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Nicolas "Une année à l’étranger comme source d’enrichissement personnel incroyable"

Nicolas Jeckel Science Po jakartaNicolas Jeckel Science Po jakarta
Nicolas Jeckel étudiant en échange universitaire à Jakarta
Écrit par Valérie Pivon
Publié le 7 février 2023, mis à jour le 31 octobre 2023

Ces dernières années de plus en plus d’étudiants français viennent faire des échanges universitaires en Indonésie. Nous avons rencontré trois étudiants de la prestigieuse école de Sciences Politiques Paris à Universitas Indonesia à Depok, université située dans la banlieue sud de Jakarta. C’est l’une des universités la plus renommée du pays. 60.000 jeunes étudient sur ce campus. Cette semaine Nicolas, en échange pour un an, répond à nos questions.

 

Nicolas, pouvez-vous nous décrire votre parcours ?

Après avoir déménagé à plusieurs reprises pendant mon enfance au grès des mutations de mes parents militaires, nous nous sommes installés sur le Bassin d’Arcachon où j’ai fait mon collège, à la Teste puis mon lycée à Arcachon. Bachelier 2020, durant l’année COVID, j’ai intégré le collège universitaire de Sciences Po Paris la même année dans la promotion 2025. En deuxième année, j’ai choisi la majeur "politique et gouvernement" axée sur le droit et la science politique avant de choisir de partir en échange d’un an en Indonésie dans le cadre de la troisième année de notre cursus que nous devons réaliser à l’étranger.

 

Pourquoi avoir choisi l’Indonésie pour votre échange universitaire ?
Il est vrai que pour un étudiant à Sciences Po, le choix de l’Indonésie comme destination pour un échange universitaire peut surprendre. Surtout quand on sait que Sciences Po nous offre la possibilité d’étudier un an dans les plus prestigieuses universités du monde comme Cambridge, Oxford ou Harvard. Cela dit, je voulais profiter de l’opportunité de vivre un an à l’étranger autrement.

En effet, plus jeune, j’avais eu l’opportunité de vivre deux années à Djibouti et j’en avais gardé un excellent souvenir. Cela avait été une expérience incroyable du haut de mes 10 ans et les découvertes que j’avais faites à cette occasion m’avaient particulièrement marqué. Aussi, cette année à l’étranger était pour moi l’occasion de réitérer cette expérience et dès mes premières réflexions, il était évident que je ne voulais pas partir dans un pays occidental avec une culture trop proche de la nôtre. Je voulais découvrir autre chose. Mon choix s’est assez rapidement porté sur l’Asie du Sud-Est qui était pour moi une région encore complètement inconnue et où je n’avais jamais eu l’opportunité de me rendre.

Venir en Indonésie plus qu’un autre pays de la région s’explique par la place prépondérante qu’y occupe ce pays : pays le plus peuplé, le plus vaste, siège de l’ASEAN et aussi partenaire de plus en plus important de la France dans la région. La très grande diversité culturelle et la possibilité de voyages qu’offre l’archipel ont aussi motivées ce choix.

 

Quels ont été les premiers chocs culturels à votre arrivée ?

Je pense qu’il y a eu pour moi plusieurs principaux chocs. Le premier porte sur la religion et la place que celle-là occupe dans la société indonésienne. En effet, lorsque j’ai dû remplir les différents formulaires pour l’immigration, il a fallu que je renseigne ma religion parmi les 6 que reconnait l’Indonésie. Pour le citoyen français que je suis, sortant d’un système scolaire où la religion y est exclue et où la laïcité est l’un des piliers fondamentaux, cela m’a beaucoup interrogé avant même mon arrivée dans le pays. Aussi, apprendre qu’ici la religion est indiquée sur la carte d’identité de chaque Indonésien relevait vraiment de l’antagonisme avec la laïcité à la française où la religion est un sujet tabou.

Nicolas echange universiatire Jakarta

Le deuxième choc est je pense plus universel pour tous les Français qui se rendent en Indonésie, c’est le choc culinaire. Si, après 6 mois cela va beaucoup mieux, les premières semaines à ne manger que du riz et des nouilles très – trop – relevés n’ont pas été faciles. Et comme tout français expatrié, le manque de la baguette, du fromage et du vin, lui, ne disparait toujours pas après ces 6 mois.

 

Qu’est-ce que les premiers mois vous ont appris sur la vie en Indonésie et à l’université ?

