La pratique de la Lobola est ancrée dans la culture sud-africaine depuis des décennies, et vient d'être mise en scène dans le monde entier avec la sortie du film sud-africain "Fanie Fourie's Lobala", qui a remporté le 9 juin dernier le prix du meilleur film du festival de Seattle.
Mais qu'est-ce que la Lobola ?
La Lobola est le terme employé pour la « transaction » qui s'opère lorsqu'un jeune couple souhaite se marier. Le prétendant envoie des membres de sa famille pour aller négocier avec la famille de sa fiancée. La famille du marié doit honorer à la famille de la promise en payant un montant convenu, traditionnellement payé en bétail !
Selon l'Umsamo African Institute, la Lobola était un moyen pour le père de s'assurer que la future famille de sa fille avait les moyens de subvenir aux besoins de sa progéniture. La richesse était traditionnellement mesurée par l'importance de son troupeau de bétail. L'acceptation de la Lobola est aussi un moyen montrer aux « anciens » que le Kraal de la famille continue de croître et que la famille est solide financièrement.
La version moderne de la Lobola
De nos jours, la Lobola n'est plus payée en bétail mais en cash. Malgré celà, de nombreuses traditions ancestrales sont toujours respectées. Le professeur V.V.O Mkhize, fondateur de la Umsamo African Institute, décrit la version moderne de la Lobola ainsi :
La première personne qui est mise au courant par le abakhongi (représentant de la famille du futur époux) est la mère de la mariée. Habituellement, la famille du marié envoie une lettre à la famille de la promise en précisant leur intention de négocier la Lobola à une date définie.
Le jour de négociation, les représentants du marié arrivent à la porte de la famille de la jeune fille très tôt le matin. Ils expriment leurs intentions d'avoir de bonnes relations avec la future belle-famille en disant « Sizocela isihlobo esible »
Le père de la mariée appelle ensuite ses frères et ses voisins pour commencer les négociations. Avant le début de celles-ci, un cadeau doit être remis au père de la future mariée. Traditionnellement, ce cadeau prenait la forme d'une vache, mais aujourd'hui, il est très souvent remplacé par une bonne bouteille d'alcool de valeur. Après avoir reçu ce présent, le père fait venir toutes ses filles ou à défaut toutes les femmes de sa famille. Le représentant du marié doit désigner la promise parmi toutes ces femmes, sans se tromper !
Une fois le choix fait, les négociations peuvent commencer?
Bien que le marié et la future épouse ne participent pas à ces négociations, l'éducation de la mariée, sa contribution dans la création de richesse de sa future famille, le fait qu'elle aie déjà des enfants ou non seront les principaux éléments de négociation de la Lobola. Le prix tient aussi compte des revenus du futur époux, mais aussi de la richesse de sa famille, sans oublier le fait de savoir si la famille de la future mariée apprécie ou non son futur gendre !
La Lobola devant la loi
La Lobola est une pratique acceptée et reconnue par la loi en Afrique du Sud. Bien que le mariage romantique devienne de plus en plus courant, payer votre Lobola ne vous assurera pas forcément un mariage serein et durable. Si vous découvrez qu'après avoir payé votre Lobola, votre fiancé est une tueuse en série, ne craignez rien ! Vous pourrez mener une action en justice. Selon l'avocat Roy Bregman, le fiancé, en cas d'urgence ou si l'une des parties ne respectent pas ses engagements, peut intenter une action en justice pour récupérer le montant de sa Lobola.
La vision de Henk Pretorius
Henk Pretorius est le réalisateur du film sud-africain, à succès, mettant en scène cette pratique, Fourie's Lobola.
En faisant ses recherches pour son film, le réalisateur a tenu ces propos : « Je considère la Lobola comme beaucoup des traditions de notre pays : quand elles sont utilisées pour rassembler les gens, et qu'elles renforcent l'engagement et le respect de notre future belle ?famille, ces traditions apportent un certain charme et peuvent trouver leur place dans une société moderne. Mais lorsque ces traditions sont utilisées pour renforcer et mettre en avant telles ou telles cultures d'Afrique du Sud, cela entrave le progrès de notre nation arc en ciel. »
« Je pense qu'il est maintenant temps que nous commencions à créer des traditions sud-africaines uniques qui pourraient regrouper tous les sud-africains, et peut-être que la Lobola en fera partie ! » ajoute Henk Pretorius.
Richard Simonnet (www.lepetitjournal.com/johannesbourg.html) mardi 25 juin 2013