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LA SENATRICE CLAUDINE LEPAGE - Une femme engagée

Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 21 juillet 2016, mis à jour le 22 juillet 2016

Claudine Lepage est sénatrice et représente les Français établis hors de France depuis 2008, elle siège au groupe socialiste. Elle est aussi, entre autres, présidente de l´association Français du monde-adfe et, à ce titre, s´est déplacée récemment à Lisbonne alors que la délégation Portugaise de l´association fêtait ses 10 ans d´existence. Elle a accordé une interview exclusive au Lepetitjournal.com/Lisbonne où elle nous présente sa réflexion sur plusieurs thèmes d'actualité.

Défi des associations : fidéliser les adhérents
Membre de l´Association Français du monde-adfe depuis 25 ans, et élue présidente en août 2015, la sénatrice PS Claudine Lepage a énormément appris de son expérience. C´est une femme engagée qui est aussi membre de la délégation aux droits des femmes et à l´égalité des chances entre les hommes et les femmes.

Lors de cette venue à Lisbonne pour célébrer les 10 ans de Français du monde-adfe Portugal et qui s´est déroulée précisons-le avant l´Euro 2016, elle dresse un bilan de l'association. "J'ai l'impression que les Français qui vivent au Portugal sont heureux d'y être, ils me disent beaucoup de bien du pays, des Portugais et de la vie ici, c'est plutôt positif. L'association se porte en général plutôt bien, elle subit les mêmes aléas que toutes les associations. Il y a des moments fastes, d'autres moins. Je n'ai pas forcément d'explication pour ce qui concerne les moments où il y a le plus d'adhésions ou le moment où il y en a moins. Je crois que les gens aujourd'hui s'engagent sur des projets sur le court terme dans l'associatif, donc c'est un défi pour les associations de, fidéliser leurs adhérents. C'est un problème pour toutes les associations, en tous les cas en France."
Avec près de 5000 membres dans le monde, la sénatrice se dit fière de l'association. Aujourd'hui, la délégation de Lisbonne rassemble une soixantaine de membres. "C'est quelque chose de très important, en tant que présidente de l'association, j'en suis très contente" dit-elle.

La loi sur la refondation de l'école
Claudine Lepage est, par ailleurs, Vice-présidente de la commission de la culture, de l´éducation et de la communication au Sénat. Les questions éducatives l´intéressent tout particulièrement. Et la loi sur la refondation de l'école adoptée en 2013 qui a touché l´enseignement du français à l´étranger lui paraît avoir été un moment particulier : « Il était très important d'introduire des précisions dans le code de l'éducation qui concernent les écoles françaises à l'étranger.  Il faut toujours veiller à ce que l'enseignement français à l'étranger ne soit pas oublié. J'ai essayé de faire en sorte que l'option sport soit possible pour les enfants, j'ai essuyé un refus mais on va continuer. Donc je suis attentive au domaine de l'éducation, et à la réforme des collèges et à l'enseignement des langues. Je ne suis pas dans la Commission des affaires sociales mais je me penche sur la question de la protection de l'enfant et sur la kafala, qui est un système de recueil des enfants dans les pays musulmans, pour permettre que dès lors qu'ils sont recueillis par des Français, ils aient plus rapidement la nationalité française, qu'ils résident en France ou à l'étranger et qu´ils puissent ainsi être adoptés plus rapidement.» dit-elle.

Enseignement du français à l'étranger
Attachée à la langue française et plus largement à la francophonie, la sénatrice constate des difficultés dans l'enseignement du français à l'étranger. "Cela reste un sujet délicat, notamment pour le financement. Il y a actuellement un contrat d'objectifs et de moyens sur trois ans entre l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger et le Ministère des Affaires étrangères puis il faudra réfléchir à la suite. Certains proposent de privatiser le tout, mais cela signifierait qu'il n'y aurait plus de pilote dans l'avion! C'est justement ce que l'on veut éviter même si, par ailleurs, les caisses de la France sont vides et qu'il existe donc une contrainte budgétaire très lourde. Dans ces conditions, il faut diversifier les modèles, quand cela est possible. Ainsi en Europe, suis-je convaincue qu'il y a des solutions alternatives aux écoles françaises à l'étranger qui existent déjà dans certains pays ou qui sont à développer dans d'autres. Ce sont les filières bilingues dans le système national qui mènent à une double certification, ce qui est le cas en Allemagne, en Espagne ou en Italie. Je pense qu'au Portugal il faut arriver à développer un enseignement bilingue. Si on pense européen il faut accepter cette idée."

Maintenir la langue française à l'étranger
La sénatrice propose que les lycées français à l'étranger offrent une filière bilingue qui déboucherait sur une double certification "bac local, plus bac français". De cette manière les élèves auraient la possibilité de suivre un enseignement bilingue. Une avancée pour la francophonie. "Cela existe dans trois pays d'Europe. Pourquoi ne serait-ce pas possible au Portugal ! J'y crois beaucoup,  je crois aussi à ce qui existe dans beaucoup de pays d'Europe, il s'agit des programmes FLAMs (français langue maternelle). Le ministère de l'Éducation nationale, et des Affaires étrangères financent pendant cinq ans les associations qui enseignent le français à des enfants francophones scolarisés dans les écoles nationales, ce qui est un moyen de maintenir la langue et la culture française parmi les enfants de Français expatriés"  explique Claudine Lepage.

