Depuis 1994, les effectifs ont augmenté à l’entrée de l’université, mais le taux d’élèves qui en sortent diplômés a stagné, voire régressé. Les jeunes de 25 à 34 ans sont actuellement moins diplômés que … leurs parents ! Et en conséquence l’emploi est resté inaccessible à une large part d’entre eux.
Le rapport sans complaisance, que vient de publier Stats SA sur l’état de la génération des 15-34 ans entre 2009 et 2014, confirme le sentiment désespérant d’immobilisme en matière d’éducation et d’emploi dans le pays. Pali Lehohla, statisticien en chef, a mis ces résultats en perspective depuis les premières élections libres de 1994. Alors que le nombre de « matriculants » (diplômés de fin d’études secondaires) augmente, leur proportion dans une classe d’âge reste constante, à environ un enfant sur deux entrés en « grade 1 » à l’âge de 6 ans. Bien que le nombre d’inscrits à l’université soit en hausse, le taux de diplômés dans une classe d’âge diminue… « Quand les parents sont mieux équipés que leurs enfants, c’est un signe de régression du pays » a-t’il déclaré à l’occasion de la publication de l’étude sur le « groupe vulnérable ». Les Noirs sont de loin toujours moins éduqués que tous les autres groupes raciaux.
Dans les cinq dernières années, la population totale des 15 à 34 ans a augmenté de 6% un peu moins que la population totale. Cette baisse relative est due à la diminution de 4,2% des jeunes Blancs. Comme précédemment, le taux d’emploi reste directement lié au niveau d’étude et très peu de changements ont eu lieu en 5 ans : alors que le taux de chômage pour les diplômés du supérieur est seulement de 1%, ceux qui n’ont que l’équivalent du Bac est autour de 39%, et ceux qui n’ont aucun diplôme à plus de 50%. Au total, 6 millions (et des poussières) de 15 à 34 ans ont un emploi. Leur nombre absolu est lui-même en baisse avec 31.000 personnes en poste de moins en 2014 par rapport à 2009. Plus de 5 millions de Sud-Africains étaient sans emploi en 2014, dont deux tiers ont moins de 35 ans.
Education et déterminisme social
Le nombre de jeunes vivant sous le seuil de pauvreté aurait reculé dans toutes les provinces. Cependant, plus de foyers comportant des jeunes déclarent avoir connu la faim dans le courant de l’année dans les provinces du Nord-Ouest et du Cap Oriental. La ministre l’éducation (primaire et secondaire) Angie Motshekga a reconnu cette semaine que le taux de réussite des écoles dans les quartiers les plus défavorisés baisse depuis quelques années : la réussite au Matric était de 70,3% en 2013 parmi les 20% des écoles les plus défavorisées. Les mêmes écoles ont vu leur taux de réussite chuter à 61,6% en 2015. Tandis que dans les établissements du quintile le plus favorisé, le taux de réussite est de 90,8% en 2015 - en légère baisse lui aussi.
Le manque de professeurs qualifiés est souvent cité comme un des obstacles à l’éducation. L’urgence est telle que la ministre a annoncé qu’elle ferait appel à une organisation caritative qui place des étudiants comme professeurs de mathématiques là où il en manque. Enfin, l’entreprenariat, supposé sortir les jeunes de leur condition, concerne de moins en moins de personnes. Il a baissé significativement entre 2009 et 2014. 2 millions de personnes en 2014 se déclaraient entrepreneurs, parmi lesquelles 543.000 avaient moins de 35 ans, soit 10% de moins qu’en 2009. Cette baisse est particulièrement forte chez les femmes. « Nous avons connu un pic de jeunes (qui semble maintenant derrière nous), mais nous n’avons pas su tirer parti de ce capital humain. » commente Pali Lehohla. « Ce qui laisse supposer un avenir très difficile » conclut-il.
Lisa Binet (www.lepetitjournal.com/Johannesbourg) 20 avril 2016
Crédit photo By Vgrigas - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26622940
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