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Kathu Solar Park, le défi de l’énergie solaire en Afrique du Sud 

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Écrit par Lepetitjournal Johannesbourg
Publié le 14 mars 2018, mis à jour le 18 mars 2018

A Kathu, à 620km de Joburg, se trouve une centrale solaire avec près de 390.000 miroirs sur une superficie de 450 hectares. Le défi : alimenter à terme 179.000 foyers sud-africains en électricité.

Alors que les regards sont tournés vers Eskom, le fournisseur d’électricité du pays en difficulté depuis de nombreuses années et terni par les scandales, Cyril Ramaphosa, le nouveau président sud-africain, relance l’industrie de l’énergie renouvelable en proposant la signature de 27 projets. A 620 kilomètres de Joburg, Kathu, une petite ville dans la province semi-aride du Northern Cape baignée par le soleil tout au long de l’année ou presque, semble être la destination idéale pour y implanter une centrale solaire avec près de 390.000 miroirs sur une superficie de 450 hectares. Un grand défi, ce chantier a pour objectif d’alimenter 179.000 foyers sud-africains en électricité.

Cédric Faye tient les rennes du projet depuis presque deux ans, voyageant entre Joburg et Kathu. Explications au cours d’une rencontre dans les locaux de Kathu Solar Park situés à Woodmead.

 

lepetitjournal.com/Johannesbourg : Comment vous êtes-vous retrouvé à la tête du projet Kathu Solar Park ?

 

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Cédric Faye : Je suis ingénieur et normalien. Après 20 ans d'expérience dans les métiers de l'eau et des renouvelables, notamment éolien et photovoltaïque, j’occupe le poste de mes rêves, en tant que responsable d’un projet ambitieux de construction d’une centrale solaire à concentration de 100 MW dans le Kalahari pour le compte d’Eskom et du gouvernement sud-africain. Mon expérience à Johannesburg est ma première expatriation en famille. Mon épouse et moi avions, depuis longtemps, l’envie de partir à l’étranger avec nos deux enfants et d’y travailler, c’est donc un rêve qui se réalise et que nous vivons pleinement en ce moment.

Quelle est la situation actuelle en Afrique du Sud ?

Historiquement le pays « arc-en-ciel » a beaucoup de charbon et s’appuie donc sur ses ressources pour produire de l’électricité. 90% de la production est à base de charbon, le reste est du renouvelable et hydraulique, ce qui contribue ainsi au réchauffement climatique. Les usines à charbon d’Eskom vieillissantes ont besoin d’être renouvelées. Avec la situation climatique mondiale, il faut qu’il y ait une réelle prise de conscience et que des efforts soient faits à ce niveau et prévoir la sortie du charbon. L’avantage est que les coûts du renouvelable sont moins onéreux que de créer une usine à charbon. Le petit obstacle : cela demande un énorme changement de mentalité et de « business model » ce qui n'est pas évident. L’Afrique du Sud a, cependant, pris un très bon départ avec la mise en place de programmes novateurs et compétitifs. C’est un bel exemple du programme renouvelable dans le monde. Il y a deux ans, de nombreux projets renouvelables ont été sélectionnés dont Kathu Solar Park mais depuis les choses ont stagnées d’une part à cause des problèmes internes à l’ANC et d’autre part, à cause des problèmes de mal gouvernance au sein d’Eskom. 

Dites-nous en plus sur les différents aspects du projet.

Le projet a débuté en mai 2016 et se déroule sur 29 mois, le business plan, lui, est sur 20 ans. Le coût total de construction du projet s’élève à 12 milliards de rands et nous espérons vendre nos premiers kilowatts à Eskom à la fin de cette année. En ce qui concerne l’impact sur l’environnement, il a été minime : nous avons nivelé le terrain de 450 hectares, pas de diesel et une consommation d’eau limitée. Autre point positif, le projet a généré de l’emploi avec 1.700 personnes sur le site dont un peu plus de 40% d'employés localement. Une fois le projet abouti, l’usine sur place emploiera 80 personnes pour la faire tourner avec des formations à la clé. 

Il faut savoir qu’il y a beaucoup de mines à Kathu, dont la plus grande mine de fer du monde à ciel ouvert ! On y trouve du manganèse, des diamants, des minerais de fer, la mine Anglo American y est implantée. Mais il y a aussi une population de 240.000 personnes qui vivent dans les alentours de Kathu. Nous avons donc mis en place un programme de « social economical development » (SED) avec l’aide d’un consultant qui s’est rendu sur le terrain et s’est appuyé des statistiques pour évaluer les besoins. Grâce à ce programme, nous avons réussi à soutenir 15 projets à hauteur de 800.000 euros au sein des communautés avoisinantes du John Taloe District avec l’organisation de tournois de foot pour les écoles, la mise à disposition d’équipements médicaux pour les aides-médicales et de machines-outils pour un centre d’handicapés ou encore des projets photovoltaïques.

En bref, comment fonctionne une centrale solaire thermique à concentration ?

 

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Disposés en rangées, les miroirs captent le rayonnement solaire et concentrent jusqu’à 400 fois les rayons sur un tuyau central dans lequel circule un fluide. La chaleur est donc absorbée dans ce tuyau où le fluide va être chauffé à 393 degrés. C’est très précis car si la température monte trop haut, tout brule ! Le surplus de chaleur emmagasiné va être stocké dans un réservoir de sel, récupéré dans la région, fondu à 400 degrés puis réutilisé plus tard dans la journée en le réchauffant pour reproduire de la vapeur et de l’électricité. L’avantage c’est que la centrale aura une capacité de stockage de 4,5 heures et pourra produire de l'électricité la nuit, ce qui n’est pas négligeable.


Le futur : la révolution énergétique

L’énergie solaire c’est l’énergie de demain. En Afrique, il y aura bien sûr toujours des usines de production qui couvriront 40% des besoins. Cependant dans les zones rurales ou d’autres pays du continent qui ne sont pas très bien alimentés en électricité, le photovoltaïque fait d’autant plus sens : les foyers produisent grâce au soleil et consomment ! Depuis plusieurs années, les prix ont nettement diminué. Et les coûts sont devenus plus compétitifs que l’électricité en réseau. 
 

Le succès du projet à ce stade en quelques chiffres

- La société emploie 20 personnes et 1 600 ouvriers sur le site en novembre 2017

- 99% des 384 000 miroirs installés

- Construction effectuée à 80% 

- Les frais rentrent dans le budget alloué

- 800 K EUR investis dans les projets de développement social dans la communauté durant la construction 

- 184 000 mètres de câble soit la distance entre Paris et Lille

- Liens avec des sous-traitants français comme par exemple Easigas, Air Liquide et Manitou


Un conseil pour les lecteurs ?

Mettez-vous au photovoltaïque surtout si votre toit est exposé au nord. 

 

Plus d’informations 

 

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Publié le 14 mars 2018, mis à jour le 18 mars 2018

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