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La Société des Membres de la Légion d’Honneur, outil de diplomatie 

Général Loeuillet légion d'honneur à l'étrangerGénéral Loeuillet légion d'honneur à l'étranger
Pour le Général Loeuillet, les membres de la légion d'honneur contribuent au rayonnement de la France à l'étranger.
Écrit par Justine Hugues
Publié le 29 janvier 2019, mis à jour le 3 décembre 2020

Administrateur chargé des sections de l’étranger et des collectivités françaises ultramarines au sein de la Société des Membres de la Légion d’Honneur (SMLH), le général François Loeuillet revient avec nous sur ses missions ainsi que sur le dynamisme du réseau des décorés hors de l’Hexagone.  

 

Lepetitjournal.com : Comment êtes vous devenu administrateur au sein de la SMLH, en charge des sections des Outre-mer et de l’étranger ? 

Le général François Loeuillet : Lorsque j’ai quitté l’institution militaire, je ne voulais ni reprendre un emploi rémunérateur, ni rester inactif chez moi. Fort d’un parcours professionnel qui m’a conduit à connaître bien l’Outre Mer et l’étranger, mon profil correspondait à ce bénévolat.  C’est donc tout naturellement qu’en 2014, je suis devenu administrateur, rôle qui me passionne. 

 

Les décorés de la légion d’honneur à l’étranger sont-ils nombreux ? Pourquoi vouloir développer les sections de l’étranger de la SMLH ?

Dans sa création même, la légion d’honneur est universelle, et donc, ouverte aux étrangers, sous la condition qu’ils remplissent les mêmes critères de promotion. Les contingents fixés sur trois ans sont évolutifs, mais disons que tous grades confondus, entre 1000 et 1500 personnes sont décorées en France chaque année, contre environ 350 à l’étranger. Lorsqu’en 1921, la SMLH a été créée, l’idée était de promouvoir l’entraide entre les membres, juste après la Première Guerre Mondiale. Très vite est donc apparue la nécessité de rassembler également tous les légionnaires décorés par la France à l’étranger.

Quel que soit le lieu de résidence des décorés, la mission de la SMLH reste la même : promouvoir les valeurs de l’ordre de la légion d’honneur, lesquelles s’expriment principalement dans les domaines de l’entraide entre les membres et de la solidarité, au profit de la jeunesse notamment. Celle-ci représente l’avenir de tous les pays du monde. 

 

Comment les sections sont-elles organisées et quels types d’activités mettent-elles en œuvre ? 

C’est la localisation géographique qui détermine l’appartenance à une section, même si aucun décoré n’est contraint d’adhérer. Lorsqu’elles se créent à l’étranger, les sections doivent suivre la réglementation du pays dans lequel elles sont établies ainsi que la charte qui les lie à la SMLH France et qui régit le fonctionnement du réseau. Nous avons actuellement 63 sections à l’étranger, plus ou moins importantes et actives selon les pays. En Suisse ou en Belgique par exemple, les sections ont plus de 250 membres tandis que d’autres, comme la Côte d’Ivoire, n’en comptent qu’une vingtaine. 

Créer une section n’est pas une fin en soi : il faut qu’elle soit utile et mène des activités. En dessous d’un certain volume critique de membres, celles-ci ne sont pas viables. Dans ce contexte, en liaison avec l’ANMONM (Association Nationale des Membres de l’Ordre National du Mérite), nous pouvons être amenés à fonder, à l’étranger, des sections qui rassemblent les décorés de la légion d’honneur et ceux de l’ordre du mérite.

Les membres sont étrangers ou Français établis hors de l’Hexagone. Dans l’immense majorité des cas néanmoins, les sections sont mixtes, ce qui permet de renforcer les liens bilatéraux. En fédérant un réseau de personnes francophones et francophiles, et parce que les valeurs de la légion d’honneur sont représentatives de celles de la France, la SMLH est un véritable outil du rayonnement de la France à l’étranger. Les chancelleries sont, à ce titre, les véritables maitres du jeu et l’ambassadeur, représentant de l’Etat français à l’étranger, le pivot du système. Plus forte est sa conviction, meilleurs sont nos résultats. 

Les activités sont aussi variées que la typologie des sections, qui sont dotées, en la matière, d’une large autonomie. A Hong Kong ou au Québec par exemple, les sections attribuent des bourses du mérite, pour que des jeunes puissent réaliser une partie de leurs études en France, dans des domaines tels que la musique, l’environnement... En Ethiopie, la section a récemment aidé à la mise en place de cartes géographiques régionales, au profit d’écoles primaires locales. Des conférences sont aussi fréquemment organisées, en collaboration avec les décorés de l’ordre du mérite ou des palmes académiques.  Sans oublier les activités d’entraide entre les membres, en cas de décès de l’un d’entre eux ou de difficultés socio-économiques. 

 

En quoi consiste votre rôle de coordination et animation du réseau ?

Mon rôle est avant tout de faciliter le déploiement du réseau et de renforcer les actions sur place. Mes déplacements peuvent être liés à la création d’une section, une activité phare à laquelle ma participation est requise, une conférence dans laquelle j’interviens ou encore une assemblée générale, parfois le tout en même temps ! Il y a deux ans, la section du Congo Brazzaville m’a invité à participer à un échange avec plus de 200 lycéens, autour du mérite et des récompenses honorifiques, en collaboration avec le grand chancelier de l’ordre congolais. C’était un moment extraordinaire avec la jeunesse. Par ailleurs, lors des créations, j’accompagne les porteurs d’initiative en amont.

Je cite souvent un ancien ambassadeur de France en Irlande qui, lors d’une réunion de tous les présidents de sections de l’étranger à laquelle il était convié, nous avait expliqué avec humour que si nous faisions bien notre travail, nous serions présents dans les 190 pays où la France a une représentation diplomatique. Il poussait le trait mais il avait raison. Le réseau a encore de belles perspectives de développement devant lui, et de grands projets de collaboration entre les sections. 

 

Quelles sont vos ambitions pour la suite de votre mandat ? 

Mon parcours a été très marqué par les organisations internationales de type CEDEAO et je crois au pouvoir des collaborations régionales. Je souhaiterais ainsi encourager encore davantage les liens entre les sections, qui ne soient pas exclusivement en étoile et centrés sur Paris, mais que les échanges se fassent sur place, en créant des synergies régionales. L’an dernier, au Mexique, toutes les sections SMLH des Amériques se sont réunies et ont défini des initiatives communes, comme par exemple la participation à des programmes de lutte contre l’obésité sur le sous continent latino-américain. Mon objectif est de réaliser la même chose en Europe, en Asie, en Afrique de l’ouest. C’est bien que Paris soit présent et moteur pour faire vivre le réseau, mais celui-ci doit également pouvoir nourrir sa propre dynamique régionale autour de la promotion des valeurs que véhicule la Légion d’honneur.