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Histoire méconnue de l'immigration Javanaise en Nouvelle-Calédonie

1896, un premier bateau avec 163 Javanais a Noumea pour venir travailler1896, un premier bateau avec 163 Javanais a Noumea pour venir travailler
16 février 1896, 163 Javanais accostent à Nouméa
Écrit par Lepetitjournal Jakarta
Publié le 3 mai 2021, mis à jour le 21 novembre 2023

L'histoire de l'immigration javanaise en Nouvelle-Calédonie est très peu connue. Entre 1896 et 1949, près de 20.000 Javanais quittent leur île surpeuplée et la misère pour venir travailler sous contrat en Nouvelle-Calédonie, pays en besoin de main-d’œuvre. Si beaucoup d'entre eux sont revenus après la guerre dans leur village natal à Java, nombreux sont ceux qui sont restés, se sont intégrés et ont contribué fortement au développement de ce territoire. Retour sur une histoire méconnue.

 

Fin du XIXème siècle, misère et famine sur Java poussent les Javanais vers la Nouvelle-Calédonie

Le 16 février 1896, un bateau accoste sur les côtes néo-calédoniennes en provenance de Java. A bord, 163 personnes dont 23 femmes, tous javanais. Ils arrivent des Indes Néerlandaises où sévissent la famine et le chômage, les rizières qui nourrissaient la population locale ayant été remplacées par des grandes plantations de café, d'indigo, de tabac par les colons néerlandais.

Ces javanais ont un contrat de 5 ans, ils sont embauchés par les colons français pour travailler dans les plantations de café.

On leur attribue un matricule et un contrat légal appelé « livret d'engagé ». En fait, ils sont réduits à un état de semi-esclavage, pas de libre circulation possible, soumission au patron, « l'engagiste », et ils tombent sous le coup de l'indigénat qui régit la colonie. Ils sont d'abord embauchés dans les plantations puis, plus tard, dans les mines de nickel. Aux javanais sont réservés les travaux les plus durs. 

Entre 1896 et 1949 - date du dernier convoi dans lequel se trouvent des indonésiens qui ont fait cette fois le libre choix de venir en Nouvelle-Calédonie -,  ce sont 87 bateaux qui débarquent 20.000 javanais en Nouvelle-Calédonie. Dès 1939, les javanais les plus méritants obtiennent la résidence libre, et en 1946, la libre circulation et la possibilité de créer leur commerce et d'exploiter leurs propres métairies.

En 1945, la République d'Indonésie voit le jour. De fait, les javanais installés en Nouvelle-Calédonie deviennent des citoyens indonésiens. Entre 1945 et 1955, ils sont des milliers à quitter leur terre parfois natale pour rejoindre la jeune Indonésie. Un retour qui peut se révéler douloureux, dans un pays qui n'est plus le leur, qu'ils ne reconnaissent pas, vers une culture dont ils ont perdu les repères.

Un retour difficile

La jeune génération qui a suivi l'école en français arrivera à rebondir et à trouver un emploi auprès des sociétés françaises venues participer au développement de l'Indonésie, dans les consulats ou centres culturels. Ce fut par contre plus difficile pour leurs parents ; à leur retour, la situation de l'Indonésie est compliquée, ils se rendent compte que leur insertion ne fait pas partie des priorités. Beaucoup perdront leurs économies, et partiront à nouveau sur d'autres iles participer au programme de transmigration en cultivant des terres en friche pour les rendre fertiles.

Aujourd'hui, la communauté javanaise en Nouvelle-Calédonie représente 1.600 à 2.000 personnes, une petite minorité.

Découvrez les témoignages souvent poignants et les recherches historiques des descendants des Javanais de Nouvelle-Calédonie dans ces deux documentaires de 26 minutes chacun.