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EXPOSITION - Textile Tales of Pua Kumbu - The sacred journey

Écrit par Lepetitjournal Kuala Lumpur
Publié le 16 juin 2016, mis à jour le 17 juin 2016

Les Pua Kumbu ayant un caractère sacré, il est rare de les voir exposés aux yeux du public. Aujourd'hui présentés pour la seconde fois, une large collection et de nombreuses vidéos permettent jusqu'à fin juin de mieux comprendre cet art, sa complexité et ses enjeux. Cette exposition a été rendue possible grâce au travail de l'anthropologue Welyne Jeffrey Jehom, qui a suivi et étudié cette tradition Iban. Afin de les aider, Welyne a aussi créé une entreprise sociale en 2015 pour promouvoir cet art dont la technique est reconnue même auprès de l'UNESCO.

Tout au long du parcours, on peut découvrir des Pua Kumbu, qui sont des couvertures de cérémonies traditionnelles, ainsi que des vidéos expliquant les processus de fabrication. Pua signifiant ?couverture? et Kumbu ?s'enrouler dans?. Ces pièces sont réalisées par le peuple Iban, une ethnie qui vit dans l'Etat du Sarawak. Chaque création est ornée d'environ six ou sept motifs chacun, mais certains en contiennent plus d'une vingtaine. Tous sont soumis à la propriété intellectuelle, ainsi lorsqu'une tisseuse souhaite utiliser les symboles créés par une autre tisseuse, elle doit au préalable obtenir son accord, et ensuite s'acquitter d'une redevance.

Afin de vous accompagner dans cette balade dans l'art Iban, vous pouvez utiliser l'application Pua Explorer. Elle vous permettra de percevoir aisément et de comprendre les motifs ainsi que leurs significations. Des vidéos explicatives seront alors disponibles simplement en passant votre smartphone devant le symbole ou la zone à expliquer. Cela permet de découvrir des motifs invisibles à l'?il non initié, et ainsi de détailler l'histoire présente au travers de chaque tissu. Car chaque Pua Kumbu revêt des motifs différents en fonction de son utilisation : mariage, protection, naissance, ou encore enterrement. 

Les histoires révélées

Lorsque certains utilisent les mots, ici les motifs tissés vous racontent une histoire qui est dictée aux tisseuses au travers de leurs rêves ; les rêves étant la représentation de leurs ancêtres. A ce jour, une seule tisseuse produit encore des Pua Kumbu en s'inspirant de ses rêves, les autres tisseuses reprennent des motifs déjà créés par les générations précédentes. Elles reproduisent les motifs de leurs rêves directement sur le tissu, sans les avoir dessinés au préalable. Cette technique est impressionnante, tant les Pua Kumbu sont riches et symétriques.

Auparavant exclusivement utilisés comme des couvertures de cérémonie traditionnelles, les Pua Kumbu sont parfois portés aujourd'hui comme des châles, où exposés en tant qu'?uvres d'art.

Chaque pièce peut-être tracée, on peut ainsi retrouver la longhouse et la tisseuse qui l'a produit. 

La forêt et les femmes au c?ur du processus 

Même si les fils de soie, de coton ou de bambou sont aujourd'hui achetés, tous le processus de teinture reste fait de façon traditionnelle grace à certaines plantes et racines de la forêt tropicale
La forêt a une grande importance pour les Iban car ils y vivent et y puisent toutes leurs ressources. La seule façon d'accéder à leurs longhouses est de passer par le fleuve, au c?ur de la forêt. 

Les tisseuses sont quasi exclusivement des femmes. Elles contrôlent tout le processus, de la coloration des tissus au tissage. La confection d'un Pua Kumbu par une femme Iban l'élève au rang de femme mystique reconnue au sein de l'ethnie pour son savoir. Il est alors avéré qu'elle est en relation avec les ancêtres. Nul ne sait précisément d'où provient la technique de tissage et de coloration, car cette tradition s'est transmise oralement, sans aucune trace écrite. 

La confection 

Les tisseuses commencent par préparer le fil qui servira à tisser les Pua Kumbu en les plaçant sur de longs métiers à tisser. Elles attachent ensuite les fils ensemble pour les préparer à la coloration. Pour élaborer la couleur, elles mélangent un ensemble de racines et de plantes afin de colorer l'eau dans laquelle seront plongés les tissus. Une cérémonie est donnée lors de la préparation de ce mélange : les femmes mixent les différents éléments puis lavent leur corps dans la rivière pour le purifier des mauvais esprits. 

Les tisseuses plongent alors le tissu dans des bacs de bois, remplis d'eau et du mélange naturel, afin d'en imprégner les mailles. Plusieurs colorations sont parfois nécessaires en fonction de la couleur désirée. Pour le noir, deux imprégnations différentes sont requises : une rouge et une bleue. 

Une fois le tissu teinté, vient alors le moment du tissage. Les femmes installent les tissus sur des métiers à tisser et commencent à raconter l'histoire vécue dans leurs rêves au travers de différents motifs. Les Pua Kumbu sont très résistants et certains ayant été confectionnés il y a plusieurs centaines d'années paraissent pourtant toujours presque intacts. 

La coloration des tissus s'étale sur deux semaines, tout comme le tissage. Ainsi, pour confectionner un Pua Kumbu complet, cela peut demander jusqu'à un mois de travail en fonction de ses dimensions et de la complexité de ses motifs. C'est une tâche longue et minutieuse qui révèle toute la complexité des histoires racontées. 

Aujourd'hui la communauté Iban craint que cet art ancestral ne soit perdu, car il n'y a pas de jeunes tisseuses, les enfants Iban n'étant pas intéressés par ce savoir-faire. De plus, la détérioration de la forêt due à la déforestation et à l'exploitation illégale, leur fait craindre de perdre les ressources nécessaires à la fabrication des couleurs. 

  

Informations pratiques 

Adresse : Vice Chancellor Office ; International & Corporate Relations Office ; University of Malaya Art Gallery

Date : du 6 mai au 30 juin

Horaires : du lundi au samedi de 9h à 17h

Télécharger l'application Pua Explorer pour Android

L'application est également téléchargeable au début de l'exposition, à l'aide d'un flashcode. 

  

Anaëlle Renou (www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) vendredi 17 juin 2016

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Publié le 16 juin 2016, mis à jour le 17 juin 2016

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