ce sera aussi l’occasion de tester de nouvelles recettes, en mixant votre panier français aux produits de toutes les autres cultures du monde. Bon appétit !