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SOCIETE - Piétinée dans les émeutes du pain

Écrit par Lepetitjournal Le Caire
Publié le 16 mai 2008, mis à jour le 9 janvier 2018

Actuellement, à Mansoura, un gouvernorat hors Caire, les habitants vivent dans la misère. Devant les boulangeries de "Eish"pain, les foules s'entassent et les bagarres se multiplient. Une ménagère s'est d'ailleurs fait tuée dans ces queues...

Les batailles font rage pour espérer obtenir un morceau de pain (photo LPJ)

"Ma mère est descendue nous acheter du pain, et elle n'est plus revenue. On a appris plus tard qu'elle avait été piétinée et qu'elle est morte"a lancé Mahmoud, 10 ans.
Comme tous les jours, cette ménagère de 43 ans réveille son enfant tôt pour aller à l'école. Ensuite, elle descend chercher du pain.
Aujourd'hui, une nouvelle loi est mise en place : pas de vente de pain après 9h00. Il est déjà 8h00. L'ambiance est tendue, tous souhaitent une seule chose : pouvoir récupérer quelques galettes! 
L'heure attendue s'approche. Tous sont munis d'un "Gueneih"à la main, une livre égyptienne (10 centimes). Ils se poussent, se tapent. Pour arriver à cette petite fenêtre en bois qui s'ouvre et se referme en un clin d'?il pour jeter quelques galettes sur un carton.
La foule est énorme et les gens se disputent pour y trouver une place. La mère insiste, sinon ses enfants ne trouveront rien à manger cet après midi.
Une lutte pour survivre. La petite fenêtre s'ouvre, les gens deviennent fous et font tout pour s'emparer de leur "trésor alimentaire".
Voisins avant, adversaires maintenant, ils n'ont qu'une seule image dans leurs têtes : leurs enfants la faim au ventre.

Un jour on mange, un jour pas!
Les bousculades se durcissent, la mère tombe à terre, elle crie, personne ne l'entend. Les autres la piétinent, l'écrasent et personne ne le remarque. Un peu plus tard, ils la trouvent allongée sur le sol. Certains continuent à faire la queue, toujours l'image de leurs enfants les oriente et les guide. D'autres choisissent de ne pas manger ce jour-là pour l'aider, en solidarité. A l'hôpital, aucun médecin n'est là. Les équipements ne fonctionnent pas. Le temps passe. Elle meurt. 
Hamed son mari est chauffeur. Le jour où il reçoit une commande, une livraison, un transport ou autre, est le jour où il achète à manger. Les autres jours? "Ils ne mangent pas, tant pis!"affirme-t-il.
Dans ces quotidiens difficiles pour des personnes aux revenus ridicules, moins d'un euro par jour, il est impossible désormais d'acheter du riz et des pâtes.
Dite subventionnée, la galette est ronde, presque noire et dure. "Pas de saveur, pas de goût. On la mange quand même" affirme Om Mohamed.
Ils ne peuvent pas se plaindre. Après la flambée des prix qu'a connu le marché égyptien, le pain remplace tous les autres produits alimentaires. Le pain est désormais devenu la seule nourriture abordable pour des milliers de familles en Egypte.     
En revanche, le quota de chaque personne est bien déterminé : entre 10 et 20 galettes par jour, quelque soit le nombre des membres de la famille.
 Nora DARDIR. (www.lepetitjournal.com ? Le Caire ? Alexandrie) vendredi 16 mai 2008

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Publié le 16 mai 2008, mis à jour le 9 janvier 2018

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