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THIERRY MARIANI - Retour sur le parcours du Député des Français de l'Etranger pour la zone Asie-Pacifique

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 24 octobre 2016, mis à jour le 24 octobre 2016

Bien que peu de choses le prédestine à la politique, Thierry Mariani entre au RPR à l'âge de 18 ans, devient Maire à tout juste 30, puis obtient son premier titre de Député quatre ans plus tard. Il a déjà occupé et rempli une quinzaine de fonctions et mandats au cours de sa carrière. Depuis 2012, il est Député des Français établis hors de France de la 11ème circonscription qui comprend à elle seule 49 pays d'Asie, d'Océanie et d'Europe de l'Est. Souvent en déplacement dans le cadre de cette fonction, Thierry Mariani était récemment à Kuala Lumpur, où nous l'avons rencontré. 

Lepetitjournal.com Kuala Lumpur : Votre emploi du temps est toujours très soutenu. Comment arrivez-vous à gérer un tel rythme avec tous ces décalages horaires cumulés ? 

Thierry Mariani : J'ai tendance à rappeler que dans ''décalage'', on trouve le mot calage. Lorsqu'il n'y a plus de calage, finalement on peut tout à fait gérer ces changements d'horaires. Ce mois-ci, j'étais à Ho Chi Minh du 28 septembre au 2 octobre, avant d'aller à Hanoi en faisant une escale à Francfort. Puis s'en est suivie la surveillance des élections en Georgie, après quoi je suis revenu à Paris. Ensuite  j'ai pris l'avion pour Phnom Penh, Kuala Lumpur et Shanghai. Un bref retour à Paris ensuite avant de repartir pour Sydney et Perth, puis de nouveau Paris suivi de Chisinau en Moldavie peu de temps après pour contrôler les élections. 

Vous êtes l'un des Députés les plus présents à l'Assemblée, mais aussi sur le terrain à travers votre circonscription. Comment faites-vous pour gérer tous ces déplacements et votre mandat ?

Je suis en effet l'un des députés les mieux notés de l'Assemblée Nationale en termes de présence. Je m'arrange toujours au mieux pour arriver le mardi matin à 9 heures à l'Assemblée et je repars le mercredi dans la nuit ou bien le jeudi matin. 

Je suis d'abord élu pour siéger à Paris et de par ma fonction d'élu des Français de l'étranger et ma place de membre du Bureau politique de formation, j'ai pu agir pour modifier la situation quant au vote par internet lors des primaires. Quand j'envoie une lettre pour expliquer aux expatriés français que je me rends dans leur pays d'expatriation pendant un temps donné, certains me rappellent que la communauté française ne réside pas dans son intégralité dans les capitales. J'ai des personnes à aller voir dans 49 pays différents et des Français répartis en moyenne sur 200 communautés. Je suis forcé de faire des choix lorsque je me déplace. Dans un grand nombre de pays, la communauté française est éparpillée et il paraît difficile d'aller à la rencontre de tous. Et pour répondre à votre question, je dors quand je peux et je vais toujours dans le même sens de décalage horaire. A force, le corps s'habitue; et puis je fais des passages à Paris d'une durée de 2 à 3 jours uniquement.  

Vous êtes rentré très tôt dans la sphère politique, diriez-vous que c'était quelque chose de latent en vous ?  

Non, pas du tout. Ma mère était secrétaire avant d'effectuer une formation qui lui a permis d'obtenir une capacité en droit en suivant des cours du soir. Elle a fini directrice de maison de retraite, et mon père était maçon. Rien dans ma famille ne me prédisposait à faire de la politique. Je pense qu'il y a toujours une part de hasard dans les parcours professionnels et personnels. Mon idée était de travailler à l'international et c'est la raison pour laquelle j'ai suivi des études de droit international, puis j'ai travaillé à Shenzhen Unison Import and Export où je m'occupais des crédits documentaires et des contentieux. Ensuite, en tant que militant volontaire au RPR, Charles Pasqua m'a proposé une ou deux missions en Nouvelle-Calédonie. J'ai commencé à organiser des campagnes électorales pour les autres, et un beau jour je me suis dit que je pouvais les organiser pour moi. 

Comment les choses se sont-elles articulées par la suite ? 

A 18 ans, je faisais partie du comité central du RPR et à partir d'octobre 1988, je suis devenu maire de Valréas. Je venais d'avoir 30 ans. C'était mon premier mandat au Conseil Général. Ensuite je me suis occupé des Français de l'Etranger par hasard, également parce qu'avec Charles Pasqua pendant des années j'étais en charge des fédérations. Dans les partis politiques cela correspond au ministère de l'Intérieur où l'on choisit les responsables de l'organisation. Puis Michèle Alliot-Marie m'a demandé si je souhaitais m'occuper des Français de l'Etranger, c'était en 2000. 

Quels sont les passages qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ? 

Je dirais que ce sont toujours les premiers mandats. Quand je me suis retrouvé à tout juste 30 ans élu au Conseil Général, dans une région où personne ne pensait que quelqu'un de droite pourrait l'être. Ensuite en 1989, lorsque je gagnais les municipales de Valréas. En 1992 pour les régionales également. 1993 fût une autre date marquante, lors de ma députation évidemment. Je rajouterais qu'avant d'être ministre j'ai été représentant principal de la France au Pakistan et en Afghanistan et je passais les trois quarts de mon temps en Afghanistan. C'était relativement impressionnant.

