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AVENTURES EN MALAISIE - Sur les pas d'Henri Fauconnier

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 14 novembre 2016, mis à jour le 14 novembre 2016

Henry Fauconnier est à la mode. Son roman Malaisie a été traduit en Malais. Le Lycée Français de Kuala Lumpur porte maintenant son nom. La Malaisie lui a consacré un séminaire? On ne peut pas finir l'année 2016 sans revenir sur le fils prodige? 

A quel moment l'idée s'est-elle imposée ? Est-ce à la fin du printemps 1905, pendant la lente traversée qui permet de s'accoutumer peu à peu à l'Orient, sur le pont du S.S. Victoria en écoutant les planteurs rentrant de congé ? Ainsi, Henri sympathise avec un Américain, planteur de thé dans le sud de l'Inde qui descend à Colombo. Celui-ci l'invite à venir le trouver si Bornéo ne tient pas ses promesses.   

Ou bien plus sûrement, est-ce dans la salle du bar de l'hôtel Adelphi de Singapour, où il est descendu avec son compagnon d'aventure, Jacques Audoin ? Nul n'y parle du sagoutier qu'ils ont l'intention d'aller cultiver près de Sandakan, capitale d'un petit protectorat britannique, le Nord Bornéo. Non, on ne parle que d'hévéa, un arbre qui a fait une entrée très discrète dans le jardin botanique de Singapour en 1876. Il est aujourd'hui au c?ur de toutes les conversations où se mêlent automobile, Dunlop, Michelin et pneumatique. Les planteurs de café comme de tapioca, qu'ils soient Européens ou Chinois,  ne jurent plus que par lui. Etre planteur d'Hevea brasiliensis, ou planter du Metroxylon sagu ? La question a dû paraître bien théorique à nos deux jeunes gens. La réponse, beaucoup moins, elle allait changer leur vie. 

Au lieu de prendre le bateau pour le Nord Bornéo comme prévu. Henri s'embarque pour le Selangor, un petit sultanat malais sous protectorat britannique, situé sur la côte occidentale de la Péninsule. Seul d'abord, il s'agit de préparer le terrain, Jean Audoin parle encore peu l'anglais. The Straits Steamship Company assure un service quotidien des ports du Détroit de Malacca entre Singapour et Penang. Henri ne descendra ni à Malacca, ni à Port Dickson, mais dans un nouveau port situé dans l'embouchure de la rivière Klang. Il ne s'appelle pas encore Port Klang, mais Port Swettenham, du nom du gouverneur des Etablissements des Détroits qui vient de prendre sa retraite. Pour tout bagage, Henri a avec lui une lettre d'introduction que lui a remise le secrétaire du gouverneur de Singapour pour le président du Syndicat des planteurs des Etats Fédérés Malais.   

Il prend le train pour Klang où habite W.W. Bailey, un planteur irlandais, qui est passé avec succès du café au caoutchouc. On l'appelle d'ailleurs le roi du caoutchouc. Après s'être installé rapidement à la Resthouse de Klang, Henri se rend en cyclopousse au bungalow du président. Celui-ci est en train de prendre le thé en famille. La réception est chaleureuse, mais sans préambule, le planteur demande à Henri s'il sait conduire. Sans savoir, mais persuadé qu'une réponse négative serait du plus mauvais effet, il répond oui. W.W. Bailey lui présente sa nouvelle voiture, une française, une De Dion toute neuve qu'il vient d'acquérir, mais ne sait pas faire démarrer. Chance inouïe, Henri la démarre, « Tim » Bailey, le « Rubber's King » prend le volant, il est aux anges, dans les montées Henri doit courir à côté de la voiture. Ils vont visiter une de ses plantations proche de Klang, au retour, il lui remet une lettre pour le directeur de sa plantation de Kapar.  

A quoi ressemble sa nouvelle vie ? Il se réveille à 5h00, puis après l'appel du matin et avoir distribué le travail à chaque équipe de coolies, il rentre au bungalow pour le bain et le petit-déjeuner. La salle de bain est un enclos de palmes, avec une moitié de barrique pour garder une eau opaque, où nage des poissons et des sangsues, et une moitié de noix de coco pour s'asperger. A 6h30 il retourne sur la plantation. Jalan Acob Estate est une nouvelle plantation qui vient juste d'être brûlée et plantée depuis un an. Dans six ans les arbres seront prêts à être saignés. A 11h30, il rentre au bungalow pour le tiffin (déjeuner). Les cuisiniers sont chinois. Au menu il y a des ?ufs, de la viande, des légumes, et du pain de riz et de copra. L'eau doit être filtrée. Puis il retourne sur la plantation, le travail prend fin à 16h00. Après, il s'adonne à l'apprentissage du Malais qu'il juge « idiot et simple » et du Tamoul, « difficile et intéressant » (A suivre).

Serge Jardin se lance lui aussi dans de nouvelles aventures, Un voyage improbable  à la rencontre de la mémoire française en Malaisie, une galerie de portraits?

 

Serge Jardin (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) mardi 15 novembre 2016

Retrouvez Serge Jardin à travers son ouvrage le plus récent, Malacca Style, ou la série d'articles Passeurs d'Histoire

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Publié le 14 novembre 2016, mis à jour le 14 novembre 2016

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