Pour une harmonisation fiscale
Au courant de la venue de nombreux retraités français au Portugal, la présidente de l'association attribuait jusqu´à présent cette émigration au climat portugais et aux petites retraites françaises. "Je pensais sincèrement que c'était  les petites retraites qui conduisaient les Français à venir au Portugal, le niveau de vie y étant moins élevé. Mais j'ai découvert sur place, qu´il y a aussi des retraités qui ont des moyens plus importants et qui recherchent simplement une fiscalité plus avantageuse. Je trouve qu'au niveau européen il devrait y avoir une harmonisation fiscale qui évite ce genre de dérives. Quand on parle de fiscalité, on touche à quelque chose de très sensible. Je pense que dans l'intérêt du Portugal il est positif que des entrepreneurs viennent investir ici,  il est donc logique qu'on leur accorde des avantages fiscaux. Cependant, tant qu'il n'y a pas d'harmonisation fiscale en Europe, certains pays pratiquent un véritable "dumping fiscal" qui contrevient à l'idée que je me fais d'une Europe unie et solidaire", se désole-t-elle.

Réforme travail : simplifier le code du travail tout en garantissant des droits
La loi sur le travail portée par la ministre Myriam El Khomri est très contestée en France. Plusieurs manifestations et grèves ont eu lieu. Claudine Lepage nous a livré  son avis sur la question alors  que les sénateurs n´avaient pas encore adopté le 28 juin dernier, la version remaniée du projet de la loi travail (185 voix  pour et 156 contre).
"La loi sur le travail et la simplification du code du travail  est un sujet très sensible. Je pense qu'en France, il y a des lourdeurs et qu'il est nécessaire de simplifier le code du travail tout en respectant un cadre qui garantisse le droit des salariés. Il faut trouver un nouvel équilibre mais c'est vrai que nous sommes face à des difficultés administratives pour les entreprises qu'il convient de simplifier, sans pour autant toucher les droit élémentaire des salariés, un équilibre que les parlementaires tentent  de trouver par le biais des amendements."

Crise de confiance en l'Europe
A l'heure où l'Europe est de plus en plus remise en question et alors que le Brexit au moment de cette conversation n´avait pas encore eu lieu, la sénatrice propose de retrouver le sens de la solidarité "L'Europe est malade c'est évident, j'étais d'une génération où elle était très importante et elle l´est toujours. Je pense qu'il faut renouer avec les projets européens, impliquer les citoyens mais ça fait partie d'une crise générale, les populations n'ont plus confiance ni dans les politiques, ni dans l'Europe, et elle est le bouc-émissaire d'un certain nombre de mesure prises par les gouvernements. Je n'ai pas la recette mais je crois qu'il faut soutenir les projets citoyens européens. Ce n'est pas possible de continuer avec ce qui vient d´en haut sans que les citoyens ne soient  impliqués. Il faut trouver des solutions au niveau associatif, politique?"

La loi sur la prostitution : un long combat à l'Assemblée
Depuis récemment  la France a rejoint le camp des pays européens sanctionnant les clients de prostituées. Désormais la loi punit l'achat d'actes sexuels d'une contravention de 1500 euros (jusqu'à 3500 en cas de récidive). Pour celle qui défend les droits des femmes et est sensible aux questions d´égalité homme-femme, le sujet est particulièrement pertinent : "Je dois dire que ça a été un gros combat sur plusieurs années. Je vous passe les horreurs entendues à propos de ce texte, mais croyez-moi,  cela a été très violent, les sénateurs ont un comportement assez machiste. Je trouve que c'est pire aujourd'hui mais c'est sûrement parce que je suis plus vigilante. Évidemment, on ne vous dira jamais « tais toi, tu n'es qu'une femme » mais il y a des moyens pour vous le faire comprendre. On compte aujourd'hui 25% de femmes au Sénat."  Fait observer Claudine Lepage. La France devient ainsi le cinquième pays européen à pénaliser les clients de prostituées après la Suède, la Norvège, l'Islande et le Royaume-Uni.

La sécurité avant tout
Les questions sécuritaires sont devenues primordiales en France depuis principalement l´attaque à Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. Une priorité pour Claudine Lepage : "Lorsqu'il y a eu des votes au Sénat sur cette question-là, les groupes communistes et écologistes se sont payés le luxe de dire « attention il ne faut pas toucher à notre liberté ». En responsabilité, il faut quand même être très vigilant et la vigilance passe par le contrôle. Il y a un véritable traumatisme en France et, je pense que c'est la responsabilité du gouvernement d'assurer la sécurité des gens qui sont sur le territoire."
Les questions économiques ne sont pas indifférentes à la sénatrice Claudine Lepage qui a profité de son passage à Lisbonne pour se rendre également au deuxième forum de l'immobilier et de l'investissement de la Chambre de Commerce Luso-Française dont elle a apprécié le succès, elle a ainsi pris le temps d'échanger avec les divers participants portugais et français.

Custódia Domingues (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) vendredi 22 juillet 2016

Lire aussi notre article publié en le 12 avril 2016 : ASSEMBLÉE DES FRANÇAIS DE L´ÉTRANGER - Le groupe "Français du monde, Ecologie et Solidarité"

http://www.francais-du-monde.org/site-section/Portugal/
https://www.facebook.com/francais.du.monde.adfe.Portugal


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Publié le 21 juillet 2016, mis à jour le 22 juillet 2016

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