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RUMAH OZANAM – “La vie avance“

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 5 novembre 2014, mis à jour le 5 novembre 2015

L'association Rumah Ozanam, a fait de Batu Arang, un village situé non loin du centre de KL, son point d'ancrage. Les valeurs du don, du partage, de la résilience ont embrassé une toute autre dimension le temps de cette visite au c?ur de la vie de ces femmes et de ces enfants esseulés par les épreuves.  

Plus qu'une association, une véritable maison 

Ysabeau du Sartel, actuellement en charge de l'association, est infirmière et sage-femme de formation. En mettant au service de la maison ses compétences indispensables, elle effectue un travail titanesque. Cette jeune Française veille à ce que tout le monde ait pris l'ensemble de ses médicaments à heure fixe, ainsi qu'à leur bien-être et assure autant de présence que faire se peut auprès des enfants désireux d'affection et de chaleur humaine. Dévouée et pourvue d'une énergie solaire, elle a su créer une véritable relation de complicité avec les enfants et de confiance avec les femmes qui sont hébergés par l'association. D'ailleurs, Ysabeau a également eu l'occasion d'assister l'une d'entre elles à mettre au monde sa petite fille il y a quelques semaines. 

Créée en 2005, la capacité d'accueil de cette maison est de 11 personnes. Actuellement, quatre femmes et quatre enfants y résident. Pour des questions de gestion humaine et d'organisation, cette maison est non mixte. Ces personnes atteintes du VIH ont pour la plupart été dirigées vers cet établissement par des proches ou des membres de la paroisse. Le souci de la prise en charge médicale et de l'accompagnement psychologique y est plus adéquat. En revanche, il s'agit bien d'un lieu d'accueil tremplin. Au-delà des soins nécessaires à leur maladie, il aide ces femmes à construire des projets pour qu'elles puissent retrouver leur indépendance. Cette association assure donc un véritable accompagnement qui, s'il s'avère efficace, permet de venir en aide à plus de personnes malades grâce à un taux de rotation plus important.  

Même si l'apport humain est la pierre angulaire de cette réussite humaine, elle ne saurait exister sans les dons consentis généreusement par des particuliers et des entreprises. En partenariat avec Nestlé qui fournit du  matériel et de la nourriture pour la petite enfance, Shell qui livre du gaz, l'association SIPA qui participe aux ?uvres de construction, Bangsar village, la Fondation de France, etc. cette association perdure tant bien que mal. Il faut également compter sur les dons des particuliers qui ont des effets extrêmement positifs dans le fonctionnement de l'association et, qui font une réelle différence. Malheureusement, par manque de visibilité et par crainte liée à une certaine méconnaissance du VIH, cette association en subit les conséquences. Un projet de rénovation est à l'ordre du jour depuis longtemps déjà, les fonds peuvent être générés mais l'association se heurte à une complexité administrative. En attendant, ?la vie continue? comme le glisse Ysabeau. 

VIH, de quoi parle-t-on concrètement ? 

Malgré la découverte de cette maladie, il y a maintenant plus de trente ans, une chape de plomb continue de l'encercler. Si les campagnes de sensibilisation s'intensifient dans les pays occidentaux, il n'en va pas de même dans les autres parties du monde. Pourtant, concrètement les réactions d'appréhension, de crainte et parfois d'hostilité sont perceptibles quelle que soit la région du monde. 

La contamination par ce virus s'effectue lors de rapports sexuels non protégés, par le sang, le sperme, les sécrétions vaginales, le lait maternel et l'échange de seringues, notamment lors de l'absorption de substances illicites. Il convient donc de préciser qu'il n'est pas possible d'être porteur du VIH après une poignée de main ; par le contact de la transpiration ou des larmes, du linge ou des serviettes, des téléphones ou des sièges de toilette ; par une piqûre d'insectes, pour avoir partagé la même nourriture ou pour avoir nagé dans des piscines publiques. Les risques de contamination dans les gestes de la vie quotidienne sont considérablement restreints. Pour le reste, la meilleure garantie reste les rapports protégés. Ceci paraît une évidence et pourtant, combien de personnes l'ignore ou en doute encore.