La patience. C’est je pense le principal enseignement de ce séjour en Indonésie que ce soit avec l’administration, à l’Université ou dans notre quotidien. La procédure pour obtenir notre visa a été particulièrement longue et j’ai dû repousser ma venue en Indonésie de près d’un mois en attendant mon visa. De même une fois sur place, il nous a fallu attendre un mois supplémentaire avant d’avoir notre KITAS pour pouvoir quitter Jabodetabek.

A l’université aussi, la patience est la première des vertus. Il n’est pas rare que les professeurs arrivent avec plus de quarante minutes de retard à un cours et contrairement à la France où, tous les élèves partent au bout de 15 minutes, ici ils patientent jusqu’à l’arrivée du professeur.

Enfin dans la vie de tous les jours, les Indonésiens ne sont absolument pas pressés bien loin des Parisiens. Jakarta est tellement grande et congestionnée que la moindre sortie ou déplacement correspond tout de suite à une heure de trajet, surtout en venant de Depok.

             

Quelles sont les différences ou similitudes entre les cours à Science Po et à l’université Indonesia ?

Bien que Universitas Indonesia soit la meilleure université du pays, je trouve qu’il y a beaucoup de différences avec nos études à Sciences Po. Avant tout, le rythme scolaire. En effet, en tant qu’étudiant en échange nous n’avons besoin que de prendre 4 cours pour valider notre semestre soit un total d’une dizaine d’heures de cours quant à Sciences Po nous avions 24 à 28 heures de cours par semaine. La quantité de travail personnel demandée à la maison est elle aussi bien inférieure.

La philosophie même des cours est différente puisqu’en Indonésie les professeurs ne sont pas là pour nous donner un cours mais plutôt pour survoler une liste de concepts que nous devons aller approfondir par nous même après le cours à l’aide du matériel qui nous a été recommandé – matériel qui est bien souvent en bahasa indonesia.

 

Qu’attendez-vous de votre année en Indonésie ?

           

Plus qu’un échange universitaire, je vois cette année à l’étranger comme une source d’enrichissement personnel incroyable.

L’objectif est d’apprendre de nouvelles choses autres que sur les bancs d’une salle de classe à recevoir un cours magistral. Je souhaite vraiment pouvoir revenir en France riche de la diversité culturelle indonésienne. Cette année est aussi l’occasion de porter un regard sur la France de manière extérieure et j’espère sincèrement que ce séjour me permettra de porter un point de vue différent sur le monde et pas forcément occidentalo-centré.

           

Avez-vous créé des liens avec d’autres étudiants ? Indonésiens ou étrangers ?

Le fait de se retrouver seul à l’autre bout du monde sans famille et sans amis a vraiment permis de multiplier les rencontres. Déjà nous trois, car nous ne nous connaissions pas avant de nous rencontrer ici en Indonésie. Nous avons aussi rencontré d’autres étudiants français venant d’autres cursus et la force de la communauté fait que nous avons passé beaucoup de temps ensemble.

 

Nicolas echange universiatire Jakarta

 

À notre arrivée, nous avions aussi un Buddy, un étudiant indonésien chargé de nous accompagner dans nos démarches administratives. Aujourd’hui, ma buddy est devenue une véritable amie avec qui j’échange régulièrement et j’ai même eu la chance en janvier lors de mon séjour à Sumatra de visiter Banda Aceh avec elle comme guide puisqu’elle vit là-bas. J’ai aussi créé des liens forts avec de nombreux étudiants indonésiens qui sont eux, en études françaises à UI. C’est vraiment une chance de les avoir rencontrés car ils me font découvrir Jakarta. On va d’ailleurs régulièrement à l’Institut Français ensemble. Et puis j’espère que bientôt ce sera mon tour de leur faire découvrir la France. En résumé un séjour plein de très belles rencontres.

 

Avez-vous eu l’opportunité de découvrir l’Indonésie ?

Oui, le rythme des cours nous en a largement donné l’opportunité au cours du premier semestre. Cela était aussi mon objectif premier en venant vivre un an ici en Indonésie. Aussi, j’ai eu l’opportunité de visiter Bali et Lombok assez rapidement. Nous avons aussi pu nous déplacer régulièrement les weekends sur Java avec des séjours à Bandung, Bogor, Yogyakarta ou les Mille iles. Enfin j’ai profité de la pause entre les deux semestres pour aller explorer le nord de Sumatra, du Lac Toba à Pulau Weh. Ceci dit je suis heureux de pouvoir poursuivre la découverte de l’Indonésie pendant encore un semestre complet car il me reste encore beaucoup d’endroits où aller et nos amis qui n’ont fait qu’un semestre d’échange sont repartis frustrés de devoir rentrer si rapidement en France.