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Une femme battue reconnaît avoir poignardé à mort son mari violent

scene de crimescene de crime
Écrit par Judith Chouzenoux
Publié le 21 octobre 2021, mis à jour le 22 octobre 2021

Penelope Jackson est en ce moment jugée à la Cour d’assises de Bristol pour avoir poignardé son mari à mort lors d’une dispute au sujet d’un repas d’anniversaire. La sexagénaire reconnaît l'homicide involontaire mais nie le meurtre, affirmant que son mari était violent.

 

En février dernier, les policiers du comté de Somerset sont contactés par une femme qui les informe qu’elle a poignardé son mari. Une fois sur place, les officiers découvrent Penelope Jackson qui les attend près de son mari de 78 ans, David Jackson. L’ancien lieutenant-colonel de l'armée baigne dans une mare de sang.

 

 

Une arrestation déconcertante

À l’occasion du procès de Penelope Jackson, comptable à la retraite de 66 ans, l’enregistrement de son appel au 999 et les images des bodycams des policiers qui l’ont arrêtée ont été diffusées suite à la présentation des arguments de la partie civile. Ces documents constituent des preuves qui ont laissé l’audience quelque peu perplexe. Et pour cause, on y entend et voit Penelope Jackson reconnaître, sans ciller, tous ses crimes. Elle explique que son mari est sur le sol de la cuisine de leur bungalow dans le Somerset, en train de se vider de son sang, « mais qu’il n'y a rien de méchant » et « qu’avec un peu de chance », les officiers arriveront « trop tard. »

 

Mais les policiers n’en n’ont pas fini d’être déroutés par les allégations de la femme. Une fois arrivés au domicile du couple, ils découvrent, horrifiés, le mari poignardé gisant sur le carrelage. On entend un policier intimer à ses collègues : « Faites venir l'ambulance pronto - on a besoin d'un massage cardiaque. » Ce à quoi madame Jackson répond : « Non, non, non, s'il vous plaît, non », et ajoute qu’elle « aurait dû le poignarder un peu plus. »

 

Décontenancés, les officiers lui annoncent qu’elle est arrêtée pour meurtre. En réponse, Penelope Jackson lâche, sans ironie, « Oh, super ! », et demande à ce qu’on lui apporte un manteau, avant de se laisser menotter calmement et d’expliquer qu’elle n’a « pas l'intention de ne pas reconnaître ce [qu’elle a] fait ». Elle leur a assuré qu’elle savait ce qu’elle avait fait, mais également pourquoi elle l’avait fait, et qu’elle serait « vraiment ennuyée » de ne pas « l’avoir fait correctement. »

 

Le drame se serait produit suite à une dispute lors d’un anniversaire

Devant la cour d’assises de Bristol, Mme Jackson est revenue sur les faits qui se sont produits en février. Elle a expliqué que son mari s’était mis en colère contre elle car elle avait préparé du bubble and squeak - un met traditionnel anglais, confectionnés avec des restes de légumes frits - pour accompagner le repas plus raffiné, et plus coûteux, que sa fille avait acheté pour célébrer son anniversaire.

 

Ce soir là, la femme s’est sentie humiliée. Elle a affirmé devant le cour que son mari avait montré à leur fille « le mépris total » qu’il lui portait. Suite à l’altercation, Pénélope avait décidé de mettre fin à ses jours. Elle explique alors qu’elle avait emporté un couteau de cuisine dans sa chambre avec l’intention de mettre fin à ses jours, mais qu’elle s’était ravisée face à la réaction de son mari la traitant de femme « pathétique. » À bout de nerfs, elle a préféré l’attaquer lui, au prétexte qu’il refusait de lui présenter des excuses pour la dispute culinaire survenue plus tôt dans la soirée.

 

Pénélope poignarde David au cœur une première fois. Il saigne abondamment, mais son état ne semble pas critique, il arrive à lancer à son épouse : « Tu n'as même pas pu faire ça correctement, tu es pathétique. » L’homme challenge morbidement sa femme, pariant qu’elle n’osera pas le faire une seconde fois. La retraitée explique devant la cour qu’elle l’a alors fait « deux fois de plus. »

 

Des violences domestiques qui ont conduit à l’irréparable

L’audience a permis d’en apprendre plus sur la relation qu’entretenait le couple. Au fil des heures, Penelope a dépeint un mariage violent, humiliant et instable. Elle a expliqué avoir commis son acte pour s’échapper de cette relation toxique qui la retenait prisonnière. « J'avais une peur bleue de cet homme » a-t-elle confessé devant la cour.