Justement, revenons un peu sur votre expérience de représentant principal de la France au Pakistan et en Afghanistan. N'avez-vous pas ressenti une certaine appréhension en acceptant cette fonction ? 

Non, j'ai toujours préféré ces situations plus difficiles aux plus calmes. Je les trouve plus intéressantes. Je pense que ça doit avoir un lien avec mon expérience militaire. Mais il est important de rappeler que la part de risque est infime. 

Pour vous, quels sont les grands axes des mois à venir pour les élections présidentielles ? 

Dans le cadre de ces élections, je suis engagé dans la campagne de François Fillon. Bien évidemment, je soutiendrai le gagnant à la primaire. Ensuite viendra la campagne législative mais elle sera de très courte durée. Souvent, on ne réalise pas que les élections législatives sont si proches des présidentielles et en tant que membre de l'opposition, j'ai été rapporteur d'un grand nombre de textes à l'Assemblée ces cinq dernières années. Notre objectif consiste à s'impliquer au maximum, éventuellement je souhaiterais être réelu si l'on récupère la majorité à l'Assemblée Nationale. Mais ce que je dis souvent c'est qu'être député, signifie être un sur 577, et c'est la raison pour laquelle il faut se rappeler que la politique est une aventure collective, il me semble que la phrase est du Général De Gaulle. Pour ma part, j'ai la prétention d'être quelqu'un qui compte dans un parti puisque je suis le seul membre du bureau politique des représentants des Français de l'Etranger qui m'assure un certain nombre de relais à l'Assemblée Nationale. J'espère avoir un certain poids sur un certain nombre de dossiers. 

Lors de sa campagne, Nicolas Sarkozy a évoqué récemment le rétablissement de la gratuité des frais de scolarité pour les Français établis hors de France, qu'en pensez-vous ?  

Un vrai débat existe sur ce sujet au sein de la droite. Je voudrais rappeler qu'en tant qu'expatrié français à l'étranger, il y a trois choses dont nous connaissons le prix que nous ignorons en France. D'une part le prix de l'école et d'autre part le prix de la protection sociale et de la retraite. En effet, la retraite et la protection sociale sont prélevées à la source donc personne ne réalise vraiment leur coût respectif. Concernant les frais de scolarité, c'est la première fois dans l'histoire que nous assistons à une baisse de l'aide. Sur ce point, la droite s'attend à voir la gauche répliquer que le niveau des bourses n'a jamais été aussi élevé. Elle aura raison. Cependant, jamais les moyens d'accompagnement à l'enseignement n'ont autant baissé. A la fin de l'année 2012, lors du mandat de Nicolas Sarkozy, comme nous l'avions promis, nous avions mis en place la quasi gratuité de la scolarité française à l'étranger pour les classes de seconde, de première et de terminale. Ce cout représentait 35 millions d'euros, ajoutés aux bourses qui représentaient 90 millions. Au total, 125 millions étaient ainsi investis dans l'aide à la scolarité pour les Français vivant à l'étranger. François Hollande, dans son discours de Londres aux Français de l'Etranger avait déclaré je cite ''je supprimerai la gratuité scolaire mais j'investirai la totalité des sommes dans les bourses.'' Pourtant, les 125 millions de départ n'ont jamais été retrouvés dans les chiffres de l'investissement pour l'aide à la scolarité. Il s'agit là d'un choix politique, mais nous nous trouvons devant un réel paradoxe : alors qu'en France les moyens pour l'Education nationale ont bien augmenté, à l'étranger c'est exactement l'inverse. Dix millions d'euros n'ont pas été réinvestis dans l'aide à la scolarité, tandis que 30.000 élèves de plus sont scolarisés depuis 2012. Dans le même temps, il convient d'ajouter que le budget de l'AEFE ? Agence pour l'Enseignement Français à l'Etranger - qui gère les établissements et qui peut les aider lors de travaux, est également en baisse de 32 millions d'euros au total.  

Comment pensez-vous agir à l'avenir sur cette question ? 

Aujourd'hui, l'essentiel serait de remettre le budget des bourses à niveau. Pour la première fois, des familles commencent à être exclues tandis que d'autres ont vu leur quote-part de 100 % passer à 80 puis à 70. Il est important de rappeler que la taxe qui ne pèse que sur les expatriés, concernant les revenus immobiliers rapporte 150 millions d'euros. D'autres budgets sont bien plus élevés en comparaison à celui-ci. Il faudrait également revoir les critères de bourse. Ainsi l'urgence consiste à revenir au même niveau d'investissement dans l'aide à la scolarité qu'en 2012, ce qui pourrait permettre à des familles de classe moyenne qui n'ont droit à aucune aide, de s'en sortir dignement. 

  

Alexandra Le Vaillant (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) mardi 25 octobre 2016

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Publié le 24 octobre 2016, mis à jour le 24 octobre 2016

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