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Micro-trottoir : Les attentes des Lisboètes pour 2018

Largo de CamõesLargo de Camões
M.J. Sobral - Largo de Camões
Écrit par Nathan Hallegot
Publié le 16 janvier 2018, mis à jour le 16 janvier 2018

L’année 2017 a permis au Portugal de retrouver sa superbe en sortant, en bonne partie, de la crise. Le tourisme, l’industrie et les exportations ne sont pas étrangers à ces bons résultats. Ainsi, en ce début d’année 2018, il nous a paru important de partir à la rencontre des Lisboètes dans le but de les sonder sur leurs attentes concernant cette nouvelle année qui se profile. Nous nous sommes baladés dans les quartiers d’Arroios, Saldanha et Rossio pour discuter avec les habitants.


Une meilleure économie, mais pas pour tout le monde

En dépit de l’économie qui se porte nettement mieux, les conditions salariales restent inférieures à celles de nombreux voisins européens. Le salaire minimum au Portugal, pourtant rehaussé à 557 euros durant l’année 2017 est insuffisant pour bon nombre d’habitants. C’est d’ailleurs ce que confirme Ana, caissière de 18 ans : "Le salaire minimum n’est pas suffisant. Il stagne alors que les prix ne cessent d’augmenter". Déplore-t-elle; avant de poursuivre : "On ne demande pas énormément, mais ne serait-ce que 30 euros supplémentaires seraient d’une grande aide".

Cet avis est aussi partagé par Elisabeth, une quadragénaire qui tient un kiosque à journaux : "Je pense que la vie est devenue beaucoup trop chère. Notre salaire n’augmente pas en conséquence". Veuve et mère de trois enfants, cette dernière doit également faire des sacrifices personnels pour permettre à ses enfants d’avoir la meilleure éducation possible : "Je travaille beaucoup et une partie de mon petit salaire doit aussi servir à payer une nounou qui s’occupe d’aller chercher mes enfants à l’école pendant mes horaires de service. C’est injuste".

Cette croissance de l’économie a aussi été de pair avec une nette augmentation des loyers. C’est ce que relève Francisco, consultant de 37 ans : "J’attends une modernisation des services de la part des structures de pouvoir  locales et régionales mais ce qui me frappe aussi c’est que les logements sont devenus beaucoup trop chers. Même dans des quartiers qui étaient à l’origine populaires - comme Arroios par exemple - les loyers grimpent en flèche. Et les gens ne peuvent plus payer, ils sont obligés de partir. J’espère vraiment que cela va changer".

Le gouvernement portugais a d’ores et déjà envisagé une nouvelle augmentation de 4,1% du salaire minimum. Il envisage de l’augmenter aux alentours de 580 euros.

Lisbonne
Photo : N.Hallegot


Le tourisme souffle comme un vent d’optimisme

Prisé pour son charme et sa qualité de vie, le Portugal voit son tourisme exploser depuis ces  quatre à cinq dernières années. Il a d’ailleurs été primé de plusieurs prix par le World Travel Award, notamment  en octobre 2017. Ricardo, 27 ans, maître d’hôtel voit tout cela d’un bon oeil : "Cette reconnaissance internationale est un tournant. Lisbonne est reconnue en tant que havre de paix et pays décontracté grâce aux derniers triomphes des deux dernières années couplées avec un tourisme croissant stimulé. Et c'est aussi en partie dû à l'Eurovision selon moi". Son hôtel, situé dans le quartier très touristique de Rossio affiche une augmentation du chiffre d’affaire depuis deux ans. Un effet qu’il n’espère pas éphémère : "Je m'attendais à cela, mais j'espère juste que ça ne sera pas de courte durée. Il faut en profiter et essayer d'intégrer cela dans la bonne politique et dans une bonne économie. Sinon, ce sera comme l’exposition de 1998, l’Euro 2004 ou même le Websummit".

Catarina, 19 ans est une sorte de guide touristique. La percée du tourisme la ravit même si elle aimerait accueillir encore plus de visiteurs pendant la basse saison : "Pendant la haute saison, on ne sait plus où donner de la tête. Il y a énormément de gens qui viennent visiter Lisbonne. En ce moment, vu que c’est la période creuse on n’a pas beaucoup de travail. En tant que travailleur indépendant on n’a pas vraiment de stabilité financière puisque tout dépend du tourisme pour nous. Il faudrait que ce soit l’été toute l’année." Confirme-t-elle en rigolant.

Une majorité de personnes s’accorde à dire que le tourisme est un vecteur positif pour redorer le blason du pays et permettre de ramener une certaine stabilité. Mais une partie moins importante des personnes sondées ne sont pas d’accord. Jacqueline, 82 ans et Jean, 73 ans, un couple de retraités français, habitués de la ville et ce, depuis 40 ans ont le moral dans les chaussettes : "Ah, Lisbonne ce n’est plus ce que c’était. Ça n’a plus aucun charme avec toutes ces hordes de touristes qui envahissent les rues. C’est sûr que ça sert l’intérêt économique du pays mais il y a des choses que rien ne peut acheter".


Un avenir politique en demi-teinte

Lorsqu’ils évoquent la politique portugaise, toutes les personnes interrogées sont souriantes et optimistes. Le président semble avoir une cote de popularité élevée auprès des Lisboètes. Le gouvernement aussi. "Le gouvernement ? FOR-MI-DABLE" s’extasie India Lala, hôtesse de l’air de 45 ans. "Il est progressiste et pour moi qui suis une personne transgenre originaire du Brésil, ça change tout. Dans mon pays on a pas du tout les mêmes conditions de vie, que ce soit pour s’alimenter ou même pour travailler". Il est utile de rappeler que le chômage au Portugal est en nette régression ces dernières années. Pourtant, tous ne sont pas de cet avis. Esmeraldo, 58 ans travaille pour l’UE. Selon lui, "le gouvernement se lance dans des politiques hasardeuses et devrait garder les pieds sur terre au lieu de jouer avec l’avenir de ses citoyens".

L’éducation et les progrès sociaux sont un peu mis de côté selon Ana la jeune caissière et Marc, ingénieur réseau quinquagénaire. Père de deux enfants, ce dernier pense qu’il faut s’occuper de la question de l’école puisque le système est trop "vieux" et "les enseignants deviennent de pire en pire alors que les enfants peuvent apprendre par eux-mêmes sur Youtube avec des vidéos." Toujours selon lui, l’école est devenue "obsolète" et il faudrait la réformer pour "former de meilleurs étudiants."

 

Publié le 16 janvier 2018, mis à jour le 16 janvier 2018

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