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SOCIETE - Le port du niqâb fait débat dans les hôpitaux égyptiens

Écrit par Lepetitjournal Le Caire
Publié le 1 avril 2008, mis à jour le 9 janvier 2018

Le ministère égyptien de la Santé étudie un projet de loi qui interdirait aux infirmières de porter le niqâb durant les heures du travail. L'idée représente une nécessité sanitaire pour un camp. Pour l'autre, c'est une vraie atteinte à la liberté personnelle

Ce projet de loi intervient après quelques semaines de débat dans les médias égyptiens sur la compatibilité du port du niqâb avec les exigences sanitaires et professionnelles du métier d'infirmière. Le niqâb, qui représente un phénomène ces dernières années parmi les égyptiennes, est un voile intégral qui cache tout le corps et le visage de la femme (photo).
L'augmentation du nombre des infirmières le portant a été critiquée non seulement par les patients, mais aussi par les médecins. Selon le ministère égyptien de la Santé, environ 9.630 infirmières portent le niqâb, sur 90.000 travaillant dans les hôpitaux publics en Egypte. Pour le ministère de la Santé, le port du niqâb est incompatible avec les exigences de la profession. "Le niqâb empêche la communication entre patient et infirmière. D'autre part, les gants portés par ces infirmières peuvent transmettre une contamination", souligne le Docteur Hoda Zaki, sous-secrétaire du ministère de la Santé. Pour les infirmières portant le niqâb, le projet représente une menace pour leur carrière.
Le Docteur Abdel Rahman Chahine, porte parole du ministère de la Santé répond : "Le ministère n'a pas encore pris sa décision. Le projet de loi proposera un uniforme compatible, acceptable pour le patient et qui rend visible le visage de l'infirmière". Une étude faite par le ministère de la Santé montre que 95 % des patients ne préfèrent pas être soignés par une infirmière qui porte le niqâb. "Comment demander à un enfant de ne pas avoir peur d'une personne dont il ne voit pas le visage", se demande Nevine Hamdi, professeur. L'élément psychologique est aussi important : "le rapport entre le patient et l'infirmière exige une communication visuelle", explique le Docteur Mohamed Helmy.

Débat houleux
Le projet de loi a suscité une grande colère au sein du syndicat des médecins, dont la majorité des membres fait partie des Frères musulmans. De même, les députés des Frères musulmans au Conseil du peuple mènent une campagne contre le projet. Pour eux, la loi peut être une étape vers l'interdiction du niqâb dans d'autres secteurs. "Je ne vois aucune contradiction entre le port du niqâb et le métier d'infirmière"a déclaré le député frériste Hamdy Hassan. Le responsable du bureau politique des Frères musulmans, le Docteur Essam Al Eryan, a déclaré que n'importe quelle loi qui entrave les libertés individuelles est illégale.
La haute cour administrative avait déjà refusé, en juin dernier, la décision de l'Université américaine au Caire, qui interdisait le Niqâb dans son enceinte. De son côté, le ministre égyptien de la Santé a déclaré que "la cour considère le niqâb comme étant une liberté personnelle, mais elle l'interdit dans les secteurs dont les exigences du travail le refusent". Entre la nécessité et le refus, le niqâb suscite un débat depuis des années entre les oulimas musulmans. Cette fois, le débat s'est déplacé dans les couloirs des hôpitaux. La liberté personnelle ou la nécessité médicale, qui prendra le pas ?
Marwa HELMY. Photo H.A.M. (www.lepetitjournal.com - Le Caire) mardi 1er avril 2008

Publié le 1 avril 2008, mis à jour le 9 janvier 2018

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