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A LA RENCONTRE DE NOS LECTEURS – Jacques Périn

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 27 janvier 2012, mis à jour le 5 janvier 2018

Ancien cadre supérieur dans le domaine de la Communication et du Marketing, Jacques Périn, aujourd'hui à la tête de sa propre maison d'édition, est un grand passionné de la Turquie et de l'Histoire des Turcs. Parisien, il nous livre sa vision de l'actualité ; en ces temps de crise, ce lecteur a su trouver les mots justes pour expliquer pourquoi la France et la Turquie ont tant de mal à communiquer actuellement mais il nous parle aussi de ses sensations d'étranger en vacances en Turquie. La générosité, l'hospitalité, la bienveillance des Turcs sont des valeurs que Jacques Périn adore retrouver chez ses hôtes, à l'occasion de ses nombreux voyages annuels, ces valeurs qui dit-il assez justement ont tendance à se perdre en France. "La Turquie, c'est notre bouffée d'oxygène, on y vient chaque année car on s'y régénère "

Lepetitjournal.com d'Istanbul : Pouvez-vous vous présenter ?
Jacques Périn :
Je m'appelle Jacques Périn, avec un "r" à ne pas confondre avec mon homonyme réalisateur. J'ai bientôt 64 ans, je suis parisien. J'ai commencé la vie professionnelle en tant que chimiste bactériologiste dans un laboratoire de produits laitiers, mais vite j'ai voulu faire autre chose? A l'époque, c'était facile de changer de métier ! En lisant les petites annonces, j'ai trouvé le poste qui me convenait parfaitement : je suis devenu animateur d'une grande chaine de magasins, le Printemps, spécialisé dans la communication et la publicité. Quelques années après je suis revenu à mes premiers "amours", les produits laitiers, en tant que communicant dans les services publicités de Yoplait, et pour la petite histoire, avec mon équipe nous sommes les fondateurs du sigle "Yoplait " que vous connaissez tous aujourd'hui. J'ai changé souvent de société ensuite, car pour progresser professionnellement, en interne c'était difficile à l'époque, mais cela se faisait aisément d'une entreprise à une autre.

Jacques Périn, chez lui à Paris (photo MD)

La retraite approchant, passionné de photographie depuis toujours, j'ai crée ma propre entreprise ; une société d'édition dont la spécialité est d'éditer des livres qui s'adressent à des chapelles avec comme point commun, la photographie. J'offre également mon savoir-faire en communication et marketing, je fais du conseil en free-lance. Au final, je n'ai jamais été aussi occupé que ces dernières années, je devrais prendre ma retraite mais je ne peux pas? Parallèlement à ce tout que je viens de vous raconter, je suis un grand passionné de la Turquie depuis trente ans, avec ma femme nous vivons " turc". Chaque année depuis 2001, nous passons nos vacances en Turquie, et j'ai coutume de dire à mon entourage " Si un jour, je disparais de la circulation, allez me chercher en Turquie ! "

Depuis quand connaissez vous lepetitjournal.com ?
Dès le début de votre aventure en 2009, grâce à  une amie française, qui vit à Istanbul, nous avons connu lepetitjournal.com, et nous nous y sommes abonnés dans la foulée.

Avec quelle fréquence nous lisez-vous ?
Je le lis chaque matin, c'est un petit peu notre bouffée d'oxygène à ma femme et moi, notre fenêtre sur l'Orient ! Nous regardons les titres de l'actualité, la météo et on se dit souvent : " Ah, si on pouvait être à Istanbul en ce moment ? ", et on râle aussi parfois quand il y a une super expo et qu'on ne peut pas y être pour la voir. Nous imprimons de nombreuses pages sur des sujets qui nous intéressent dans vos rubriques Pratique, restaurants,? pour préparer notre prochain voyage.

Qu'est ce que vous aimez  particulièrement dans notre édition ? Quels sont les articles qui vous intéressent le plus ?
Nous qui sommes parisiens, tout ce qui se passe en Turquie nous intéresse en priorité. L'actualité culturelle, les sujets politiques que vous abordez de manière très raisonnable, la gastronomie sont les principales rubriques que nous consultons. Mon épouse s'étant mise à la cuisine turque ; dès que vous publiez des recettes, elle les met en pratique !

