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CRASH AU SINAI - Des souvenirs et des questions

Écrit par Lepetitjournal Le Caire
Publié le 1 novembre 2015, mis à jour le 2 novembre 2015

Le dramatique accident survenu hier matin fait forcément surgir autant de terribles souvenirs que de questions à résoudre. Alors que 224 personnes ont perdu la vie, l'enquête doit désormais démontrer quelles sont les raisons qui ont conduit à ce qu'un avion réputé fiable (un A321) se soit écrasé 23 minutes seulement après son décollage.

 

Sharm El Sheikh encore endeuillée

Les Français se souviennent encore avec émotion de l'accident survenu il y a presque 12 ans, le 3 janvier 2004, lorsqu'un Boeing 737 de la Flash Airlines s'abîmait au large de Sharm El Sheikh, avec 148 personnes à bord, dont 134 Français, des vacanciers ayant passé les fêtes dans la chaleur de la station balnéaire. L'enquête sur le « vol 604 » avait alors conduit à la conjonction d'une défaillance technique et d'une erreur d'un pilote pas assez expérimenté.

L'hypothèse d'un attentat, alors que le Ministre de l'Intérieur d'alors, Nicolas Sarkozy, devait se rendre au Caire pour obtenir le soutien d'El-Azhar sur la question du voile à l'école, agit été rejetée immédiatement, comme hier après que le groupe Etat Islamique ait revendiqué avoir abattu l'avion.

 

Mémorial des victimes du vol 604 - (c) Doomych by WikiCommons

Mais quoi que démontre l'enquête quant aux circonstances du crash d'hier, c'est en tout cas un nouveau coup dur pour la station balnéaire, déjà victime d'une baisse de fréquentation importante depuis plusieurs années, et qui voit ainsi s'abattre la mort une deuxième fois en moins de 15 ans.

Et le Sinaï, autrefois désert fascinant suscitant la curiosité des touristes, devient peu à peu une tanière maléfique où la mort guette.

 

Quels scénarios pour quelles responsabilités?

Dès les premières minutes de vol, le commandant de bord a signalé une défaillance technique des équipements de communication, ce que confirme l'Autorité de Contrôle de l'Espace Aérien en Egypte. L'appareil a ensuite fait une chute de 5000 mètres et vu sa vitesse chuter de façon extrêmement dangereuse de 400 km/h à moins de 200 km/h. Puis il a disparu des radars peu de temps après avoir rejoint l'espace aérien chypriote. Les données de vol sont confirmées par le site Flighradar24, qui « trace » l'ensemble des vols civils dans le monde.

Si défaillance technique il y a eu, il faudra toutefois attendre ce que diront les analyses des boîtes noires ainsi que les experts du BEA, du BFU et du MAK, les bureaux d'enquête français, allemands et russes. La répartition sur près de 8 kilomètres des débris de l'appareil indique déjà selon les experts une dislocation en vol.

Depuis Moscou, le Kremlin a déjà lancé une enquête auprès de la compagnie pour « violation des règles de vol », laissant en effet présager de mauvaises conditions d'exploitation.

De fait, si la compagnie était incriminée, cela jetterait à nouveau l'opprobre sur l'aviation civile russe, en particulier les compagnies charters, et mettrait à mal plusieurs compagnies à bas-coût, qui se nourrissaient justement des destinations balnéaires du Maghreb et du Moyen-Orient.

 

Le Premier Ministre égyptien s'est rendu sur le site du crash

La revendication par Daesh a été jugée peu probable par plusieurs responsables. Les autorités russes et égyptiennes, malgré les combats menés au Sinäi et en Syrie par les deux Etats, nient toute possibilité d'attentat, quand plusieurs experts du mouvement terroriste affirment qu'ils ne disposent pas des armes nécessaires pour abattre un avion qui volait alors à 30 000 pieds d'altitude.

Mais après l'attentat sur le vol MH17, de plus en plus vraisemblablement abattu depuis le sol par des séparatistes pro-russes en Ukraine, le doute subsiste.Et le fait que l'Etat Islamique n'ait encore jamais émis de fausse revendication, selon le tweet de David Thompson (RFI), est un argument supplémentaire inspire le spectre d'une bombe à bord ou d'un sabotage au sol.

Une menace encore imprécise donc, mais qui fait craindre une escalade dramatique dans la violence et les moyens mis en oeuvre dans la guerre menée au Sinaï et dans le Moyen-Orient, justement contre les russes, entrés de manière intense dans le conflit. 

Pour l'heure, le temps est encore au recueillement et aux enquêtes, alors que presque 200 corps ont été extirpés des décombres de l'avion.

  

Quentin Boissard (www.lepetitjournal.com/le-caire) - Dimanche 1er novembre 2015

Publié le 1 novembre 2015, mis à jour le 2 novembre 2015

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