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Une adolescence en France et une passion désormais, transmettre sa culture javanaise

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Écrit par Valérie Pivon
Publié le 15 août 2021, mis à jour le 15 août 2021

Dès que l’on franchit la porte d’Ibu Yekti, on se trouve transporté dans un monde tout javanais empreint de délicatesse et de raffinement. Ibu Yekti nous accueille dans sa maison joglo installée au sud de Jakarta. Assise confortablement dans un fauteuil javanais, tout en buvant un thé accompagné de gourmandises, Yekti nous raconte son adolescence, ses études en France et sa passion pour la transmission de la culture javanaise et indonésienne.

 

Les parents de Yekti étaient diplomates et c’est au gré des missions de son père que Yekti et ses quatre sœurs et frères ont voyagé et découvert l’Europe. Tout d’abord la Belgique, ou Yekti sera scolarisée en maternelle, puis Moscou et enfin Paris. Elle arrive en France en classe de quatrième. « Nous habitions à Antony dans le quartier de la Croix de Berny. Le lycée international était trop loin, mes parents ont fait le choix de nous scolariser avec mes sœurs dans une école catholique à Anthony. Je suis arrivée en classe de quatrième, je ne parlais pas beaucoup le français même si je l’avais un peu appris à l’école. J’ai fait le choix de prendre une spécialité mathématique car ainsi je n’avais pas trop besoin de rédiger. J’ai passé mon baccalauréat en 1968, ce fut une année un peu particulière pour nous. Nous sommes revenus en 1969 en Indonésie, mon pays venait également de vivre un épisode difficile avec le coup d’État de 1965. Mon père n’avait plus de poste. J’ai trouvé un travail au sein de l’ambassade de France, au service culturel où pendant trois ans je me suis occupée d’accueillir les français qui arrivaient en Indonésie mais aussi d’aider les Indonésiens qui partaient étudier ou vivre en France. Puis je me suis mariée et j’ai suivi son mari qui terminait ses études à l’Université de Bandung (ITB) ; là j’ai été pendant trois années l’assistante d’un agronome français qui travaillait pour le Bureau pour le développement et la production agricole. Suharto était au pouvoir, un programme agricole et des partenariats avaient été mis en place. Nous sommes ensuite revenus nous installer à Jakarta avec mon mari près de Menteng. »  De ses années en France, ce qui lui manque le plus sont ses amies, et l’espiègle Yekti nous avoue que les babas au rhum qu’elle achetait au sortir des cours étaient sa petite madeleine de Proust.

 

La transmission de la culture

Yekti se passionne pour sa culture mais également pour la conservation et la transmission. Elle est à l’origine de la création de l’association Ganesha, qui prendra le nom plus tard d’Indonesian Heritage Society qui organise des conférences, des visites découvertes, des voyages et des visites guidées au musée national de Jakarta. C’est lors d’un voyage à Java Est au début des années 80 que Yekti a un coup de foudre pour une maison javanaise. « Il y avait trois maisons, je les ai achetées mais je ne m’étais pas rendue compte de leur taille car au milieu du champ de maïs elles me semblaient de taille raisonnable ; mais arrivée à Jakarta sur mon terrain, je n’ai pu installer que la plus petite. Nous avons construit ensuite de chaque côté les chambres et la cuisine ». Yekti nous explique qu’elle a choisi une maison sans trop de sculptures car la poussière s’y loge et elle nous fait remarquer la hauteur des portes : « un Hollandais a habité cette maison, il travaillait pour l’exploitation où j’ai acheté ma maison ».

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Une passion pour les perles de verre

C’est en emmenant ses enfants à l’école chaque matin que Yekti passe sur Jalan Surabaya, une rue de Jakarta où l’on trouvait de nombreuses antiquités. Yekti découvre les perles de verre. Elle se prend de passion pour l’histoire de ces perles qui sont arrivées en Indonésie avec les marchands venus acheter des épices. C’était une monnaie d’échange. « Aujourd’hui, certaines perles anciennes peuvent atteindre 800 euros sur le marché des antiquités, les perles rares indonésiennes appelées jatim sont vendues autour de 120 euros ». Ces perles se faisant difficile à trouver sur le marché de Jakarta, Yekti travaille désormais avec des artisans du village de Jomban, un petit village situé à 2 h de Surabaya. Les artisans spécialisés dans le travail du verre copient les motifs des perles anciennes. Elles sont fabriquées à partir de verre brisé acheté à des usines qui pratiquent le recyclage des bouteilles. La pâte de verre est combinée à un colorant et chauffée à haute température. À l’origine, ces perles étaient destinées à la fabrication d’objet de prières, on trouve quelques magasins le long de la route principale destinés aux touristes.

java perles

 

Yekti possède une magnifique collection de perles, elle propose des ateliers de création de bijoux dans sa jolie maison. On y passe un agréable moment en dehors de tout, en écoutant Yekti nous raconter l’histoire de ces perles et celle de son pays.

 

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