En Malaisie, la perception du virus est un phénomène à double vitesse. Généralement perçu négativement par la population, il est associé à un mode de vie permissif et libertaire. Le gouvernement a su faire évoluer sa position en mettant en place un projet axé sur la préservation de la vie. 17 sites ont été installés pour permettre aux personnes présentant une addiction à la drogue de recevoir des traitements à la méthadone. 25.000 individus en ont bénéficié. D'autres ont craints d'être condamnés, car les lois en vigueur proscrivent formellement l'usage de drogues. La réussite de ce projet est donc en demi-teinte. D'ailleurs le gouvernement rencontre des difficultés à encourager le dépistage tant l'opinion publique n'y semble pas prête. Par manque d'informations et de prévention, le virus se propage. La conférence de la société internationale du sida organisée à KL en 2013 est malgré tout un élément qui va dans le sens d'une meilleure prise de conscience. 

Par ailleurs, l'association suscite des sentiments contraires ; tantôt la peur tantôt la compassion ; auprès des villageois. Certains ont parlé d'une montée du sentiment d'insécurité mais n'expriment pas d'actes hostiles envers eux. Au pire, ils y sont indifférents. Paradoxalement, ils font des dons, certainement alertes sur le fait qu'il s'agit d'un devoir que d'aider ces femmes et ces enfants. 

La vie à l'association

Loin des stéréotypes, ce virus est une réalité pour Nuam, une jeune mère Birmane d'une trentaine d'année, Ng Yoke Lian, sourde et muette, Lim Chew Jong, qui est hémiplégique, et Janaki une jeune Indienne. Elles apprennent à vivre avec cette maladie du mieux qu'elles peuvent. En compagnie des deux petits garçons âgés respectivement de deux ans et demi et trois ans et demi, et de leur s?ur de trois ans leur aînée: Jenessan, Sebastian et Talia ; ainsi que d'Elizabeth, deux mois, elles essaient de trouver de nouveaux repères. Des activités manuelles (perles, collages, etc.) favorisent la cohésion du groupe et évitent un isolement nocif à leur bien-être. Par des gestes simples, comme aller chercher les enfants à l'école, ces femmes se soutiennent. Des Françaises, entre autres Pascale et Céline, viennent aussi régulièrement pour offrir de leur temps et un peu de chaleur humaine à tout ce petit monde. En outre, les femmes hébergées ici ont le droit de sortir, de rendre visite à leurs proches mais aussi de les recevoir. D'ailleurs, Janaki a pu passer et obtenir son diplôme en informatique. Elle est donc parfaitement habilitée à travailler, ce qu'elle a commencé à faire. La vie son cours avec ses victoires, ses réussites mais aussi ses épreuves. 

La maladie s'invite quotidiennement dans leur vie. La prise de médicaments, les moments de fragilité, la déchéance du corps, les baisses de moral sont autant d'éléments qui perturbent leur équilibre. À cela, il faut ajouter l'absence et le manque des proches. Pour d'autres, c'est la stigmatisation et la mauvaise considération dont elles sont victimes qui représente une grande souffrance. Perçues parfois et de façon erronée, comme des femmes aux m?urs légères, elles font les frais d'une incompréhension et d'une injustice évidente. Bien souvent, ceux sont les maris qui sont porteurs du VIH et qui contaminent leurs épouses. L'absence de communication fait gagner du terrain au virus. Inconscience ou honte, les conséquences n'en demeurent pas moins désastreuses. 

Malgré tout, une ténacité se lit chez ces femmes. Elles ont trouvé dans cette maison du réconfort, du soutien et suffisamment d'espoir pour continuer à vivre, à se battre. Les enfants, n'ayant plus de famille, à l'exception d'Elisabeth qui a encore sa maman, semblent profiter de chaque instant, a fortiori quand ils reçoivent des visites de nouvelles personnes. Leur sourire fait oublier l'espace de quelques secondes la difficulté des épreuves auxquelles ils sont confrontés. 

Cette maison est l'occasion de se souvenir que la vie est fragile pour chacun d'entre nous et le don précieux. Ce qui semble insignifiant pour certains est immense pour d'autres. 

Pour que l'idée de fraternité et de solidarité entre les êtres humains dépasse l'abstrait, Rumah Ozanam vous donne rendez-vous le samedi 15 novembre de 10h30 à 14h30. Chaque don est précieux, si ce n'est que, et surtout, celui de votre présence. 

 

Plan d'accès :

Adresse : Rumah Ozanam - Lot 408, OC 8 - 48100 Batu Arang (Selangor)

Contact : ssvpozanam_batuarang@hotmail.com ou Sinnappan au 03 6035 1052

?Au programme: présentation de la maison, témoignages de vie et de sur ce qu'est ce sida par une équipe médicale, et déjeuner festif?.

 

Safia Takrabt (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) jeudi 7 novembre 2014

Photos Alexandra Le Vaillant

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Publié le 5 novembre 2014, mis à jour le 5 novembre 2015

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