Isabelle et Bruno Frébourg ont tout sauf une vie banale. Ce couple de cinquantenaires normands parcourt le monde depuis sept ans, juchés sur leurs vélos, par monts et vallons, par tous les temps et tous les obstacles ! Cette semaine, à l'occasion de leur étape à Kuala Lumpur, Lepetitjournal.com a rencontré ces deux personnages atypiques aux vies extraordinaires.
La folie des voyages
Le projet d'Isabelle et de Bruno ne sort pas de l'?uf. Ces deux mordus du voyage avaient déjà à leur actif des histoires de voyage exceptionnelles avant de se décider pour ce road-trip à vélo. Au début, le couple voyage à moto pendant les vacances d'été, mais se lasse de devoir subir les échéances et retourner en France à une date fixe. Malgré de beaux projets comme l'ascension du Kilimandjaro et de montages à la Réunion ou au Pérou, le couple souhaite aller plus loin, et "rencontrer les gens du monde, sans contraintes"." Nous ne voulions pas vieillir et nous dire ?'ah, si on avait su??'", explique Isabelle, qui ne voulait envisager aucune place pour les regrets. Le couple décide donc de vendre maison et agence de communication publicitaire pour se consacrer au projet de leur nouvelle vie. "Les gens avaient du mal à comprendre ce choix, et cela a été très dur de quitter la famille, d'arriver en fin de carrière et de tout laisser tomber. Surtout que nous n'avons pas tout plaqué pour élever des moutons en Ardèche parce que ça n'allait pas, mais parce que nous voulions réaliser un rêve". Le couple choisit donc de tout quitter en 2006, pour s'atteler à leur rêve. Plus pratique que la marche, qui demande quand même de prendre les transports en commun, et plus authentique que le camping-car, les deux compagnons choisissent le deux-roues. Mais? le vélo, ça s'improvise comme ça ? "Nous nous sommes renseignés auprès de cyclistes qui nous ont prévenu des difficultés, et qui nous ont conseillé de nous entraîner avant? Ce que nous n'avons pas fait, pour ne pas nous décourager ! Les premiers jours ont été les plus difficiles, et puis, après, on prend le rythme".
A bicyclette jusqu'aux confins du monde
En 2006, Isabelle et Bruno partent de Normandie vers le nord de l'Europe. Ils traversent l'Angleterre, l'Irlande, l'Ecosse, les îles Shetland et Feroé, l'Islande, la Norvège, le Danemark, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg, avant de revenir en France pour se préparer au prochain voyage. En 2007, le voyage se poursuit et emmène les deux cyclistes jusqu'en Espagne, à Saint Jacques de Compostelle jusqu'au sud du pays, au Portugal, aux Açores, aux Canaries et au Maroc. Pour des raisons familiales, le couple retourne en France à la fin de l'année, après 2000km derrière eux. "On s'est aperçu que nous ne pouvions pas partir trop longtemps et qu'il nous fallait prendre du temps chaque année pour voir notre famille, nos parents, notre fille. Nous retournons donc en France une fois par an en hiver, et nous laissons généralement nos vélos et nos bagages chez les gens qui nous hébergent là où nous avons arrêté notre périple, afin de pouvoir le reprendre lorsque nous repartons de France. On en profite pour faire les bilans médicaux nécessaires", explique Bruno. Le troisième départ conduit le couple à traverser l'Europe par l'Italie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro, la Bulgarie, l'Albanie, la Macédoine et la Grèce pour aller jusqu'en Turquie. Après leur retour annuel, en 2009, les cyclistes enfourchent à nouveau leurs montures pour rejoindre le Liban, la Syrie, la Jordanie, puis le Kurdistan turc, la Mer Noire et la Géorgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Mer Caspienne et le Kazakhstan et enfin l'Ouzbékistan en suivant la route de la soie. C'est au Kazakhstan que Bruno et Isabelle craignent pour leur vie pour la première fois, lorsqu'un barrage cède et que les eaux emportent avec elles un village entier, où ils devaient faire escale la nuit d'après. L'aventure kazakhe ne s'arrête pas là, et le voyage semble compromis lorsque, coincé entre des murs de neige, même les transports motorisés ne peuvent plus avancer. Toutefois, ces frayeurs passées, le voyage continue en 2011 vers la Sibérie, le lac Baikal, la Mongolie, et les 600km de piste dans le désert de Gobi jusqu'en Chine. En atteignant les 110km par jour, consommant 10 litres d'eau chacun, le couple longe le transsibérien jusqu'au Nord de la Chine, et se dirige vers la Corée du Sud et le Japon. L'an dernier, c'est aux Philippines, au nord de la Malaisie, au Brunei, en Indonésie et en Australie que les Frébourg exercent la résistance de leurs mollets, voyant défiler sous leurs yeux les paysages mystiques d'Asie du Sud-Est.
"En Malaisie, nous voulions nous rendre sur des îles paradisiaques mais l'accès était impossible sans bateau privé. Nous comptons donc aller à Malacca puis Port Dickson jusqu'à l'île de Carey, avant de repartir sur la côte Est et de remonter la route jusqu'au nord à la frontière avec la Thaïlande. Ensuite, nous ne pourrons pas traverser la frontière à cet endroit au vu des événements violents signalés dans la région. Nous ferons donc un détour à Penang avant de traverser la frontière côté Ouest".
Les cyclistes remettront le pied à la pédale d'ici la semaine prochaine, mais seraient ravis de rencontrer des Français expatriés sur leur chemin. Si vous nous lisez et souhaitez partager un moment avec deux individus au projet exceptionnel, n'hésitez pas à les contacter, que ce soit pour leur offrir un hébergement ou une discussion autour d'un café !
Retour sur les rencontres et projets à venir
Les Frébourg ont aujourd'hui traversé 46 pays et parcouru plus de 76 000km à vélo. En Malaisie, ils ont été surpris par l'accueil des habitants, en fonction de leur origine ethnique. "Les Indiens et les Chinois de Malaisie ne nous fourniront jamais un toit pour la nuit, alors que les Malais sont très chaleureux. Finalement, ce sont peut-être les habitants des pays musulmans qui nous ont le mieux accueilli et qui ont mis un point d'honneur à faire de nous de véritables invités, comme au Liban ou en Syrie". Les cinq prochaines années affichent déjà un itinéraire plus ou moins programmé, Bruno et Isabelle comptant traverser l'Océan de la Corée du Sud jusqu'à Vancouver et descendre les deux Amériques jusqu'à Ushuaia, avant d'embarquer pour? l'Afrique !
Lorsqu'on leur demande ce qu'ils envisagent à la fin de cette longue décennie à vélo, Bruno répond très naturellement : "Nous avons déjà d'autres rêves à réaliser et d'autres voyages en vue? Mais cette fois-ci, en camping-car. Vous savez, on vieillit ! "
Aujourd'hui, le couple compte sur le soutien de partenaires et des personnes qui suivent leur projet au jour le jour. Si vous souhaitez soutenir leur projet, et recevoir les étapes de leur voyage chaque mois sur votre boîte mail, les cyclistes ne demandent qu'une participation de 10? par an, pour mener à bien leur rêve et continuer d'en faire rêver d'autres aux horizons inconnus. « Nous avons souhaité mettre toutes les chances de notre côté pour réaliser nos rêves. C'est un conseil que je donnerais à tous", conclut Isabelle.
Contactez Isabelle et Bruno Frébourg à l'adresse : roueslibres@gmail.com
Suivez leurs aventures sur : http://www.roueslibres.net/
Noëmie Sor (www.Lepetitjournal.com/kuala-lumpur) Mercredi 15 Mai 2013