 

Sur le banc des accusés, elle a raconté que son mari lui avait déjà mis un coup de tête, sans raison, en rentrant à la maison. Elle a également confessé qu’elle était quotidiennement soumise à des « bousculades, des cris et des secousses. » David l’aurait même menacée d’un couteau sous la gorge lors d’une fête de famille.

 

Des violences physiques mais aussi verbales

Clare Wade QC, son avocate, a avancé que « cette affaire concerne la violence domestique, le contrôle et finalement le piégeage. La violence domestique n'est pas physique tout le temps. »

 

À la barre, l’accusée raconte : « Ça commençait toujours par une agressivité verbale de sa part. Il disait toujours que j'étais déloyale et m’accusait de ne jamais l’avoir aimé. Il me traitait de « chose » comme si je n'étais pas une personne. » « Cela s'intensifiait, et il me secouait la plupart du temps, il m'étranglait parfois et je devenais parfois inconsciente. D'autres fois, j'étais à moitié consciente, et je me retrouvais sur le lit ou sur le sol et s'il était vraiment en colère, il me donnait des coups de pied. » a-t-elle ajouté. Au coup et aux insultes s'ajoutent des violences sexuelles qu’elle qualifie aujourd’hui comme étant « dégradantes et humiliantes. »

 

David contrôlait toute sa vie

Au cours de leurs 24 années de mariage, David Jackson se serait montré très intrusif et dominateur. Cette emprise allait de ce qu’elle avait le droit de regarder ou non à la télévision, jusqu’à un tatouage « propriété de David Jackson », qu’elle a dû se faire inscrire sur les fesses. Penelope n’avait pas le droit de faire de puzzles ou d'écouter The Archers sur BBC Radio 4. Terrifiée par son compagnon, Pénélope a confié au jury ne jamais savoir si elle allait se réveiller « avec le gentil David ou le méchant David ».

 

La retraitée, dont la vie semble parcourue de drames, a ajouté que son précédent mari avait mis fin à ses jours après qu'elle eut admis avoir une liaison avec M. Jackson. Le comportement de ce dernier aurait ensuite changé après le suicide de son fils, Gavin.

 

Le meurtre comme ultime recours

Cette affaire n’est pas sans faire écho à celle de Jacqueline Sauvage, cette sexagénaire française abusée et violentée par son mari tout au long de sa vie, qu'elle a tué alors qu’elle ne se trouvait pas en position directe de légitime défense. Comme Jacqueline, Penelope explique qu’elle ne voyait « plus d’autres issues ».

 

La retraitée, qui affirme n’avoir « jamais été violente de sa vie », admet que cela peut sembler très « stupide d'être sur le banc des accusés pour avoir tué quelqu'un pour une histoire de bubble and squeak », tout en admettant que c’est tout de même « ce qui est arrivé. »

 

Bien qu’elle ne regrette pas son geste, Jackson a déclaré au jury qu'elle était « consternée » lorsqu'elle a lu les transcriptions de ce qu'elle avait dit au responsable des appels d’urgence. Elle a affirmé qu'elle n'était « pas elle-même », après plus de 20 ans d'abus.

 

Penelope Jackson plaide la légitime défense

Devant les juges, Penelope Jackson a admis l'homicide involontaire de son mari mais nie le meurtre. Elle plaide la légitime défense au vu des années d’abus physiques et mentaux qu’elle a subi de la part de son mari.

 

Son avocate a déclaré : "Mme Jackson a perdu le contrôle et a poignardé son mari. Elle n'avait pas l'intention de le tuer ou de lui causer des blessures graves. Elle a perdu toute capacité et tout sens de soi et d'identité au moment où elle s'en est prise à lui."

 

Bien qu’elle ait tué son mari sans tenter de s’en cacher, Pénélope Jackson à fait une confession déchirante, admettant : « je l'aime toujours, même après tout ça », et explique que c’est la raison pour laquelle elle est restée durant toutes ces années, et ce malgré les violences. Le procès se poursuit et Penelope Jackson devrait recevoir sa sentence dans les prochaines semaines.