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LE CHIFFRE DE LA SEMAINE – Moins de 50g de glucides par jour

Écrit par Lepetitjournal Johannesbourg
Publié le 2 février 2016, mis à jour le 9 février 2018

Pr Tim Noakes est le Sud-africain à l’origine de l’alimentation ‘Banting’ faible en glucides et à haute teneur en lipides. Son régime controversé bouscule les idées reçues dans le monde de la nutrition. Lepetitjournal revient sur les fondements et les enjeux du ‘Banting’, avant la reprise du procès à l’encontre de Noakes la semaine prochaine.


Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur les régimes. Pour maigrir, mangez gras ! C’est la conclusion de Tim Noakes professeur émérite à l’Université du Cap et médecin du sport, après des décennies de recherche sur le métabolisme. Son fameux livre rouge « The Real Meal Revolution », vendu à 200.000 exemplaires, propose des recettes composées de viandes, laitages, légumes à faible teneur en sucre et fruits à coques. L’objectif est de se nourrir avec moins de 50g voire moins de 25g de glucides par jour. William Banting, croque-mort anglais du XIXème siècle, est devenu célèbre à son époque pour avoir diffusé une lettre au public sur l’efficacité de son régime amaigrissant. Le constat sur lequel se base le médecin de Banting est le suivant : la culture des céréales et l’ajout de sucre ont pris une importance considérable dans notre alimentation, qui la rend très différente de celle de nos ancêtres préhistoriques. Pour renouer avec nos besoins de fonctionnement et rester naturellement en bonne santé, il faut diminuer nos apports en glucides sous forme de céréales, légumineuses, fruits ou les desserts. Au cours des décennies qui suivirent, d’autres scientifiques arrivent aux mêmes conclusions, notamment grâce à l’étude de populations de chasseurs-cueilleurs, puis des études endocrinologiques. Mais ce bilan tombe aux oubliettes à l’issue de la deuxième guerre mondiale.

Dans les années 50 aux Etats-Unis, un médecin du nom d’Ancel Keys fait basculer l’alimentation mondiale. Il avance la thèse selon laquelle les matières grasses sont à l’origine des maladies cardiovasculaires. En quelques années, il fait taire les études qui démontrent le contraire et réussit à convaincre l’ensemble du monde médical. Depuis, ceux qui se sont attaqués, expériences à l’appui, à la doctrine des méchantes graisses, sont fustigés et traités d’escroc. Comme le Dr Atkins dans les années 70, revenu récemment à la mode, et comme Noakes, ou encore le régime « paléolithique ».

Ne tirez pas sur le pompier ! 

O lard, o désespoir, o rondeurs ennemies ! Qu’avons-nous combattu comme infamie ? Tandis que le gras apaise la satiété, le sucre stimule l’appétit. Tout occupés que nous avons été à nous convertir, repentants, au 0% de matière grasse, nous avons permis à l’industrie d’ajouter insidieusement des sucres dans notre alimentation. Encouragés par les recommandations médicales, nous avons même augmenté notre consommation de céréales. Ainsi, nous nous serions à la fois affamés et rendus coupables de ne pouvoir maigrir !

Oubliez ce que vous croyez savoir sur le cholestérol. Ce n’est pas le gras, mais le sucre qui enflamme les artères. Se portant à la rescousse des voies sanguines, le cholestérol serait l’agent venu colmater cette inflammation causée par le sucre. « Les êtres humains sont conçus pour brûler les matières grasses. C’est sans doute la raison pour laquelle nous stockons l’énergie sous forme de gras. Mais nous nous sommes transformés en infirmes métaboliques en consommant tant de glucides » déclare le professeur Noakes. En absorbant des sucres, nous empêchons notre corps de brûler les lipides, tandis qu’en mangeant surtout des lipides, le corps s’habitue à les transformer en énergie, et serait capable d’atteindre des niveaux de performances bien supérieures aux « glucidovores » selon les études de Noakes sur des sportifs de haut niveau. Des milliers d’adeptes remercient le professeur pour leur perte de poids, mais aussi pour leur santé et aptitudes physiques. Le phénomène a pris une telle ampleur qu’il est passé dans le langage courant sud-africain « I bant », « you bant », « I’m a banter ». Choux fleur broyés sous forme de « cauli-rice », spaghetti « courgetti » remplissent les rayons des grandes surfaces, et les marchés dédiés fleurissent dans les quartiers ‘bobos’ du pays.

Des vérités qui dérangent.

Et si tout le monde devenait 'Banter' ? Combien de planètes faut-il pour élever ces animaux, engraissés eux-mêmes aux céréales devenues précieuses en période de sécheresse ? Qui peut se permettre de manger de la viande tous les jours ? Si la planète souffre de diabète et d’obésité, elle souffre aussi de pauvreté. Préoccupé par l’image d’un régime pour riches, Tim Noakes a lancé la campagne Eat Better South Africa pour intervenir dans les townships. Il offre un régime à base d’abats, de moelle, de sardines, prouvant que le ‘Banting’ est accessible à tous. Quelque soit son âge. En février 2014, l’impertinent professeur avait recommandé sur twitter à une jeune maman de sevrer son bébé vers son régime. L’association des diététiciens et le conseil des professionnels de la santé l’accusent alors de « conduite non-professionnelle ». Le procès démarré en novembre dernier reprendra lundi 8 février.

En jetant le soupçon sur le dogme selon lequel le sucre apporte l’énergie, le ‘Banting’ dérange notre société. Le malaise que provoque cette remise en cause montre l’importance de cette croyance. Car si nous nous trompons sur une dimension aussi vitale, quotidienne et intime de nos besoins, sur quoi d’autre nous trompons-nous ? Surveillons nos assiettes, qu’on ne nous serve pas de salades !

Lisa Binet (www.lepetitjournal.com/Johannesburg) Mercredi 3 février 2016.

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