A Istanbul, qu'aimez-vous le plus ? Et le moins ?
C'est difficile car on aime tout ! Ce qu'on aime le plus, mon épouse et moi, c'est le Dépaysement avec un grand D. Quand on arrive de Paris, cette espèce de climat, de sensation inexplicable qui dès les portes de l'aéroport nous happe? Je pense que l'on ressent encore aujourd'hui ce que les premiers voyageurs à Istanbul ont ressenti à leur arrivée,... On parle de l'air de Paris, de la lumière de Venise, Istanbul c'est les oreilles, le son ; l'appel à la prière, les klaxons des voitures, cette circulation qui parait complètement aberrante, mais très cool finalement par rapport à la circulation parisienne. C'est une ville où tout se côtoie, tout peut arriver ici, mais dans la sérénité. On n'a pas l'impression d'une ville tendue?alors que les gens travaillent, qu'il y a des commerces partout ! On voit que c'est une ville active, une ville qui grouille de vie, les gens marchent beaucoup mais le " keyf" n'est jamais loin? Les gens prennent malgré tout encore le temps de s'arrêter dans cette cohue urbaine, contrairement à Paris, où il faut absolument justifier son temps, tout ce que l'on fait? Quand on rentre à Paris, notre premier choc, de retour d'Istanbul, c'est le calme? Que Paris est silencieuse comparée à Istanbul !
Le point négatif, s'il faut en trouver un, et alors il faut vraiment aller dans le détail : c'est l'absence de trottoirs, et le tout à l'égout qui n'est pas  encore au point quand il pleut?

Quelles sont vos impressions sur les rapports franco-turcs assez malmenés ces derniers temps ?
Un des traits de caractère commun à la majorité des Turcs, c'est cette fierté qui est une qualité pour moi, mais utilisée excessivement devient un défaut. Ils ont du mal à revenir sur ce qu'ils ont dit, ce qu'ils ont fait quand ils se sont trompés. Ma femme et moi, nous comprenons cette fierté, nous sommes indulgents à son égard par ce que nous occidentaux, on sait tout, on a tout vu, on a été colonisateurs, on a détruit les dieux des sociétés dites primitives que l'on venait coloniser et on a l'impression que lorsque l'on arrive quelque part, on détient la vérité, on sait tout?On est assez méprisants ! ce qui m'ennuie aujourd'hui dans les rapports franco-turcs, c'est cette méconnaissance de la psychologie orientale, nous avons la bêtise de ridiculiser notre interlocuteur en lui disant "c'est pas comme ça qu'il faut penser ", de le vexer au lieu de le respecter et de lui proposer une autre solution ou de l'amener à trouver une autre solution. Il n'y a rien de pire que d'imposer quelque chose à l'autre. Il ne faut jamais déprécier son adversaire. Nous Français, on ne sait pas faire?  A tous nos amis turcs à qui nous avons présenté nos v?ux en ce début d'année, nous nous sommes excusés, en leur disant " Attention, ne confondez pas tout, ne confondez pas les hommes politiques et les Français". Je trouve que la politique n'a pas à s'ingérer dans l'histoire des autres pays. Je serais protestant, je demanderais que l'on reconnaisse le génocide à la Saint Barthélémy. On est très mal placé pour donner des leçons aux autres.

En conclusion, que diriez-vous ?
Istanbul est une ville qui ne s'est pas dépersonnalisée,  mais qui s'est enrichie au fil de l'Histoire, elle n'a pas perdu son identité mais en a gagné, c'est très spécifique aux peuples qui ont composé la Turquie et qui ont eu cette intelligence non pas de lutter, mais de s'intégrer. Je comparerais la Turquie à un gros chaudron, ou une " boule à facettes " avec ses nombreux peuples qui l'ont composés au fil du temps et qui l'ont enrichie, pour faire l'Istanbul que nous adorons tant aujourd'hui !

A ce sujet, je viens de sortir un livre de photographies anciennes d'Istanbul issues de ma collection personnelle. Cet ouvrage intitulé Constantistanbul, n'est pas un énième livre de photographies sur la Turquie ! J'ai voulu faire quelque chose de fusionnel, la période du 19ème siècle à l'honneur dans mon livre m'intéresse beaucoup ; à l'époque, la photographie se méritait et c'était un art difficile à faire. Je suis très admirateur de ces premiers photographes qui allaient capturer des photos dans des endroits peu fréquentés et dans des conditions souvent difficiles. En parallèle, les écrivains et voyageurs qui ont écrit sur Istanbul à cette période et qui sont revenus unanimement emballés de leur voyage, j'ai voulu leur donner la parole à travers ce livre ; en clair, ce sont eux qui commentent les photos de ce livre, d'où le surtitre " L'?il et la plume " ; l'?il du photographe et la plume de l'écrivain : Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Pierre Loti entre autres? sont invités dans ce livre, notre modeste hommage à un pays qui nous a tant donné !

Propos recueillis par Meriem Draman (www.lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 27 janvier 2012

Jacques Périn et sa femme Chantal ont aussi crée un site en hommage à la Turquie, pays qu'ils aiment tant : Turquieaimée

Le rêve de Jacques Périn serait de faire traduire ce livre en turc, et de le publier en Turquie. Si vous connaissez des sponsors intéressés par ce projet, faites le nous savoir en écrivant un mail à la rédaction : istanbul@lepetitjournal.com

 

 

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Publié le 27 janvier 2012, mis à jour le 5 janvier 2018

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